Time of a moment - Tom Holland

Chapitre 14

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis le retour de Mateo. Lui et sa petite amie passaient tous leur temps au restaurant. Rosita ne le quittait plus et Paolindra ne quittait plus Mateo. Jilian n'avait pas passé une journée sans les voir réunis tous les trois. Il fallait dire qu'après la « disparition » en mer du jeune italien, on faisait attention à qui partait et jusque quand. Car si l'orage avait été destructeur, dans le petit village de Kaleo, on craignait l'arrivée d'une tempête. La chaleur accablante et orageuse ne le quittait plus depuis. Le soleil, haut dans le ciel, ne laissait qu'une faible parcelle de fraicheur amené par le vent du nord. Le ciel allait bientôt leur retomber sur la tête, c'était une certitude.

Plantée devant la petite fenêtre de sa chambre, Jilian observa les allers et venus dans la petite ruelle. Une petite camionnette s'y était arrêtée plus tôt dans la journée et deux ouvriers, vêtus de leur gilets oranges, avaient disposés plusieurs panneaux indiquant des travaux. Heureusement pour elle, il ne fut pas question de marteau piqueur ! La jeune femme était venue chercher la tranquillité et la réflexion. Si elle ne s'était pas encore attelé à ni l'une ni l'autre, elle refusait tout de même qu'un marteau piqueur vienne gâcher ses nuits...ou ses réveils. Plusieurs passants durent les contourner ou attendre qu'une voiture passe pour pouvoir atteindre la marina ainsi que le restaurant le plus chaleureux et convoité de tout Kaleo. Parmi eux, Jilian vit avec un plaisir non dissimulé, Tom revenir du centre du village. Giovani l'avait sommé d'une course plus tôt dans la matinée. Ce fut donc les bras chargés d'une douzaine de grandes planches de bois que le jeune acteur passa sous sa fenêtre. Jilian appuya énergiquement sur la poignée, seule manière de l'ouvrir, et passa sa tête à travers la fenêtre.

- Ciao Pietro ! Tu n'as pas de gants pour porter tes planches ?!

Surpris par sa voix, Tom sursauta et se retourna, cherchant l'endroit d'où elle provenait. En se retournant ainsi violement, il failli assommer une dame, tenant son panier de course. Il s'excusa, manqua de laisser tomber une planche et se redressa, retrouvant toute dignité. Jilian réprima un petit rire.

- Tu as vu ça ?! Ces italiens ne travaillent jamais avec des gants !

- Si tu as des échardes, viens chez moi, je suis une véritable experte.

Jilian était habituée à avoir et retirer des échardes. Avec son frère jumeau, ils ne cessaient d'en attraper lorsqu'ils grimpaient aux arbres ou jouaient sur la toute nouvelle terrasse en bois que leur père avait construite à l'aide de son parrain. Tom redressa une planche, plus petite que les autres, qui menaçait de tomber et acquiesça, signe qu'il emmagasinait l'information.

- Tu as ta journée, aujourd'hui ?

Instinctivement, la jeune femme regarda sa montre. Elle sourit, Tom n'avait visiblement pas la notion du temps.

- J'ai l'après-midi.

Une musique commença soudainement provenant du port. Iko Iko sonna fortement dans toute la ruelle, si bien que le jeune acteur du se rapprocher pour l'entendre. Hadrien devait être aux commandes de la musique, il n'y avait que lui pour mettre des chansons aussi dansantes, et faire ainsi la joie des petits enfants débordants d'énergie. Jilian répéta et cette fois, il l'entendit.

- Parfait, je t'emmène en mer après avoir fini avec ces planches !

Bien qu'il soit en bas, elle perçu son clin d'œil alors qu'il s'éloignait déjà. Elle n'eut pas le temps d'en savoir plus, une vespa rouge les sépara. Jilian sentit une certaine excitation monter en elle. Elle ignorait que Tom savait manœuvrer un bateau. Ou peut-être prévoyait-il de se faire conduire. Dans ce cas, ils ne seraient pas que tous les deux. L'adrénaline retomba légèrement. Être en pleine mer, seule avec Tom, après qu'ils aient échangé l'un des plus romantiques baisers sur le ponton, lui procurait bien plus de joie, suffisamment pour pouvoir ignorer l'ingrate, mais non moins utile personne qui allait les accompagner.