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- Allô ?
- Ouais Hafsa, dépêche-toi, on a trente minutes de route quand même.
- Oui oui j'arrive Haroun , je vérifie que j'ai tout pris !
- Mais c'est rien ça, au pire tu reviendras dans la semaine t'inquiète !
- Oui mais bon. Bref j'arrive !

Et voilà, je quittai le foyer familiale pour de bon afin de rejoindre ma nouvelle demeure. Ma chambre allait me manquer, mon confort allait me manquer et surtout les miens allaient me manquer mais heureusement, je n'allais pas vivre bien loin.

Les invités formaient une sorte de haie d'honneur à la sortie de mon appartement et tous me faisaient des invocations et ce moment fut réellement touchant étant donné qu'il officialisait le fait que j'étais désormais sous l'autorité de mon mari.

Je pleurai à chaudes larmes et Imani me tenait par la main en tentant de me frayer un chemin.

Arrivée en bas du bâtiment, j'aperçus Haroun qui se tenait adossé à sa voiture qu'il avait d'ailleurs ornée de petites décorations de mariage.

- Vingt ans pour descendre. J'ai cru que tu voulais plus y aller carrément.
- LOL, j'ai juste galéré à passer. Toi même tu sais comment sont nos tantes.
- Ouais c'est vrai, rit Haroun, mais bon c'est le jour de ton mariage quand même ! Bref, monte que je t'emmène chez toi.

Durant le trajet, je ne pus m'empêcher de verser quelques larmes. Je me découvrai d'ailleurs étonnement un côté très sensible même s'il s'agissait de mon mariage. Également, je ne pus m'empêcher de penser à mon arrivée dans mon nouveau « chez moi » avec en prime, la présence de Qassim.

Comment allait-il m'accueillir ? Comment devais-je me comporter ? Et la fameuse lune de miel ? Toutes ces questions me trottèrent dans la tête et augmentèrent mon stress.

- Pourquoi tu parles pas ?
- Je suis fatiguée et je t'avoue que j'ai peur d'entamer cette nouvelle vie avec Qassim. J'ai vraiment peur que ça se passe mal.
- Mais non t'inquiète. Déjà je t'ai dit de m'appeler directement si ça se passe mal. Ensuite, faut que tu comprennes qu'un couple se dispute, parfois un peu fort et ça veut pas dire que l'un n'aime plus l'autre ou quoi. Quand on commence sa vie avec une personne on doit s'adapter à ses habitudes et aussi, si ces habitudes ne nous plaisent pas et bah il faut en parler pour trouver une sorte d'accord pour améliorer la situation. Personne n'est parfait Hafsa. Le plus important c'est la crainte d'Allah et le respect mutuel.
- Oui je sais bien, t'as raison. Merci Haroun.
- C'est normal, je suis aussi passé par là.

***

- Bon nous sommes arrivés madame. Je t'accompagne en haut.

J'avais l'impression que mon coeur allait s'emballer tellement qu'à ce moment précis je stressais. Chaque pas me rapprochait de cette nouvelle vie que j'avais choisi de mener.

- Bon je sonne, annonça Haroun.
- As-salam aleykoum ! s'exclama Qassim tout en nous souriant.
- WAleykoum salam, répondîmes en chœur
- Entrez entrez ! dit Qassim tout en me fixant.

Concernant l'appartement, je n'étais nullement surprise puisque nous avions au préalable effectué une visite avec Qassim et Haroun. J'avais moi-même choisi la décoration et j'avoue que j'en étais plutôt fière.

Notre appartement se situait dans un quartier assez prisé et cela me plaisait beaucoup. J'avais toujours eu pour objectif d'élever mes enfants dans un quartier autre que celui dans lequel nous avions grandi même si très honnêtement, nous n'étions pas dans une zone particulièrement sensible.
Non pas que je dénigrai là d'où je venais mais simplement que je souhaitai offrir à mes enfants un cadre de vie peut-être plus sûr même si nous sommes d'accord que le mal se situe partout.

Qassim avait allumé quelques bougies aux senteurs incroyables et tout était parfaitement ordonné.

- Assieds-toi Hafsa, t'es chez toi, me chuchota Qassim en me poussant légèrement au niveau du bas du dos.

J'étais à la fois gênée et assez à l'aise. Deux sentiments totalement paradoxaux mais que je ressentis avec force.

- Bon je vais pas tarder, je voulais juste la déposer histoire de marquer le coup. Hafsa tu m'appelles si t'as besoin de quoi que ce soit. Bonne soirée ! dit Haroun tout en se levant.
- Ok ça marche ! Merci de l'avoir déposé Haroun.

Les deux hommes se serrèrent chaleureusement la main et nous accompagnâmes Haroun jusqu'à la porte.

- Sois pas trop reloue avec ton mari Hafsa ! me dit Haroun afin de me taquiner.
- N'importe quoi, tu sais bien que je suis adorable !
- Ouais c'est ça ! Bon courage Qassim !
- Merci beaucoup rit-il, rentre bien et fais attention sur la route.
- Ouais t'inquiète, As-Salam aleykoum !
- WAleykoum Salam, répondîmes en chœur.

La porte venait de se fermer et je me retrouvais donc face à cet homme qui était d'ailleurs mon homme. Mes mains étaient moites et je peinai à le regarder dans les yeux.

- Fais pas la timide Hafsa, me taquina mon mari.
- Non non je suis pas timide, je suis juste fatiguée, lui souris-je timidement.
- Mets-toi à l'aise, t'es chez toi. Tu peux directement aller prendre une douche et te coucher si tu veux. Je peux aussi te faire rapidement un truc à manger. À toi de voir.

Ses propositions me mirent à l'aise.

- Oui merci, je vais aller prendre une douche et manger un petit truc si ça te gène pas trop.
- Mais nan t'inquiète, prends ton temps.

Durant ma douche, j'avoue que je stressai énormément. Je ne pouvais m'empêcher de penser à cette fameuse lune de miel.

Ma mère et Imani m'avaient préparé au préalable une petite valise dans laquelle se trouvaient des petites tenues. Inutile de vous dire que rien que d'y penser, mon stress augmentait.

- Ah t'as terminé ?
- Oui, désolée j'ai été un peu longue.
- Nan t'inquiète c'est rien, j'ai eu le temps de préparer des pâtes à la carbonara, désolé c'est pas ouf, s'excusa-t-il avec le sourire.
- Non c'est parfait, baaraka Allah fik !
- Wa fiki ma belle.

J'avais souris telle une enfant à l'entente de ce mot. Mon stress s'en allait peu à peu et tant mieux.

- Demain on ira faire les courses. Sinon t'es belle ce soir, enfin comme toujours en vrai, me dit-il tout en me fixant de son regard si déstabilisant.
- Merci, arrête c'est gênant, répondis-je toute gênée avec les yeux baissés

Il rigola à ma remarque et se leva tout en continuant à me fixer.

Il était désormais en face de moi tandis que moi je fixai sa main qui avait désormais attrapé la mienne.

- Arrête de baisser les yeux, on dirait que t'es timide alors que j'ai bien vu qu'avec ta cousine t'étais une folle, me dit doucement Qassim d'un ton moqueur.
- Arrête, ris-je timidement, je suis absolument pas timide. Au contraire !
- Bah alors regarde-moi dans les yeux.
- Non j'aime pas, c'est gênant.

Il se mît à rire et continua.

- Alors comme ça tu me regardais dans le rétroviseur quand on était avec ton cousin ?
- Mais pas du tout, éclatai-je de rire, c'est toi qui me fixait, comme toujours !
- Comment ça « comme toujours » ? me questionna-t-il avec curiosité.
- Bah t'as une façon de me regarder qui est stressante.
- Ah bon ? sourit-il.
- Comme en ce moment par exemple.
- T'es mignonne quand tu fais la timide comme ça.
- Arrête.
- Je suis fatigué, tu viens ?
- Oui j'arrive, je vais juste mettre ça dans le lave-vaisselle.
- Nan attends, regarde.

Il pris rapidement nos assiettes et alla les mettre dans le lave-vaisselle.

- Tu me rends déjà fou.

Je n'eus à peine eu le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait que Qassim m'avait porté en sac à patate jusqu'à notre chambre.

Nous consommâmes ce soir-là notre mariage.

𝐍𝐞 𝐦𝐞 𝐦𝐞𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐇𝐚𝐟𝐬𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant