Chapitre 14

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Je me retrouve dans une autre pièce à l'ambiance omineuse. Celle-ci ressemble à une cellule. Les murs sont en pierre. Une minuscule fenêtre se trouve tout en haut. En face d'elle, des barreaux font office de porte, comme dans les prisons. Cette fois-ci, je suis assise sur un matelas censé être blanc de base, mais qui a viré au gris foncé / noir. Je me lève rapidement, dégoûtée. C'est à ce moment-là que je remarque qu'une chaîne entrave mes poignets. Super. Je m'avance vers les barreaux et regarde à travers. Quelques cellules similaires à la mienne se succèdent. Je semble être la seule qui occupe cet endroit. Il fait très noir. La nuit doit être tombée. N'étant pas nyctalope, je n'y vois presque rien. Mon ventre crie famine, ce n'est pas étonnant. Et je suis assoiffée... Une porte s'ouvre au loin et des bruits de pas se font entendre de plus en plus fort. Azaël se poste devant ma cellule, un plateau à la main contenant un sandwich et une bouteille d'eau en plastique. Je l'observe rapidement. Il porte une chemise noire dont les premiers boutons sont défaits. Elle surplombe un pantalon noir. Ça fait plus professionnel que son jeans. Il n'a pas de veste de costume. En même temps, il n'en a pas besoin, il est assez classe comme ça. Il fait glisser le plateau par une petite ouverture faites exprès à nos pieds. Après, il se relève et me toise de ses yeux sombres. Il a un charme hypnotisant. Je me demande si tous les anges déchus sont aussi canons que lui. Il s'apprête à s'en aller lorsque je le stoppe dans son élan :

–S'il te plaît, tu dois m'aider... Tout ce que je voulais, c'était vivre ma vie paisiblement.

Son regard change et se fait menaçant.

–Ouai ben par ta faute on est tous dans la merde maintenant, bravo.

Il tourne les talons et s'en va. Je n'avais pas entendu beaucoup le son de sa voix mais celle-ci est rauque et sexy. Il décompose chaque mot afin de souligner leur importance. Je le regarde s'en aller. Il s'arrête à mi-chemin et, sans se retourner, il murmure (tout de même assez fort pour que je puisse entendre):

–Mange, ça pourrait t'être utile pour la suite.

La suite ? Argh, oui, mon nouveau père le tueur. À quoi bon... Mais, malheureusement, ma faim a raison de moi et je saisis le sandwich. J'hésite. Je le mange ? Je ne le mange pas ? Et si c'était empoisonné ? Non. Le géniteur sadique veut me voir saigner et souffrir, ce serait trop simple sinon. Des somnifères alors ? Au moins je reprendrai des forces sans avoir à lutter pour trouver le sommeil. Tant pis. Je prends une grande bouchée et retient un cri strident lorsque mes dents ne parviennent pas à croquer dans la brique qui me sert de pain. Je repose celui-ci et l'ouvre en deux. Je n'y vois rien au premier abord. Je retire la salade et là je la vois. Une clé. Dans mon pain. En tant que garniture. Confuse, je la retire. Heureusement que je suis vaccinée contre le tétanos ! Elle est toute rouillée et fait la taille de mon pouce. Je vomirais bien si je n'étais pas si affamée.

Il y a une clé. Dans mon pain. La clé de quoi ? De ma liberté ? J'arrive encore à me faire rire, c'est magique. Comme si ça allait ouvrir une porte et que j'allais me retrouver à Narnia, très loin du pétrin dans lequel je suis. Emmy ! Un peu de sérieux. Je me lève et tente de déverrouiller la cellule avec. Hélas, la clé est trop petite. Une idée me traverse alors l'esprit. Mes chaînes ? Brillant ! Je rentre la clé dedans et bingo ! Le cadenas s'ouvre. Une sonnette d'alarme retentit dans ma tête. S'ils me voient sans chaîne, ils vont se douter de quelque chose. Il faut que je la joue plus intelligemment. Je tire la clé et referme le cadenas. Je la glisse ensuite dans la poche de mon short. Il faudra que j'arrive à faire diversion et que je me libère au bon moment. Bon, il faut quand même que je mange. Mais la seule pensée que cette clé infectée de germes et de rouille ait été dans mon sandwich me dégoûte. Je retire les éléments potentiellement infectés et je commence à manger.

Qui a bien pu mettre cette clé là ? Pas le psychopathe, ça c'est sûr. Je repense aux paroles d'Azaël. Il m'a dit que manger pourrait l'être utile pour la suite. Mhh, il voulait dire que je devais reprendre des forces. Non ? Je ne sais pas. Peu importe, je compte bien m'en servir ! Après avoir bu et manger, le sommeil prend possession de mon corps. Je regarde la cellule et grimace. Ils ne pouvaient pas me mettre dans une chambre ? Ça aurait été mieux, pour une condamnée à mort. Et puis, si la bâtisse est à mon géniteur, alors elle m'appartient quand même à moitié. À contre-coeur, je m'installe sur le matelas. Le repas devait définitivement contenir des somnifères car je m'endors comme une masse après quelques minutes.

Mon ange [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant