Suite (13)

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Point de vue de Souleyman

Étrangement, tout se passait merveilleusement bien dans nos vies. Depuis que mon père avait repris contact avec Imrân, j'avais pu constater une réelle évolution dans son attitude. Il faisait énormément d'efforts et il serait mentir de dire que cela ne contribuait pas à mon bonheur.

Mon oncle avait également repris contact avec moi et s'était excusé de ne pas m'avoir répondu pendant plusieurs jours. Je ne lui en voulais absolument pas, l'essentiel était que tout était revenu dans l'ordre.

~

Le jour de l'Aïd arriva et ce fut la première fois où je pus voir mon père réellement heureux. Durant toutes ces années, celui-ci ne faisait qu'une brève apparition chez mes grands-parents avant de s'en aller. J'étais donc heureux de voir que pour une fois, les choses se passeraient différement.

- Souleyman t'as pris les boissons ? me demanda mon père qui était en train de charger le coffre.
- Oui elles sont déjà dans le coffre.
- Ok. Bon bah monte, on a tout.

Le chemin en direction de chez mes grands-parents maternels ce fut dans une très bonne ambiance. Mon père était un tout autre homme.

- T'as des nouvelles d'Imrân ? demandai-je à mon père.
- Pas vraiment. Il m'a dit qu'il avait pu voir Qassim mais il ne m'a pas donné plus de détails que ça. De ce que j'ai pu comprendre, ça s'est plutôt bien passé étonnamment.
- Ah bon ?
- Ouais.
- Mais du coup c'est quoi la finalité ?
- Je veux juste qu'il nous laisse tranquille. Avant, j'avais une soif de vengeance mais ça serait rentrer dans un cercle vicieux et j'en ai pas envie. J'essaie d'avoir une tranquillité de vie, c'est pas en rentrant dans son jeu que je vais y arriver.
- T'as raison. J'espère que tout ira mieux à l'avenir.
- Je l'espère aussi.

J'étais assez étonné qu'Imrân ne donne pas plus d'informations que ça à mon père. Avec le temps, je semblais peut-être paranoïaque mais j'espérais que cela ne cache rien. 

Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas vu mon père aussi épanoui, je ne voulais pas qu'un nouveau coup bas l'atteigne. Surtout pas.

Nous arrivâmes à l'appartement de mes grands-parents. En entrant j'aperçus certains membres de mon côté paternel et ne fut aucunement choqué puisque depuis que mon géniteur avait tué ma mère, les deux familles s'étaient fortement rapprochées, comme pour faire face à tout ça ensemble.

- As-salam aleykoum mon chéri, me dit ma tante Houria en me serrant dans ses bras.
- Waleykoum salam tata ! Comment tu vas ?
- Ça va Al HamduliLlah et toi ?
- Ça va Al HamduliLlah.
- T'as grandi !
- Tu trouves ?
- Grave ! Un vrai beau gosse en plus !

La remarque de ma tante me fit rire. Même si nous ne nous voyions pas beaucoup, nous étions régulièrement au téléphone ensemble.

La journée se passait extrêmement bien et toutes les personnes présentes furent choquées de voir mon père. Certaines d'entre elles ne l'avaient pas vu depuis des années.

- Il y a un téléphone qui sonne ! Il est à qui ? demanda ma grand-mère maternelle.
- C'est le mien, dit mon père en se levant afin de le récupérer.

L'ambiance était au beau fixe et nous avions même démarré une partie de « baccalauréat ».

Alors que nous étions en train de compter nos points, mon père qui était toujours au téléphone se leva et sorti de la pièce.

𝐍𝐞 𝐦𝐞 𝐦𝐞𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐇𝐚𝐟𝐬𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant