27.

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Assise dehors, seule à regarder le coucher du soleil, je soupire. J'ai envie de pleurer. 

Je m'attendais à ce que cet entretient soit difficile, mais pas autant. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me regarde comme si il avait envie de voir mes os se briser, je ne m'attendais pas à ce qu'il me hurle dessus, à ce qu'il aie déjà élaboré un plan. Et plus que tout, je ne m'attendais pas à ce qu'il me trahisse. Je pensais avoir retenu la leçon, je croyais que j'avais compris qu'il n'hésiterait jamais à mettre ses interêts avant les miens... Mais non. Je reste longtemps assise là, alors même que le petit banc en béton me fait mal aux fesses, alors même que la chaleur s'amenuise et qu'un petit vent se lève, alors même que je meurs d'envie de dormir, de rentrer à mon hôtel ou même de replonger dans cet espèce de coma confortable. Il finit par faire noir et les seules lumières qui m'éclairent encore sont celles de la piscine devant moi, et celles des lampadaires dans l'allée principale. Et soudain, j'entend des pas à côté de moi, et la silhouette de Victoria se dessine dans la nuit. 

- Putain, je te cherche partout depuis au moins trente minutes ! 

Difficilement, je lui adresse un petit sourire désolé. 

- Ca va ? demande t-elle. 

Je hausse les épaules. Honnêtement, je ne sais plus trop où j'en suis ni si je vais bien ; j'essaye de survivre à chaque jour qui passe, peu importe les conséquences. Il faut que j'avance, voilà tout. Elle enlève sa robe d'un mouvement de bras et je la regarde, interdite. 

- Tu fais quoi ? je questionne. 

- Je prend un bain de minuit, répond t-elle distraitement. 

Elle se dirige vers les marches, puis se jette dans l'eau. Je la fixe, un léger sourire au lèvres, et décide de me lever pour venir m'asseoir au bord de la piscine. Je relève mon pantalon, lui fait des ourlets et laisse mes chevilles toujours meurtries pendre dans l'eau claire de la piscine. Elle fait quelques longueurs sous la lune puis revient à côté de moi, et pose ses bras sur le rebord en marbre. 

- C'était impressionnant, ce que tu as fait tout à l'heure. 

- De quoi ? Hurler sur Thaddeus ? 

Un sourire se dessine lentement sur ses lèvres et elle baisse les yeux. 

- Il n'y qu'une personne qui a assez de cran pour lui tenir tête, c'est Marshall. 

Je fixe l'eau sous mes pieds. Oui, peut-être que j'ai réussi à lui tenir tête mais la question est : pour combien de temps ? Et à quel prix vais-je le payer ? Car c'est sur qu'après avoir failli me tuer réellement, il n'aura plus de limites. Il n'en a jamais eu, je crois, en réalité. Alors certes, c'était un acte de bravoure... Mais je vais le regretter amèrement, et surtout par le fait d'avoir balayé un pion personnel sur son échiquier. Voyant que je ne répond rien, elle repart faire des longueurs et me laisse seule avec mes pensées pendant quelques minutes, puis du milieu de la piscine elle me lance : 

- Je t'admire tu sais ? 

- Pourquoi ? 

Elle nage jusqu'a moi. 

- Tu est venue de ton plein gré. Bon, c'était peut-être pas la meilleure des solutions... 

- C'est clair, je grince. 

- Mais c'était volontaire. 

Je penche la tête et observe dans ses yeux, malgré la pénombre, une once de nostalgie. Ca n'a pas dû être facile du tout d'être obligé par son père d'intégrer la mafia, de ne plus lui parler ensuite, de trouver sa place... Je n'arrive pas à imaginer ce qu'elle a pu ressentir durant ces mois d'adaptation. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant