The game || My Hero Academia

56. Lundi

En rentrant chez elle ce soir-là, Yoake ne trouva pas son père. En revanche, elle trouva un mot sur le réfrigérateur. 

"Je suis sorti. On se voit demain. Gros bisous, je t'aime."

Pendant un instant, un court instant, Yoake s'imagina à l'âge adulte, rentrant de chez elle après une dure journée de travail et après être allée chercher Aemi à l'école, trouvant le mot sur le réfrigérateur. Mais il n'avait pas été écrit par Hashibira : c'était son mari qui l'avait écrit. La déception qu'elle ressentit alors la fit se demander ce qu'elle voulait vraiment. Voulait-elle vraiment donner une chance à Kase pour qu'ils puissent ne serait-ce qu'espérer avoir un jour cette vie-là ? Voulait-elle continuer de vivre dans l'espoir que la relation entre elle et Katsuki s'améliorerait ? Voulait-elle tout abandonner et essayer de trouver l'âme soeur ailleurs ?

"Je ne sais pas," murmura-t-elle. "Je ne sais pas ce que je veux."

Elle se reprit brusquement. Elle avait encore le temps pour penser à ça. 

Une semaine...

Elle imaginait la voix d'Izumi dans sa tête.

"Il n'y a que deux pourcents de la population qui reste ensemble de l'enfance à l'âge adulte," aurait-elle dit en levant le doigt d'un air savant. "Donc tu as trois choix : soit tu tentes le coup en te disant que vous pourrez peut-être avoir un beau petit avenir, soit tu sors avec lui juste pour le plaisir de sortir avec quelqu'un qui te plaît, soit tu laisses tout tomber."

La main figée sur la poignée du réfrigérateur, Yoake prit un long moment à réfléchir. Un très, très, très, très, très long moment. Elle pensa au passé, au présent, à l'avenir. Elle pensa à ce qui serait bon pour Aemi et pour elle-même. Elle se demanda si Aemi serait heureuse avec un autre homme que son père, si elle-même serait heureuse si elle parvenait à renouer avec Katsuki.

J'aimerais bien en parler avec lui, tiens... Que dira-t-il ? Sera-t-il jaloux ? 

Yoake ne put s'empêcher de se sentir satisfaite à cette pensée. Katsuki, jaloux parce qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre. Puis elle se sentit aussitôt coupable d'avoir cette pensée. Avait-elle seulement songé à ce que ressentirait Kase si elle se servait de lui pour rendre quelqu'un jaloux ? Il ne serait pas du tout heureux de l'apprendre. 

"C'est si difficile..."

Le soleil se levait pour la deuxième fois depuis que Yoake avait accepté la demande de Kase. C'était un lundi. Les oiseaux chantaient joyeusement, ignorant tout de la dure journée qui attendait les lycéens. 

Yoake roula sur le dos en étirant longuement ses bras engourdis par la fatigue. Son esprit venait à peine de s'éclaircir qu'elle pensa déjà à la journée qui l'attendait et, plus particulièrement, à Kase. Puis elle se demanda si c'était un signe, qu'elle pense à lui alors qu'elle venait seulement de s'éveiller. S'était-il produit la même chose lorsqu'elle avait aimé Katsuki ? 

"J'me pose trop de questions," grogna-t-elle en s'étirant de nouveau. 

Luttant contre la fatigue, elle se traîna hors de son lit et s'habilla de l'uniforme qui était posé sur sa chaise. Une fois qu'elle eut ajusté sa jupe et refermé sa veste, elle s'enferma dans la salle de bains qui avoisinait sa chambre et coiffa ses cheveux en quelques coups de brosses. C'était l'avantage d'avoir les cheveux courts : elle prenait cinq minutes pour les coiffer chaque matin. Malgré tous les avantages qu'elle voyait à cette coupe, plus trop nouvelle, elle pensa avec amertume à la longue chevelure blanche et noire qu'elle avait entretenue pendant des années. Qu'est-ce qui lui avait pris, de tout couper aussi court ?