♾ CHAPITRE 3 ♾

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     Quand j'ouvre de nouveau mes yeux, je ne vois plus personne. Je suis toute seule dans cette grande salle, alors que tous les patients semblent dormir. Je décide de me lever avec mon avant-bras et ma main encore douloureux et complètement bandés, pour aller visiter les lieux. Je ne sais pas quelle heure il est, alors je regarde la pendule qui est juste au dessus de moi pour y voir dix-huit heure trente. J'enfile mon manteau, mon bonnet et mes moon-boots, puis je fais le tour de l'établissement dans lequel je me trouve. Je passe de chambre en chambre, quand j'arrive sur une pièce où des infirmières discutent.

- Personnellement, je ne comprends pas le comportement de Jade, dit l'une d'entre elles. Elle a une fille exceptionnelle et elle veut l'empêcher d'être ce qu'elle est.

- Certes, mais elle a peur pour son enfant, c'est normal, ajoute la seconde.

- Oui enfin... À sa place je la mettrai au Sanctuaire pour qu'elle apprenne à se défendre et à contrôler ses dons au lieu de la cacher.

- Évidemment ! L'école et Miss Rose sont les meilleurs atouts pour son avenir, mais ce n'est pas à nous de juger le bien-être d'Edana.

- Peut-être, mais il est hors de question de regarder cette petite se faire maltraiter.

- Tu y vas un peu fort.

- Non. Pour moi, le comportement de Jade est une forme de maltraitance, elle est égoïste et elle empêche sa fille de se servir de sa magie.

Je ne comprends rien. De quels dons parlent-elles ? De quelle magie ? Et pourquoi suis-je exceptionnelle ? Je m'abaisse en dessous du trou qu'il y a dans le mur, afin qu'elles ne me voient pas. J'ouvre la porte du bâtiment, puis je pars en direction de l'extérieur qui est toujours enneigé. C'est beau.

Il n'y a personne. Par contre, je peux apercevoir la voiture de papa qui est toujours garée. Mes parents ne doivent pas être très loin, alors je continue de marcher dans le froid, tandis que le clair de lune fait son apparition. La muraille de ce château est ouverte, je suis consciente que je ne dois pas avoir le droit de sortir sans papa ou maman, mais je ne sais pas, j'ai envie d'aller découvrir ce lieu...

Je m'engage dans une forêt d'arbres blanchis par la neige. J'adore ce paysage, je souris en touchant les végétaux, quand je me rends compte que je me suis certainement trop enfoncée dans ce lieu, sans permission. Je vais me faire gronder, mais je n'arrive pas à voir où sont les remparts du Sanctuaire. Je crois que c'est ça... Son nom. Je tourne sur moi-même, quand un drôle de bruit arrive jusqu'à mes oreilles. Je sens que mon cœur commence à s'accélérer, le son ressemble à un grognement étrange, alors que je continue de regarder là où je peux. C'est en levant ma tête vers l'arbre qui est juste à côté de moi, que j'observe une créature avec de grandes ailes noires bleutées, aux griffes longues et pointues, et dont les deux grand yeux tout aussi noirs me fixent d'une manière horrible. Le reste de son corps semble humain, ce qui me fait encore plus peur. Au départ, je l'a tiens du regard en faisait de gros yeux sans dire un mot. Puis en quelques secondes, je lâche un hurlement strident alors que le monstre arrive jusqu'à moi. Je n'arrive pas à décoller mon regard de la créature abominable, quand quelqu'un passe au dessus de mon corps pour la mettre à terre. Je scrute la scène qui se déroule sous mes yeux, puis j'aperçois les adolescents qui se sont fait disputés par la dame qui m'a soigné, et le monsieur asiatique, très sévère. Ils viennent en aide à la personne qui m'a sauvé, quand la créature disparaît dans une poussière grise qui sent très mauvais.

- Tu n'as rien ? Me demande le jeune garçon qui s'est fait remonté les bretelles par son père tout à l'heure.

- Euh, bafouillé-je. Je... Je ne crois pas.

- Qu'est-ce que tu fais dehors toute seule ? Me questionne celui qui a joué avec la sarbacane.

