Chapitre 29

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Az avance de quelques pas et referme la porte derrière lui. Aurais-je des raisons de le craindre? Techniquement, tout me l'indique. Visage fermé. Yeux très très sombres et étrécis. Poings fermés. Ça promet... Mais c'est vrai que je l'ai en quelques sortes trahi l'autre jour, en l'assommant.

–Az..., commencé-je.

Il s'approche en m'observant toujours aussi froidement. Il enfonce ses mains dans ses cheveux en murmurant quelque chose. Puis, il s'arrête à moins d'un mètre de moi et abat son poing sur le mur à quelques centimètres de ma tête en poussant un cri de rage. Un sursaut de peur me traverse et un faible son apeuré m'échappe. Je tente de croiser son regard, en vain, il refuse de me regarder droit dans les yeux. Je dépose ma main sur sa joue, dans une tentative désespérée de le calmer. Il fulmine de colère.

–Je... Je suis désolée.

Il attrape ma main et l'envoie valser en se reculant. Il se met dos à moi. Je ne peux retenir une larme, vite rejointe par bien d'autres.

–Comment t'as pu me trahir à ce point? En plus, t'es au courant que pour un ange déchu, c'est un endroit personnel?! Personne n'y touche. J'avais confiance en toi Aëmiliana.

–Tu voulais m'aider à combattre Méphisto même si tu devais en mourir. Ce n'était pas ta bataille Azaël. C'était la mienne. Je ne t'aurais jamais laissé mourir par ma faute.

Il se retourne, ses traits sont déformés par la colère mais je n'ai pas peur. Il ne me fera pas de mal, je le sais, je le sens. Il s'approche de moi et saisis mon épaule pour me plaquer contre le mur. Je ressens une vive douleur et je grimace. C'est pile l'endroit où Méphisto m'a asséné un coup de pied.

–Tu préférais me trahir et me laisser moi avec ta mort sur la conscience?! La tienne en plus?! La seule putain de nana qui a été foutue de m'intéresser depuis des centaines d'années?!

Je reste bouchée bée face à sa confidence. Lui aussi est choqué apparement car il me relâche et recule de quelques pas. Je m'avance donc vers lui.

–Est ce que... tu le penses vraiment?

Il passe une main sur son visage, fatigué. C'est à peine maintenant que je remarque les énormes cernes qui encadrent ses yeux. Était-il inquiet pour moi? Je m'apprête à lui répondre que je ressens la même chose, mais il se remet vite dos à moi et prend son visage dans ses mains.

–T'imagines pas la torture que ça a été de te voir dans ce lit d'hôpital tout en sachant que j'aurais pu être là pour empêcher ça! Je suis passé par toute les émotions! Je t'en voulais, je t'en voulais à crever et je me suis dit que tu subissais les conséquences de tes actes, puis je me serais battu contre moi-même pour avoir pensé ça parce que j'étais impressionné par ce que tu avais fait. Ton cran et ton audace font que t'es une personne courageuse. Je comprenais pas non plus pourquoi je me souciais autant de toi, je pensais que ça allait passer. Le soir où t'as été admise à l'hôpital, je me suis dit que je resterais juste la nuit au cas où tu te réveillerais et que sinon après tant pis, la vie devra continuer pour nous tous.

Il marque une pause et j'en profite pour venir dans son dos l'enlacer, l'incitant à continuer. Mes larmes ne se tarissent pas en entendant son discours. Il pointe de sa tête un coin de la pièce.

–Ce putain de fauteuil de merde a été mon lit pendant les 10 autres nuits qui ont suivi. J'ai pas su décoller mon cul de là. Je harcelais le doc dès qu'il entrait dans la chambre. La sécurité a même essayé de me faire sortir mais j'ai refusé, les menaçant de tout et n'importe quoi s'ils le faisaient. Anges ou pas, j'allais pas encore t'abandonner crois-moi.

Mon ange [terminée]Where stories live. Discover now