9. Culpabilité

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PDV CHISA

Le lendemain, et pour la énième fois cette semaine, je fixais le plafond de ma chambre, bras sous ma tête. Les heures s'écoulaient lentement, et les journées aussi. Dehors, j'entendais les entraînements des soldats et parfois, je me laissai aller à mes souvenirs. Moi aussi je l'ai subi des centaines voir des millions de fois. D'un geste distrait, je caressais la longue cicatrice qui traversait tout mon buste. Mon esprit vagabondait sur le vice-capitaine, de nombreuses questions à son égard, jamais répondues. Je m'étais emportée, blessée par ses propos injustes. Je ne leur voulais aucun mal. Jamais je ne leur en ai voulu.
Une fois encore, je m'ennuyais à mourir. Ils ne m'avaient même pas rendu mes armes. J'étais tout bonnement inutile. Et ce sentiment me blessait profondément. Mes yeux me piquaient et bien vite, les larmes glissaient sur mes joues sans que je puisse les en empêcher.

- Ha... soupirai-je.
- Bah alors princesse ! Euh tu-tu pleures ?

Je tournais la tête à l'opposé de la fenêtre dont je ne savais même pas l'existence.

- Non.

Silence. Mais je savais qu'il n'était pas parti. Je sentais sa respiration calme et régulière, son regard rivé sur moi. Je voulais qu'il s'en aille, qu'il me laisse seule. Mais d'un autre côté, j'en avais marre d'être enfermée dans cette chambre.

- Je t'ai sauvé la vie tu sais.

Je tourne la tête légèrement sur le côté pour dévisager Okita qui était appuyé sur la rambarde.

- Et je suis censée t'être reconnaissante ?
- Ben oui. As-tu un minimum de jugeotte envers ta dette ?
- Non.
marmonnais-je en m'asseyant, le regard rivé sur le sol. Je l'ai payée cette nuit-là.

Il garda le silence.

- Maintenant, va-t'en. Tu m'ennuies.
- Quel caractère... Il s'est empiré au fil des ans...

Je levai la tête, énervée. Il continua, son regard vert ne quittant pas une seule seconde le mien.

- Chisa. Ta trahison est toujours dans notre esprit. On ne l'oubliera pas de sitôt.

Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc. Ma lèvre inférieure tremblait d'elle-même alors que de nouveau les larmes menaçaient de surgir. Je secouai la tête, l'enfouissant dans mes mains en étouffant un sanglot.

- Mais je te connais. Et je sens que tu avais une raison propre. Je ne peux pas croire que tu sois devenue ainsi.
- T-Tu...me crois ?
balbutiais-je en relevant la tête pour le regarder.
- Bien sûr et puis, tu m'aimes trop pour m'abandonner pour de bon !
pouffa-t-il.

Un demi-sourire apparut malgré moi. Je me levais, et ouvrit le shoji en tremblant. Okita... Il a toujours été un frère pour moi. Le premier jour de notre rencontre a été certes tendue, mais quelques heures après, il était venu pour panser la blessure à ma main.

"Tu n'aurai pas dû intervenir. Maintenant tu es blessée. T'es trop bête."

Depuis, il m'a toujours protégée à un tel point qu'il n'aimait pas trop que je sois amie avec les autres enfants. On avait le même âge, mais comparé à lui, j'étais bien petite.
Les larmes coulaient sur mes joues alors que j'appelais son nom. Je m'appuyais sur son torse, inconsciemment. A ma plus grande surprise, il ferma ses bras autour de moi, appuyant son menton sur mon crâne.

- Are are~ Toujours aussi pleurnicheuse. Tu n'as plus l'âge pour ça idiote.
- C'est toi l'idiot.
bougonnais-je.

Il rit et je le suivi aussi, laissant les larmes dévaler mes joues.

"Merci... Souji."

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ʜᴀᴋᴜᴏᴜᴋɪ ‖ 1 ‖ ꜰʀᴀɢᴍᴇɴᴛꜱ ᴍɪʀᴏɪᴛᴀɴᴛꜱWhere stories live. Discover now