Deus ex Machina [EN PAUSE]

XX

ATTENTION : Ce chapitre contient des descriptions gores. Si vous ne supportez pas les dissections, je vous conseille de passer directement au chapitre suivant. Si vous voulez tout de même connaître le contenu de ce chapitre, je me ferais un plaisir de vous le résumer en commentaire ou par MP ! 

Messiah esquissa quelques pas de dance.

Seul dans son laboratoire improvisé, il sifflait entre ses dents la mélodie énergique qui s'élevait dans la pièce. Posé sur son établit encombré de matériel, un minuscule phonographe chantait distraitement, diffusant en boucle la même musique rythmée et entêtante. Enfilant sa blouse, Messiah entonnait une nouvelle fois le refrain lorsque la chanson se coupa brusquement. S'immobilisant au milieu de la pièce, le scientifique fit une grimace contrariée.

Le mécanisme s'était enrayé.

Poussant un discret soupir, Messiah se pinça l'arête du nez. La musique était la seule capable de lui permettre de rester éveillé. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne trouvait plus le sommeil. Lors de sa dernière visite à bord d'Aeternum, les Pastors lui avaient ordonner de ramener au Laboratoire un nouveau spécimen d'étude.

Rien de plus, rien de moins.

Messiah serra les dents. Ces hommes, que tous adulaient, ne savaient rien de l'Extérieur. Ils n'avaient jamais mis les pieds au Camp. Ils n'avaient jamais vu de Néo-animal à l'état sauvage. Ils ne s'étaient jamais retrouvés face à ces bêtes enfantées par la pollution, à la gueule béante, aux membres tendus et lourds. Ils n'avaient jamais entendu le sinistre craquement d'un corps se brisant sous leurs pas, les cris d'un homme qui agonise, déchiré par leurs crocs acérés.

Leur soif de découvertes n'avait d'égale que le nombre de cadavres qu'elle engendrait.

Réprimant la vague de colère qui menaçait de le submerger, Messiah attrapa rapidement ses gants et posa ses lunettes de protection sur son nez.

Allongé sur la longue table de métal qui trônait au centre de son atelier, l'androïde qu'il avait trouvé lors de l'une de ses expéditions en solitaire dormait paisiblement. Son visage de plastique moue, si semblable à la peau d'un être humain, était éclairé par de puissants néons. Messiah avait retiré ses vêtements rapiécés pour analyser les particules qui s'y étaient accrochées à la recherche d'indices sur les origines de cette machine. Il espérait découvrir les restes d'un ADN humain, la trace indélébile du créateur de cette petite merveille, mais il n'avait rien trouvé.

Rien, à part l'intime conviction qu'il devait s'y prendre autrement.

Jetant un regard admiratif au robot inerte, Messiah saisit une lourde caisse débordantes d'outils mal entretenus et la posa brutalement sur son plan de travail. Il prit le temps d'en sortir quelques-uns, alignant devant lui clef à molette, pinces, flacons et autres instruments indispensables pour son étude. Puis, tout en replaçant ses lunettes sur son nez, Messiah commença son expérience.

Les doigts serrés dans ses gants en plastique, il saisit la jambe de l'androïde d'une main, brandissant un tournevis de l'autre. Avec la rapidité d'un mécanicien, il dévissa toutes les attaches qui perçaient le membre métallique. L'acier de bonne qualité se faisait rare ces temps-ci, et Messiah espérait pouvoir récupérer quelques morceaux de ferraille pour réparer les méca-motos les plus endommagées. Le robot était dans un bien triste état. Le scientifique n'avait pas réussi à le remettre sur pieds. Les circuits électriques du petit générateur qui faisait battre son cœur factice avait été en partie détruits par les pluies acides, et il était impossible de le changer sans démembrer entièrement son corps.