Chapitre 15

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J'ose un regard aux alentours. Nous sommes littéralement dans les nuages. C'est magnifique. Je l'observe à la dérobée. Il est concentré. Son visage toujours hypnotique m'intrigue. Sa peau exsangue contraste tellement par rapport à ses cheveux et ses yeux. Quand à ceux-ci, jamais je n'avais vu des iris pareils. Ils se confondent presque avec ses pupilles. Cela donne envie de les fixer, jusqu'à remarquer la fine ligne noire à peine plus foncée qui délimite la frontière entre les deux. Il baisse les yeux sur moi et je détourne rapidement le regard. Le rouge me monte aux joues d'avoir été prise en flagrant délit.

–Était-ce toi, qui as caché la clé dans mon pain ?

Je rigole discrètement. Si un jour on m'avait dit que je sortirais cette phrase, je ne l'aurais jamais cru !

–Non, c'était Lucifer.

Je fronce les sourcils. Ils n'ont pas d'autres frères à ce que je sache. Voyant mon air confus, il poursuit :

–C'était une blague. Laisse tomber.

–Oh... Euh... Pardon. Par contre je t'avoue qu'elle n'avait pas très bon goût. Le pain non plus d'ailleurs, grâce à ça.

Arrête de radoter Emmy !

–Mais... merci, conclus-je.

–Je le devais à mes frères. Pas à toi.

Au moins ça, c'est dit. Nous ralentissons et je sens que nous perdons progressivement de l'altitude. Je ferme donc les yeux, apeurée de voir le vide, jusqu'à ce que nos pieds foulent à nouveau le sol. Il me repose délicatement et s'éloigne, son téléphone collé à l'oreille. C'est  lorsqu'il s'en va que je m'aperçois que je ne respirais pas correctement, mais de façon saccadée. Je prends donc de longues inspirations en regardant autour de moi.

Bon, au moins, quand il parlait de chez lui, ce n'était pas en enfer, c'est déjà ça. Nous sommes, encore une fois, dans les bois. Je frissonne, étant trempée. De plus, le temps s'est rafraîchi et ça n'aide pas vraiment. Pas un seul rayon de soleil ne transperce la couche épaisse de nuages qui s'étend au-dessus de nos têtes. Je cherche la maison des yeux. Je me tourne et l'aperçois au loin. Elle me donne automatiquement la chair de poule. Ce n'est pas une maison mais plutôt un manoir du dix-neuvième siècle. C'est une grande bâtisse aux murs blanc cassé / beiges de trois étages. Elle se termine à droite, par une tour ronde et à gauche, par un tour rectangulaire. La porte d'entrée est brun foncé. Quant aux fenêtres, elles sont blanches ornées de volets de la même couleur. Jamais de ma vie je n'avais vu une bâtisse si somptueuse. Cela surpasse largement la maison de Samaël, désolée... Comment cela se fait-il qu'ils aient tous des maisons si jolies ? Ça a dû leur coûter une fortune ! En revanche, je suis assez sensible aux esprits donc j'espère que je ne vais pas dormir là-dedans...

Je m'entoure de mes bras, frigorifiée et constate que ma peau est encore plus pâle que celle des frères. Je dois friser l'hypothermie. Ça ne m'étonnerait même pas que mes lèvres soient bleues. Azaël revient vers moi et me toise de la tête en bas. Il doit être atteint d'alexithymie pour être d'une impassibilité pareille.

–Tu as froid, me dit-il.

–Bravo Sherlock, ironisé-je.

-Viens à l'intérieur, je vais faire un feu.

On s'approche et comme il s'arrête devant la bâtisse, je fais pareil.

–Reste-la.

Je suis son conseil et le regarde me devancer. Il s'approche de la porte et enfonce la poignée. Rien ne se passe. Il recule alors un peu et enfonce la porte d'un coup de pied. J'ai un mouvement de recul et le regarde, dépitée.

Mon ange [terminée]Where stories live. Discover now