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J'étais sous le choc. Mes jambes manquaient de flancher et je ne pus m'empêcher de pleurer de joie. Qassim allait être enfermé pour tout le mal qu'il m'avait causé.

Je regardais tout autour de moi et constatais que l'ensemble des personnes présentes étaient dans le même état émotionnel que moi.

- Merci pour tout !

Je m'empressai de serrer fortement l'avocat dans mes bras.

- Je vous en prie, sourit-il, n'hésitez pas si vous avez besoin.
- Merci beaucoup.

Azhar me surprit en me faisant un énorme câlin.

- Purée je suis tellement contente pour toi Hafsa ! Tu as enfin réussi à faire enfermer ce fou !
- Je n'ai pas réussis toute seule. C'est par la cause de toutes les personnes qui ont cru en moi que j'en suis arrivée là.

J'aperçus Zaynab arriver d'un pas presque timide vers moi.

- Je suis désolée pour tout Hafsa... vraiment.
- Non s'il te plaît, ne t'excuse pas. Durant toutes ces années, tu t'es retrouvée à une place très délicate et malgré tout, tu m'a toujours soutenu et toujours cru en moi. C'est moi qui devrais m'excuser.

Nous nous fîmes un énorme câlin et je pus ressentir toute la culpabilité de Zaynab et cela me brisa le cœur car s'il y avait bien une personne qui avait voulu me protéger depuis le début, c'était bien elle. Elle avait tenté de me prévenir alors même que je venais de me marier avec son frère et cela était une chose que je ne pouvais oublier. Également, celle-ci était allée jusqu'à se mettre sa famille à dos pour continuer à me soutenir publiquement. Cette femme était un diamant brut.

Après avoir embarrassé toutes les personnes présentes, je réalisai que j'étais enfin libre.

Paradoxalement, j'avais eu l'impression que ce procès était fait pour moi. Comme si j'avais dû me défendre corps et âme par rapport à tout ce que j'avais enduré durant toutes ces années. Comme si j'avais dû une nouvelle fois, prouver au monde entier que je n'étais qu'une victime parmi tant d'autres.
D'ailleurs, j'avais ressentis durant ce procès à quel point bon nombre de femmes avaient subit la même chose que moi et j'en était écœurée. Cela me brisait le cœur de savoir que chaque femme qui subissait ces violences, devait se présenter ici, comme si l'humiliation n'était pas assez grande. Évidemment, j'avais cherché à obtenir ce procès et je ne crachais pas dessus mais il est vrai que j'avais très mal vécu ce moment que j'avais trouvé d'une violence sans nom.

Être en face de ce monstre m'avait donné l'impression que pour toujours, il aurait une emprise sur moi et sur ma vie. Son regard sombre et rempli de haine me rappelait toutes les souffrances qu'il m'avait infligé. Qassim avait été l'amour de la vie pour finir par devenir mon pire cauchemar. Chaque parole et chaque coup me faisait redescendre sur terre et me rappelait que mes sentiments pour lui ne suffisaient pas pour le faire changer. Ceux-ci me rappelaient que même s'il fondait en larmes après m'avoir battu tel un fou, il ne m'aimait pas vraiment.
L'amour est définitivement le sentiment le plus complexe qui puisse exister. Mes sentiments pour lui m'avaient poussé à croire qu'il puisse changer et surtout, qu'il puisse regretter ses paroles ou ses gestes mais non. Mes sentiments pour lui m'avaient simplement aveuglé et poussé à rester à ses côtés, comme si j'étais un remède à son agressivité alors qu'en réalité, je n'étais qu'une conséquence. Sa manie de me battre avait fait de lui un homme faible et sans cœur qui avait fini par ne même plus s'excuser lorsqu'il « craquait ».

𝐍𝐞 𝐦𝐞 𝐦𝐞𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐇𝐚𝐟𝐬𝐚Where stories live. Discover now