- Le portail été ouvert et j'ai simplement voulu visité...

- C'est dangereux, ajoute celui aux beaux yeux ténébreux. Tu aurais pu te faire tuer !

- Je suis désolée.

Je ne voulais risquer la vie de personne. Je ne savais pas qu'il existait de telles créatures. Je sens que les larmes qui n'ont pas leur place à cet instant, commencent à envahir mon regard. Je regrette d'être sortie toute seule, quand le garçon qui s'est fait enguirlander par son père pose sa main sur mon épaule.

- Je m'appelle William, et toi ?

- Oui je sais. Moi c'est Edana, mais tout le monde m'appelle Danie.

- Enchanté Danie. Le brun aux yeux verts, c'est Caleb, le blond aux yeux bleus, c'est Ben et celui qui se cache derrière un arbre en pensant qu'on ne le voit pas, c'est Gabriel.

À cette parole, je vois apparaître un jeune garçon d'à peu près mon âge aux grands yeux noisettes très clairs, qui me fait un signe de la main.

- Qu'est-ce que tu fous là ? Crie Caleb.

- Je voulais vous aider, répond-il en replaçant correctement ses grandes lunettes rondes, intimidé par l'autorité de son locuteur.

- On règlera cette histoire plus tard, ajoute William.

- Je ne voulais pas vous mettre en danger, lancé-je tristement.

- Will, faut pas rester ici ou on va se faire engueuler par ton père, intervient Ben.

- T'as raison.

Je n'ai pas envie qu'ils aient de problèmes à cause de moi, alors je décide de les suivre sans broncher. C'est alors qu'une chose étrange se passe... Il y a comme une lueur rougeâtre qui s'émane de mon corps, mais aussi de celui de William. On se regarde tous les deux, quand des cris arrivent jusqu'à nous.

- DANIIIIE, hurle maman en courant vers moi et en trébuchant à mes côtés. Oh ma chérie, me prend-elle brusquement dans ses bras. Tu n'as rien ?

- Où étiez-vous ? S'interroge le père de William avec sévérité. Que faisiez-vous dehors ? Attrape-t-il son fils.

- NON, CE N'EST PAS DE SA FAUTE, m'interposé-je. C'est moi, je suis sortie sans permission et il m'a sauvé d'un monstre qui allait m'attaquer !

- C'est vrai jeune homme ? Lui demande mon père, soulagé de m'avoir retrouvé.

- Euh, hésite-t-il en me regardant. Oui monsieur Astice.

- Un messager de satan ? S'interroge l'homme asiatique.

- Oui papa, et il semblait être un nouveau-né, lui répond William.

Seulement, il se fait quand même disputé car apparemment, il n'a pas le droit d'être en possession d'une arme, la même que celle de mon père. Maman me gronde aussi d'être sortie toute seule, quand son regard change en quelques secondes. Son corps se met à trembler, alors qu'elle serre mes bras de plus en plus fort.

- Quoi ? Lui demandé-je. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Ça y est, intervient la dame qui m'a soigné. C'est l'heure, ça commence...

- NOOON, braille maman en m'attrapant un peu trop fortement. JE REFUSE !

- Jade... Tu ne peux pas empêcher sa destinée, s'emporte papa en voulant me prendre.

J'ai peur. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer, quand j'hurle pour que maman me pose à terre. Je cours très vite en direction de l'établissement dans lequel j'étais tout à l'heure, puis je m'allonge de nouveau dans mon lit.

- Pourquoi t'es sortie ? Me demande Ivria.

- Parce que, dis-je simplement en pleurant et en la regardant.

- Wouah ! Toi aussi tu vas avoir un regard différent, sourit-elle. Comme moi !

- Hein ?

- Bah oui, le noir de tes yeux est en train de changer de couleur.

Quoi ? Je ne comprends pas. Comment est-ce possible ? Je me relève brusquement, puis je me dirige devant l'un des miroirs qui est présent dans la salle. Je me regarde, quand l'effroi apparaît dans le réflecteur qui fait trois fois ma taille...

La Malédiction d'une Créature (T1)Where stories live. Discover now