30.

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- Bonjour, je dis quand j'aperçois Lorenzo et Alberta dans la cuisine. 

La nuit a été agitée. D'abbord parce que c'était la première fois que je re-dormais ici, ensuite parce que je n'avais pas mes affaires, et enfin à cause de toutes cette conversation avec Di Casiraghi hier soir. J'ai très mal dormi et très peu également, et je n'ai bien sûr pas ma trousse de maquillage pour me refaire une beauté et effacer les traces de mon trouble. 

- T'a une sale tête, remarque Lorenzo. 

- Toi aussi, mais c'est habituel, je réplique. 

Il me fusille du regard et quitte sans s'attarder la cuisine, où je m'installe. Perchée sur un tabouret haut au comptoir, je suis soulagée ; je sais que si il m'avait poussé à bout, j'aurais perdu mon sang-froid. En mangeant mes pancakes, je discute avec Alberta de l'actualité, et surtout, de quand est-ce que je vais repartir. 

- Ca va dépendre de la réunion de ce matin, je dis. 

- Mais ton hôtel ? demande t-elle. 

Mes doigts se resserrent sur ma fourchette. Oui, c'est bien ça le problème. Pensant que tout irait bien, j'avais réservé pour exactement deux semaines et deux jours la bouche en coeur. Or, on arrive presque à échéance et nous sommes loin d'avoir fini le plan qui a changé entre-temps. Cela veut dire que pour les derniers jours et à partir de demain, je vais devoir m'installer au domaine, et pour être tout à fait honnête ça ne m'enchante guère... Je confie à Alberta qu'en effet, je vais bientôt revenir vivre ici pour quelques jours ; elle est ravie, et j'esquisse un petit sourire devant sa joie. Après l'avoir aidé à faire la vaisselle, je vais me passer un coup d'eau sur la figure dans ma chambre pour me retrouver un peu de contenance car je sais que cette réunion s'apprête à être difficile. Quand il est sept-heure cinquante-neuf, j'attrape mon ordinateur et m'empresse de monter à l'étage, nerveuse. 

- Entrez, tonne une voix derrière la porte quand je frappe. 

J'entre. Victoria est assise à une petite table laquée, d'époque elle aussi, dans le bureau de Thaddeus. Lui-même est assis derrière mon ordinateur, au téléphone, et silencieusement je m'installe à l'autre bout de la table sous les conseils discrets de Victoria. Elle me sourit, j'ouvre paisiblement mon ordinateur et le branche à la batterie pour être sûre qu'il ne me lâche pas - quand on code, cela arrive souvent car cela demande beaucoup d'efforts à l'ordinateur. Après quelques secondes, Di Casiraghi raccroche et je le salue, pas plus détendue.

- Puisque nous sommes tous là, commençons. 

- C'est simple, commence Victoria. On doit boucler chacun notre partie du plan avant midi. 

- C'est-à-dire ? 

Elle baisse les yeux et se tourne vers le patron. Il est dans un costume noir, aujourd'hui. Chemise noire, veste noire, pantalon noir, et pas de cravate ; c'est légèrement plus détendu que les autres jours, mais ça reste une tenue très sérieuse d'homme d'affaires. Je détourne le regard et rentre mon mot de passe pour accéder au bureau d'accueil de mon ordi, toujours un peu nerveuse. 

- Je me charge de la tactique, Victoria de la logistique, et toi, tu va me trouver toutes les informations sur Corelli et sa bande de traîtres. 

- Et c'est quoi, la tactique ? je demande. 

Il se renfonce dans son siège et pose sa tête sur l'appuie-tête, le visage fermé. Je me demande bien ce qu'il a prévu de faire pour coincer Corelli sans qu'il nous échappe, cette fois... Et vu comment il était remonté hier, je me dis que ça ne va pas être quelque chose de sobre et de discret. Je sais aussi que Victoria n'était pas d'accord pour le plan qu'il avait déjà en tête, et ça, ça risque de corser vraiment les choses, car si on arrive pas à se mettre d'accord sur les grandes lignes, on court droit à la catastrophe. 

ULTRAVIOLENCEDonde viven las historias. Descúbrelo ahora