XXI

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ATTENTION : Ce chapitre contient de la violence et quelques descriptions gores. Si vous êtes facilement choqués, je vous conseille de passer directement au chapitre suivant. Si vous voulez tout de même connaître le contenu de ce chapitre, je me ferais un plaisir de vous le résumer en commentaire ou par MP ! 


Aeternum fendait l'air à vive allure.

Secoués par les tremblements du train, les agricultrices s'affairaient dans les immenses serres vitrées qui avaient été construites sur les toits. Le visage couvert de masques à gaz rapiécés, les travailleuses récoltaient les fruits colorés, dont le goût si fade contrastait avec la beauté de leur apparence. Un lourd panier de plastique pendu à leur cou, les mères et leurs filles s'épuisaient dans ces cultures artificielles pour nourrir la population de l'Agmen.

Au sein de la Colonie, chacun se devait d'être utile, de donner de son temps pour aider, prendre soin des autres. L'individualisme n'avait pas sa place à bord et ce, depuis que les trains avaient été mis en marche. Comme toujours, aux heures les plus sombres de leur histoire, les êtres humains s'étaient regroupés et avaient survécu grâce à la mise en commun de leur génie.

Assis aux pieds d'un large plant de tomates synthétiques, Chrom, une paire de lunette à vision microscopique sur le nez, observait avec attention les teintes vermeilles du fruit. Plongé dans la terre, un petit tube emplit d'un épais liquide bleu ciel alimentait l'arbuste. Concentré, le jeune homme patientait depuis plusieurs heures déjà, espérant apercevoir un quelconque changement dans la croissance du végétal. Grâce aux conseils d'Eudes et après de nombreux échecs, il avait réussi à créer un sérum capable d'accélérer la croissance des fruits artificiels.

Accroupis dans l'étroite allée de plants de tomates, Chrom esquissa un sourire victorieux. Son invention fonctionnait. Soulagé, il passa sa main gantée sur son front où perlait la sueur, avant de lever les yeux vers le ciel orangé.

Cela faisait plus d'un mois qu'il travaillait pour le Laboratoire et qu'il côtoyait les plus grands scientifiques du train. Tous étaient d'une ingéniosité fascinante et, constamment plongé au cœur de cette usine à inventions, il commençait à croire en lui, en ses compétences. Il s'efforçait de chasser ses doutes, déterminé à gagner le respect de ces hommes, de ces femmes qui chaque jour donnaient de leur temps pour sauver l'humanité, qui chaque nuit fermaient les yeux pour mieux voir à travers l'immensité de leur esprit.

Immobile sous l'immense serre, Chrom se redressa pour observer les paysages désertiques qui défilait à vive allure derrière la vitre. Il ne comprenait pas pourquoi ses parents ne l'avaient jamais encouragé à prendre la relève, ni pourquoi ils avaient préféré risquer leur vie à l'Extérieur. Il y avait tant à faire entre les hauts murs de l'Agmen. Passant une main sur son torse, il chassa la poussière qui maculait sa blouse avant de se redresse, un sourire victorieux aux lèvres. Les tomates qui ornaient l'imposante plante avaient de grossies de quelques centimètres en à peine deux heures.

Satisfait, Chrom commençait à ranger son matériel dans sa sacoche, impatient de rapporter la nouvelle à Eudes, lorsqu'une soudaine déflagration secoua violement le train. Les agricultrices poussèrent des cris de panique. L'imposante machine pencha dangereusement sur la gauche, avant de retrouver son équilibre. Perplexe, Chrom jeta des regards inquiet autour de lui, tandis que l'alarme d'urgence se déclenchait, lui vrillant les tympans. Une épaisse fumée noire s'échappait de l'avant du train.

Du Laboratoire.

Le cœur battant, il abandonna ses affaires et se jeta dans les escaliers métalliques pour quitter la serre. Déboulant dans un étroit couloir bondé, Chrom plongea au cœur de la marée humaine qui se déversait vers l'arrière du train. Remontant à contrecourant, le jeune homme poussa une femme d'un coude d'épaule et se jeta en avant pour atteindre la large porte blindée qui séparait la Locomotive des autres wagons. Sortant d'un geste saccadé sa carte d'assistant, il laissa à peine le temps au gardien de la voir et s'engouffra à l'intérieur.

Deus ex Machina [EN PAUSE]Onde histórias criam vida. Descubra agora