𝐍𝐞 𝐦𝐞 𝐦𝐞𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐇𝐚𝐟𝐬𝐚

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Le soleil avait définitivement la manie de me mettre de bonne humeur. Sa présence réchauffait non seulement mon corps mais surtout, mon cœur qui avait tant souffert.

Nous étions en Grèce depuis deux semaines environ et je savourais pleinement chaque moment. Mon fils semblait également très heureux de changer d'environnement et j'étais rassurée de voir que son rythme de sommeil n'avait pas été perturbé.

Je sentais par moments des regards interrogateurs sur la vision de mon fils et moi, seuls, sans homme et j'avoue que cela m'était totalement égal. J'avais décidé de ne compter sur personne et cela était mieux ainsi.

Mes journées se résumaient à passer du temps sur un transat ainsi qu'à appeler mes proches. J'étais devenue en si peu de temps, une personne très solitaire et qui aimait d'ailleurs beaucoup ça.

Également, je mentirais si je disais ne pas avoir pensé à ce qu'Adama m'avait dit avant mon départ. Sur le moment, je n'avais pas eu le temps de réaliser mais ces deux semaines m'avaient permis de me poser les bonnes questions. Plus les jours étaient passés et plus je me rendais compte que j'éprouvais un sentiment étrange à son égard. J'étais incapable de mettre des mots là-dessus mais j'étais consciente que je n'étais pas indifférente à son charme.

Néanmoins, j'avoue m'être posée énormément de questions sur moi-même. Allais-je être capable de m'unir à nouveau à un homme ? Allais-je être capable d'aimer sans crainte et sans peur de me prendre un jour des coups ? Ces questions tournaient en permanence dans mon esprit et cela me faisait très peur. J'avais l'impression que mon mariage avec Qassim m'avait complètement anéanti. Je tentais de me reconstruire mais rien que de penser à lui, suffisait pour me bloquer. J'avais peur des hommes et surtout peur d'aimer à nouveau.

Mes proches me disaient toujours que j'étais une femme très sensible et qui s'attachait trop vite aux gens et c'était totalement vrai. Depuis petite, j'avais cette sensibilité probablement supérieure à la moyenne, que je peinais à contrôler. Qu'elle soit en rapport avec la protection des animaux ou le fait que j'étais très vite affectée lors d'une dispute, cette facette de ma personnalité m'avait toute ma vie handicapé au point où j'avais peur de mes réactions si telles ou telles situations se présentaient à moi.

Concernant l'amour, je n'avais jamais vraiment été intéressée par cela et je pense que cela avait eu un rôle déterminant sur les séquelles liées à mon divorce. Sans grand étonnement, je m'étais trop vite attachée à Qassim, au point où je m'étais persuadée de pouvoir le changer.

Désormais, j'étais enfin libre et j'espérais au plus profond de moi, pouvoir rouvrir mon cœur à un homme qui le mériterait.

- Ton vol est à quelle heure ? me demanda mon père.
- Il est à 18 heures heure locale donc 19 heures pour vous. J'arrive vers 22 heures il me semble.
- Ok, tu as quelqu'un pour venir te chercher ?
- Oui ne t'inquiète pas, Azhar va venir me chercher étant donné qu'elle vient d'avoir officiellement son permis, ris-je
- Ah oui c'est vrai, rit-il à son tour. Tu m'appelles quand t'arrives d'accord ?
- In Shaa Allah.
- Allez bon vol ma chérie, qu'Allah vous préserve de tout mal.
- Amin.

J'allais enfin revenir en France. Ces semaines de repos m'avaient fait un bien fou et me donnaient l'impression de pouvoir affronter les aléas de la vie.
Même si je présentais encore quelques craintes concernant Qassim, je me forçais à vaincre ces sentiments qui ne me servaient désormais plus à rien.

~

Nous étions arrivés en France. Il faut dire que cela ne m'avait aucunement manqué, d'autant plus que j'y attachais naturellement de mauvais souvenirs.