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Mes jumeaux sont bavards. Tout le monde le dit, autant moi, maman, que leur maîtresse, ou que n'importe quelle personne qui passe plus de cinq minutes avec eux. Des pipelettes, des moulins à parole, des pies.

C'est pourquoi, dès qu'ils ont franchi la porte de l'appartement de leur père, ils ne lui disent pas bonjour mais :

-On a rencontré Marco Verratti !

-Maman elle lui a mis la confiture !

Leur père les prend dans ses bras, content de les retrouver. Les jumeaux se détachent rapidement des bras de leur père et partent en courant vers leur chambre.

-Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Je lève les yeux au ciel.

-C'est rien. J’ai accidentellement renversé un pot de confiture de framboises sur Marco Verratti en plein milieu d'un supermarché.

-Céleste, tu peux pas dire "c'est rien", et ensuite dire un truc comme ça ! Comment c'est arrivé ? Comment il a réagi ? Tu croises souvent Marco Verratti en faisant les courses ? Où est-ce que tu fais tes courses ?

-Samuel a ouvert le pot et en lui prenant des mains… j'ai pas forcément contrôlé la trajectoire, je réponds en plissant le nez. Mais il ne voulait pas de dédommagement. Sûrement grâce à toi, car les jumeaux l'ont reconnu immédiatement et je crois que ça lui a fait vraiment plaisir.

-Tu vois. C'est utile de leur faire découvrir le football.

Je lève les yeux au ciel.

-Ouais. Il m'a félicité pour ça, les félicitations te reviennent donc.

Loïc met sa main sur son cœur.

-Marco Verratti m'a indirectement félicité. Je suis touché. Je peux venir avec toi la prochaine fois que tu vas faire les courses ?

Je lève de nouveau les yeux au ciel pour prendre un air agacé. En vérité, j'aimerai beaucoup qu'il m'accompagne, parce que cet accident n'a fait que me confirmer que je ne sais pas gérer mes enfants dans les supermarchés.

-On verra.

-Merci, Cé. Je te revaudrai ça.

-T'emballe pas, j'ai pas dit oui. Puis Marco Verratti n'y sera sûrement pas. Je te tiendrai au courant. J'ai posé les sacs des petits sur ta table, les doudous sont dedans.

-Merci, Céleste. Passe une bonne semaine. Je t'envoie des photos, comme d'habitude.

Je souris.

-Merci. Bonne semaine.

Loïc appelle les jumeaux, qui viennent me dire au revoir. Bien que je sois une mauvaise mère, ça me fait toujours un pincement au cœur de les laisser chez leur père pour une semaine. Je lui fais entièrement confiance, je sais qu'il s'en sort bien mieux que moi. Mais sans eux, c'est trop calme. Et sans amour.

Je ne pleure jamais devant eux ; j'attends toujours d'être dans la voiture. Et comme avant chaque semaine seule, je sors mon téléphone pour commander des sushis.

framboises » VERRATTI ✓Where stories live. Discover now