9_Tyler

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Le moteur crépite sous la carrosserie de ma vieille Chevrolet Camaro aux couleurs de l'océan et de l'écume provoqué par les va-et-vient permanent de la mer. L'océan, la mer ; l'eau plus particulièrement est un élément que j'adore et le fait que ma voiture soit de cette couleur symbolise beaucoup pour moi.


L'asphalte défile sous les pneus à une telle vitesse que ce n'est plus de l'hémoglobine qui circule dans mes veines, mais de l'adrénaline à l'état pur. Mon corps est envahi de sensations toutes plus délicieuse les unes que les autres. Je passe de la frayeur au bien-être, puis au stress, pour finir avec une douce sensation de bonheur parcourant tout mon être.


En début de nuit, Vasquez m'a téléphoné au sujet des évadés, car ils avaient retrouvé leurs traces. J'ai sauté dans ma voiture la seconde d'après et filé en direction de la frontière entre l'Arizona et la Californie.


Les forces de l'ordre ont fait du bon travail – question de point de vue – ils les ont retrouvés, mais n'ont pas mis fin à leur cavale – ce qui m'aurait quand même arrangé, certes, j'aimerais participer activement à leurs arrestations, car c'est ma première mission en tant qu'agent, mais ce serait mieux pour tout le monde que des personnes aussi dangereuses soient derrière les barreaux. L'équipe de police présente sur les lieux a réalisé des analyses sur les empreintes retrouvées dans l'entrepôt où ils se cachaient. Les empreintes correspondent à celle du groupe d'évadés. Ils ont aussi identifié des cheveux et des mégots de cigarette appartenant respectivement à Amber et Jayden. Pas très discret pour des personnes censées se cacher à tout prix. Mais prendre la fuite a sûrement contrarié leur plan de départ.


Je me suis donc rendu dans l'entrepôt au beau milieu de la nuit voulant en apprendre davantage sur l'équipe que je pourchasse. J'y suis allé pour trouver des éléments qui auraient pu échapper aux yeux des policiers. Après une longue et minutieuse inspection de l'entrepôt où je n'ai rien trouvé de plus que les policiers passés avant, j'ai enfin remarqué un détail qui leur avait échappé à l'extérieur, un peu plus loin : des marques de pneu. Très légère mais bien présente, signe d'un départ précipité. Entre les marques de pneu des voiture de police, et des différentes équipes présentes sur place pas étonnant qu'ils ne les aient pas remarqués. Mais pour une personne passionnée des véhicules en tout genre, ça saute aux yeux et après, on ne voit plus que ça. J'arrête un policier encore présent et lui demande de délimité la zone afin que personne ne salisse davantage les preuves qui ont déjà été piétinées.


Accroupi, j'observe les marques de pneu, regardant de quel pneu il peut s'agir, et pouvant ainsi en déduire le modèle de la voiture. Les traces laissées sont caractéristiques des pneus Pirelli, elles appartiennent sûrement à la Mercedes.


Après cette inspection poussée, je refais le parcours des futurs prisonniers. Des douilles ont été retrouvées par les équipes de police sur une portion d'asphalte, ses douilles proviennent de l'arme d'un des ravisseurs. Je me fais le film de ce qui s'est passé il y a quelques heures à peine. Je m'imagine tous les détails. Les véhicules aux gyrophares hurlant dans la nuit, poursuivant les deux voitures des évadés. Leurs visages terrifiés pour certains et confiant pour d'autres. Je ressens leur peur et la puissante envie de fuir qui les a saisit quand ils se sont rendu compte qu'on les avait retrouvés, mais aussi le sang-froid dont ils ont su faire preuve. Le plan de la police a changé entre temps quand ils se sont rendu dans cet entrepôt perdu au milieu de nul part, surexcité à l'idée de mettre de tels criminels en prison. Mais leur enthousiaste a été de courte durée. Les évadés avaient un coup d'avance sur eux. Ils avaient sous-estimé ses criminels en herbe et n'ont plus qu'à s'en mordre les doigts. Ne pouvant pas accepter la défaite, ils se sont lancé dans une ridicule chasse à l'homme pensant pouvoir les arrête, mais ils ont échoué et ont perdu de nombreux véhicules.


Je ne trouve rien de nouveau. La fatigue prend le dessus. Mon cerveau a besoin de repos, d'une bonne nuit de sommeil, pas d'une nuit passé à enquêter. Je m'arrête dans une petite station au bord de la route. Le bruit incessant des véhicules roulant à toute allure me donne mal à la tête. J'entre dans le Motel et demande une chambre pour la nuit. Une fois à l'intérieur, je prends une douche rapide et froide avant d'aller m'effondrer sur le matelas d'un lit en piteux état. Le mobilier ne comporte qu'une table de chevet où est posée une lampe, une petite table ainsi qu'une chaise et une télévision datant du début du siècle. La chambre n'est pas en mauvais état, elle semble simplement vieille, mais l'essentiel est présent. Après avoir regardé les informations sur l'écran en face du lit, j'éteins la télé ainsi que la lampe de chevet. Malgré la fatigue, je ne peux m'empêcher de penser aux évadés, toutes mes réflexions tournent autour d'eux. Je me repasse ma soirée en détails dans ma tête espérant qu'un élément que je n'aurai pas remarqué sur le moment me vienne à l'esprit pour débloquer l'énorme casse-tête que cette évasion forme dans mon cerveau. Mais rien ne vient et je m'endors en ayant encore plus envie de résoudre l'énigme que me propose ses criminels.

SANS UN REGARD EN ARRIÈREWhere stories live. Discover now