48. Piège

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Les mains dans les poches, Katsuki longea le trottoir qui menait jusque chez lui. Il n'avait plus trop mal à la cheville mais, même s'il avait souffert le martyr, il n'aurait rien laissé paraître. 

Il s'arrêta en voyant un groupe de garçons, sûrement aussi âgés que lui, postés non loin de son domicile. Ils buvaient des bières, fumaient des cigarettes et sûrement d'autres choses. Ils étaient entourés de détritus. 

"Vous foutez quoi ?" demanda Katsuki en s'approchant, pas le moins du monde intimidé par le nombre de lycéens. 

L'un d'eux tourna la tête vers lui et s'exclama, "T'as un problème, minus ?"

Le sang de Katsuki ne fit qu'un tour. Il attrapa le col du garçon et, furieux, il colla son visage contre le sien. "Répète un peu pour voir ?"

L'un des jeunes hommes derrière se leva à son tour, comme s'il était prêt à défendre le garçon que tenait Katsuki. Mais le lycéen qui avait provoqué le blond souriait avec arrogance. Sans prévenir, il décocha un coup de pied dans le genou de Katsuki. Ce dernier le laissa partir à cause de la surprise et de la douleur, mais il ne plia pas.

"Tu viens de Yuei, toi, pas vrai ?" demanda-t-il. Son visage était d'une arrogance détestable. "Bonne nouvelle ! On viens du lycée voisin, celui qui accueille les ratés qu'ont pas pu aller à Yuei." Il enfonça son visage juste devant celui de Katsuki, à moins d'un centimètre. "On aimerait bien régler leur compte au petits enfants gâtés qui y ont eu accès."

"Aucun problème," grogna Katsuki sans reculer. "Quand tu veux."

"Quatre contre quatre," dit l'autre, toujours en souriant. "Samedi après-midi, au parc. Viens avec tes potes les héros les plus forts, ce serait dommage de vous faire éclater par des ratés."

Katsuki osa sourire légèrement, laissant paraître sa fureur et son arrogance. "Ce serait dommage, en effet."


"C'est-à-dire ?"

Katsuki brancha ses écouteurs sur son téléphone avant de les mettre dans ses oreilles, assis sur son lit. Sur son écran, Denki, Sero et Eijiro le regardaient sans comprendre.

"C'est-à-dire que je vous demande de venir avec moi au parc samedi," grommela Katsuki. "Pour vous battre contre ces cons."

"Je suis pour !" s'exclama immédiatement Eijiro. "Enfin quelque chose qui convient parfaitement aux vrais hommes."

"J'ai pas envie, moi," marmonna Denki.

"Poule mouillée !" le taquina Eijiro. 

Piqué, Denki leva les yeux au ciel. "Je rigolais, bien sûr."

"Bon bah," souffla Sero, "si vous y allez tous je viens. Mais pourquoi m'avoir demandé à moi ? Je veux dire, il restait bien Midoriya ou Todoroki."

"Je veux pas de double face avec moi pour ce genre de chose," râla Katsuki, "et encore moins de Deku ! Ils ne serviraient à rien."

"Si tu le dis," répliqua Sero, visiblement peu convaincu. "A demain."

"A demain."


Katsuki arrêta la mobylette et laissa à Eijiro, Sero et Denki le temps de le rejoindre. Mina descendit de sa place derrière lui. Quant à Eijiro, il arrêta sa propre mobylette juste à côté de celle de Katsuki. Denki arrêta la sienne à quelques mètres, laissant descendre Sero.

"Tu me laisseras conduire au retour ?" demanda ce dernier en ôtant son casque. 

Denki fit la mou. "Je sais pas... Peut-être..."

"Moi aussi j'ai payé ton voisin pour qu'il nous prête sa mobylette," protesta Sero. "J'ai le droit de la conduire aussi."

"Si tu veux, je te laisserais essayer la mienne," proposa Eijiro. "A tous les deux, même."

"OK," répondirent-ils simplement.

"Hey, Bakugo," dit Mina. Elle accrocha son casque à l'une des poignées de la mobylette du blond. "Tu me laisseras essayer la tienne ?"

"Nan," lâcha Katsuki. "Demandes à Kiri."

"Mina," dit Eijiro d'un ton assez inquiet, "si on t'a laissé venir c'est pas pour que tu te battes. C'est un quatre contre quatre. Tu regardes et tu interviens si besoin, sans violence. Si jamais tu vois qu'on va trop loin, que ce soit eux ou nous, appelle quelqu'un ou essaie de nous arrêter. Compris ?"

"Et n'essaye pas de te tirer avec une mobylette," grogna Katsuki.

"Comme si j'avais cette idée en tête !" s'exclama Mina, vexée. Elle passa sa main dans ses cheveux roses en prenant une expression outrée. "Je vais pas m'en aller en vous volant un véhicule, ça se fait pas."

Sans répondre, Katsuki posa son casque. Il attendit que tous aient fait de même avant de s'engager dans l'allée qui menait à la pelouse centrale du parc. Les cailloux crissaient sous ses pieds et Mina avait l'air surexcitée. 

Pas de quoi s'emballer, pensa-t-il. On connaît déjà le résultat.

Ils trouvèrent, assis sur la pelouse, un groupe de quatre garçons. Lorsqu'ils s'approchèrent, les quatre lycéens tournèrent la tête vers eux. Katsuki reconnut instantanément les garçons à qui il avait parlé il y a quelques jours de cela, ceux avec qui il avait fixé leur rencontre. Il sentit une flamme d'une infime arrogance s'allumer en lui en voyant leurs expressions. Ils avaient l'air inquiets. 

Leur 'chef' laissa néanmoins apparaître un sourire arrogant sur son visage. "T'as ramené tes copains, à ce que je vois." Son regard se posa sur Mina. "Laisse la fille en-dehors de ça."

Katsuki croisa les bras. "Mina," lâcha-t-il sans même lui lancer un regard, "retourne aux mobylettes."

La jeune femme eut l'air prête à protester, mais elle tourna sur ses talons et disparut derrière l'épais rideau de végétation. 

Une fois qu'elle fut complètement sorti de leur champ de vision, le jeune homme qui avait l'air de diriger ses camarades se hissa sur ses pieds et contempla Katsuki comme s'il s'agissait de l'un de ses fidèles sujets. "On va vous faire comprendre, à toi et tes copains, que vous êtes loins d'être aussi supérieurs que vous le pensez."

Avant que quiconque ait le temps de répondre, il applaudit en riant. "Franchement, je vous envie votre confiance," articula-t-il en continuant de rire. "Moi-même, je sais quelle est l'issue de cette confrontation. Mais toi, là, le petit blond, tu croyais vraiment qu'on allait foncer tête baissée dans une bagarre perdue d'avance ?"

Katsuki se prépara à lancer une réponse cinglante, furieux contre le terme qu'avait employé le lycéen pour le désigner, mais il se figea net en voyant des garçons émerger des buissons. Ni lui, ni ses amis n'eurent le temps de réagir ; toujours plus de lycéens sortirent de leur cachette tandis que les apprentis héros se retrouvaient encerclés. 

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