Chapitre 6

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Lorsqu'il m'a dit qu'il partageait la maison avec de la famille, je m'attendais à tout sauf à ça. Une chose est sûre : ce doit être une famille de mannequin. Une deuxième chose est sûre : Sam est définitivement un mélange des deux. Il possède les cheveux sombres et le côté mystérieux du premier, les yeux clairs et la beauté pure du second.

–Je peux te parler ? s'exclame le frère vêtu de noir, En privé, rajoute-t-il en me toisant méchamment.

Oulala, j'en connais un qui s'est levé du pied gauche aujourd'hui. Après tout, je n'ai pas demandé à venir moi. Ils s'en vont en direction du salon et mon regard tombe alors sur le garçon aux cheveux blond polaire. Je détourne les yeux, embarrassée. Moi et les small talks, ça fait deux. Je regarde autour de moi, pas à mon aise du tout, pendant que lui m'observe sous toutes les coutures, ce qui accroît mon malaise. Je regarde le frigo américain. La crédence en marbre. En bref, tout ce qui est observable et qui peut détourner mon attention de son regard posé sur moi.

–L'endroit est magique, n'est-ce pas ?

Sa voix douce et agréable me surprend. Mes yeux s'ancrent aux siens, qui me regardaient bien sûr déjà.

–Oui. J'ai rarement eu l'occasion d'observer un tel paysage. Quant à la maison... Oh, je donnerais tout pour un jour habiter dans une similaire à celle-ci.

Il hoche la tête.

–Je pense qu'ils en ont pour un petit moment à se disputer ces deux-là donc, tu peux t'asseoir.

J'hésite quelques secondes avant de me résigner et de prendre place sur le tabouret en face de lui.

–Veux-tu boire quelque chose ?

J'accepte poliment sa proposition. Il va chercher une petite bouteille d'eau dans le frigo. Je le remercie en la saisissant et bois une gorgée. Ça fait un bien fou de s'hydrater, j'avais presque oublié.

–Souhaites-tu également quelque chose à grignoter ?

Son élocution m'étonne. Peu de gens de nos jours font l'effort de bien parler. Du coup, c'est assez plaisant.

–Non, merci.

Des cris forts nous proviennent du salon, suivis d'un claquement de porte. Quelques minutes plus tard, Sam apparaît dans la pièce. Son visage est fermé, ses lèvres sont pincées, sa mâchoire est crispée. Ça ne s'est visiblement pas bien passé avec son frère. Monsieur Blancheur Impeccable se lève de table et va à sa rencontre. Il s'arrête lorsqu'ils sont face à face et ils échangent un regard. Il esquisse un sourire et lui fait un signe de tête, tout en posant la main sur son épaule, qu'il serre. Sam se détend instantanément. Il quitte ensuite la pièce. J'observe Sam ouvrir le frigo, attraper une des nombreuses petites bouteilles d'eau couchée sur le premier étage, l'ouvrir et la boire tout en l'écrasant progressivement. Il referme ensuite le frigo, la jette à la poubelle, et prend place face à moi. Je ne sais que penser de son comportement actuel. Il passe les mains dans sa belle tignasse avant de reprendre son assurance d'antan. J'aimerais lui poser une centaine de questions mais je ne sais même pas par où commencer. Qui était cet homme ? Pourquoi m'en a-t-il sauvé ? Pourquoi s'est-il brusquement disputé avec son frère ? Pourquoi m'a-t-il amené ici ?

–Je sais que tu dois avoir un tas de question à me poser.

–En effet, lui réponds-je surprise.

Il réfléchit. Il semble hésitant. Il entoure sa tête de ses bras et pose le front contre la table. Quelques minutes s'écoulent avant qu'il ne la relève et me fasse à nouveau face.

–Le moment venu, j'y répondrai.

Légèrement déçue mais sachant pertinemment qu'il ne sert à rien d'insister avec lui, je change de sujet.

–Comment s'appellent tes frères ?

Il émet un petit rire. Je me demande ce qui est drôle.

–Celui qui était fringué en noir, c'est Azaël. Quant au plus sage, c'est Rémiel.

Je comprends un peu mieux pourquoi il rigolait, ce ne sont pas des prénoms qu'on voit tous les jours.

–Mhh, original. Et toi ? Est-ce que Sam est un diminutif ?

–Oui, me répond-il avec un sourire en coin.

Je fronce les sourcils, attendant qu'il me donne son prénom. Voyant qu'il reste silencieux, je poursuis.

–Quel est ton prénom, alors ?

–Samaël.

Ses yeux fixent les miens, d'une telle intensité que mon pouls se met à battre plus vite.

–Samaël, murmuré-je.

Une nuée de frissons secoue mon corps. Je trouve que son prénom lui va à merveille. Il se lève de son tabouret et je fais de même, comme hypnotisée par son regard. Il s'avance vers moi d'une démarche féline, tel un lion ayant repéré sa proie. Nos yeux ne se quittent pas. Je suis incapable de regarder autre chose que son regard bleu océan, qui m'attire dans ses profondeurs.
Arrivé près de moi, je peux sentir son parfum qui me semble si naturel mais qui m'enivre pourtant. Il amène une main à ma nuque, qu'il serre abruptement mais délicatement. Son contact me provoque une envie de l'embrasser si intense que j'en reste bouche bée. Je ne peux m'empêcher de mordre ma lèvre inférieure, toujours fascinée par ses yeux.

Soudain, ses lèvres s'écrasent sur les miennes. Il prend possession de ma bouche comme jamais personne ne l'avait fait. Mes mains rejoignent instinctivement ses cheveux et une sensation grisante m'envahit. C'est presque comme si j'avais enfin eu tout ce que j'avais désiré, juste là, en ce baiser. Il m'embrasse, prend possession de moi, me marque, me fait sienne. C'est à ce moment là que je sus qu'il n'y aurait aucun retour en arrière de possible. Il me soulève afin de me plaquer contre le mur le plus proche. Je ne le connais pas et cela me semble pourtant si naturel. La pièce manquante au puzzle de ma vie. Je ne comprends pas pourquoi je suis si attirée par cet homme que je viens à peine de rencontrer. Je me concentre sur ses mains douces sur ma peau, sa bouche sur la mienne, ses dents qui mordillent mon cou, sa langue qui passe sur mes lèvres. Je me délecte de son contact. Et puis, comme si de rien n'était, il se détache de moi, l'air un brin choqué. Quelques longues secondes d'incompréhension plus tard, à se dévisager mutuellement, son visage redevient impassible.

–Je dois y aller. Je reviens tout à l'heure. Va visiter l'endroit en attendant si tu veux.

C'est sur ces mots qu'il quitte la pièce, me laissant pantelante et confuse.

Je me tourne et le regarde quitter la pièce, sans dire un mot. Une fois hors de ma vue, je m'effondre sur le tabouret et repense à la scène qui vient de se dérouler. Waouh...

Mon ange [terminée]Where stories live. Discover now