The game || My Hero Academia

9. Maladie

Les derniers mots de Shoto résonnaient toujours dans la tête de Yoake lorsqu'elle se leva, le lendemain matin. Et elle savait bien qu'elle ne les oublierait pas de sitôt.

Quand elle mit les pieds dans la salle de classe, la première chose qui attira son regard fut le visage de Shoto. Impassible, comme à son habitude, et pourtant quelque chose avait changé. Yoake n'aurait su dire quoi, mais elle le sentait. Elle partit s'asseoir à sa place sans saluer le reste de ses amis.

Non loin devant, Denki essayait vainement de parler à Eijiro. Mais ce dernier avait croisé les bras, encore une fois, et regardait ailleurs sans même faire semblant de s'intéresser à Denki. Le jeune lycéen aux cheveux jaunes soupira avant de s'asseoir à sa place respective.

"Yoake," murmura une voix à côté de son oreille.

Yoake tourna la tête pour regarder Izuku. "Quoi ?"

Izuku montra discrètement Eijiro puis Shoto du doigt. "Il va falloir faire quelque chose," dit-il tout doucement. "C'est pas bon du tout. Eijiro refuse de parler à qui que ce soit et Shoto fait comme si on existait pas ! Quant à Katchan, il m'ignore tout le temps mais j'ai l'impression que son comportement a changé." Il marqua une pause avant d'ajouter d'un ton presque inaudible, "S'il te plaît, il faut que tu y fasses quelque chose."

Yoake posa son menton sur sa table avant de murmurer, "Oui, je vais y faire quelque chose. Dès ce soir."

"Tu voulais me parler."

Yoake tourna la tête en entendant la voix de Katsuki. Elle se mit face à lui et prit une grande inspiration.

"J'ai décidé qu'il fallait arrêter ce jeu," dit-elle en fermant les yeux et en serrant les poings, luttant de tout son être pour ne pas revenir sur ses paroles. "Pour deux raisons."

Une lueur étrange étincela dans les pupilles de Katsuki. "En fait, moi aussi je voulais arrêter ce jeu parce que je-"

"Avant que tu dises quoi que ce soit," le coupa Yoake en inspirant profondément. "Laisse-moi te faire part de mes raisons." Devant le silence de Katsuki, elle continua. "Premièrement, c'est en train de nous détruire. Nous tous. Tu as bien vu le comportement d'Eijiro et celui de Shoto. Le seul moyen de changer ça est de cesser ce jeu stupide. Deuxièmement..." Le coeur douloureux à cause de la peine que lui causaient les mots qu'elle s'apprêtait à prononcer, elle serra davantage les poings et lâcha le plus rapidement possible, "Hier Shoto est venu chez moi et je l'ai embrassé. Je sais pas pourquoi, parce que je ne suis pas amoureuse de lui. Mais je l'ai fait et je pouvais pas te le cacher plus longtemps s'il te plaît ne m'en veux pas."

Elle ouvrit un oeil pour voir la réaction de Katsuki. L'expression dubitative qui se lisait sur le visage de ce dernier fut bientôt remplacée par de la fureur.

"Tu me dégoutes," cracha-t-il.

A peine eut-il prononcé ces mots que Yoake sentit une douleur inexplicable lui percer le coeur. Ce n'était pas la voix de Katsuki qu'elle venait d'entendre dans ces paroles, mais celle de Shoto. En se remémorant la scène de la veille, les mots prononcés par Shoto, elle ne tomba pas face au visage de Shoto mais face à celui de Katsuki. Incapable de supporter la confusion qui s'en prenait à elle, Yoake tomba à genoux en se tenant désespérément la poitrine. Des larmes coulèrent le long de ses joues. La seule chose qu'elle voyait désormais étaient les pieds de Katsuki... qui s'éloignaient tandis que le blond la laissait là, seule, sans un regard derrière lui.

Incapable de quitter son lit le matin suivant, Yoake s'était vue rester chez elle sous la bienveillance de sa mère. Shinobu avait voulu appeler le médecin, mais face à l'état asymptomatique et aux supplications de sa fille elle avait laissé tomber. Elle avait refermé la porte de la chambre de Yoake en disant qu'un peu de repos et une alimentation légère et saine lui feraient le plus grand bien.

Yoake se trouvait donc dans son lit, le regard rivé sur le plafond, dans l'incapacité de faire autre chose que de penser. Son corps refusait de bouger, de lui obéir.

Vers midi, elle reçut un message de Denki qui voulait prendre des nouvelles. Peu de temps après Izuku faisait de même. Elle put même sentir son coeur se réchauffer en voyant qu'Eijiro lui avait envoyé un message. Alors capable de se lever, elle avait répondu à tous en disant qu'elle allait très bien. Un sourire était apparu sur son visage en voyant qu'ils s'inquiétaient pour elle, mais son sourire s'était peu à peu effacé en constatant que ce n'était pas leur message qu'elle attendait avec impatience. Elle retomba définitivement dans sa brume lourde de chagrin lorsqu'elle réalisa que les messages qu'elle attendait ne viendraient pas.

Le soir arrivé, quelqu'un sonna à la porte de chez elle. Comme sa mère était partie faire les courses, Yoake prit son courage à deux mains et s'extirpa de son lit.

Elle fut surprise de tomber nez-à-nez avec Denki, Izuku et Eijiro. Son coeur fit un bond lorsqu'elle vit que Shoto était avec eux.

Eijiro, Denki et Izuku l'embrassèrent chaleureusement en demandant toutes sortes de nouvelles. Eijiro et Denki ne semblaient pas avoir retrouvé leur complicité d'avant, mais ils se parlaient à nouveau et Eijiro n'avait plus l'air aussi vexé.

Une fois séparés d'elle, ils la saluèrent. Puis ils rentrèrent chez eux, laissant Shoto derrière.

Shoto prit Yoake dans ses bras et murmura, "Je suppose que tu ne me diras pas pourquoi tu n'étais pas là."

N'ayant pas assez de courage pour répondre, Yoake se contenta de le serrer dans ses bras.

Au bout de quelques instants,, Shoto se sépara d'elle. Il avait repris son habituelle expression impassible.

"Je ne te pardonnerais pas ce que tu as fait avant-hier," murmura-t-il en croisant son regard. "Tu es assez intelligente pour comprendre pourquoi. Mais ce n'est pas pour ça que je vais arrêter de te parler, ou même de t'aimer. Quand on est ami avec quelqu'un, on ne l'abandonne pas à la moindre erreur qu'elle commet." Il commença à s'en aller. "Essaye de ne pas faire deux fois la même erreur. L'erreur a beau être humaine, reproduire la même erreur une deuxième fois c'est être humain. Tache de ne pas être trop humaine."