Chapitre 10

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Les quatre apprentis aventuriers rentrèrent sains et saufs au village. Rodriguo, un ami de Mateo était venu avec sa camionnette les chercher, après avoir poussé la jeep, avec l'aide de Tom, jusqu'au petit parking. Là, ils s'étaient séparés, Paolindra était rentrée chez elle tandis que Jilian et Tom s'étaient précipités vers leur travail respectif, étant déjà en retard. La française ne reçut aucune remontrance, Rosita étant au courant.

Quant à Tom, le jeune acteur avait dû s'expliquer mais pas trop longtemps. Giovani n'était pas le genre de patron exigeant ni même intransigeant. Le vieux marin l'avait beaucoup moins boudé qu'Hadrien qui avait dû bouger tous les petits bateaux à lui tout seul. Tout du moins, c'était ce que Tom croyait être comme raison au départ. Il comprit bien vite que c'était parce que les deux filles de l'autre jour étaient passées le voir et que, comme il n'était pas là, elles avaient décampé sans même dire bonjour au romain qui l'eut mauvaise.

- Elles n'en valent pas le coup, lui avait-il dit.

- Parles pour toi, avait rétorqué Hadrien en haussant des épaules.

Heureusement, le romain n'était pas du genre rancunier et, très vite, ils avaient repris leur complicité.

Cette après-midi-là, deux jours après son expédition en balade, Jilian n'était pas de service. Au contraire, la jeune fille était derrière les fourneaux, s'occupant d'un plat qu'elle adorait faire : les lasagnes végétariennes. Exceptionnellement, Rosita l'avait laissé cuisiner ce plat pour la journée. Jilian ne demandait pas d'être payée, juste de s'amuser. Et elle eut bien ce plaisir. Les clients se régalaient, tout comme elle, mais le plus gratifiant fut de voir la tête de Tom et de son patron lorsqu'elle leur apporta le plat. Quand Antonia, passant par-là, la félicita pour la cuisine, les deux hommes s'étaient ébahis face à cette révélation.

- Non, attends, c'est toi qui a cuisiné ça ? Lui posa Tom.

- Peter, enfin, évites de l'appeler « ça », c'est dégradant, le gronda Giovani.

Jilian sourit franchement, fière d'elle. Elle acquiesça et vit dans le regard de Tom une admiration. Ce regard, elle l'avait déjà perçu plus d'une fois lorsqu'il la regardait. Cela la mettait quelque fois mal à l'aise, mais lorsqu'elle prit conscience qu'elle aussi avait ce regard envers lui, elle comprit. Les deux amis s'étaient pour ainsi dire tellement rapprochés, et rapidement, qu'ils ne s'étaient pas forcément rendus compte tout de suite de l'intérêt qu'ils se portaient. Tout du moins, c'était ce que Jilian ressentait. Quand elle était avec lui, ou juste le fait de le voir, elle n'était presque plus maîtresse d'elle-même. Elle commençait à ressentir ce qu'elle lui avait détaillé à l'auberge. Ce qu'elle ignorait, c'était que Tom éprouvait les mêmes incertitudes et questionnements.

- Jil', je vais rentrer les bouées, tu veux bien prévenir Rosita que j'y vais ? Lui posa Mateo en passant à côté d'elle sans s'arrêter.

Le ciel s'étant assombris fortement, les précautions anti-tempête se mettait en place. Le vent commençait déjà à se lever et les nuages se firent de plus en plus menaçant. Très vite, la pluie se mit à tomber, faisant fuir les quelques familles posées sur la plage. Le bleu du ciel disparu tandis que les vagues cognèrent violement contre le ponton, remuant dans tous les sens bateaux et canards, qui ne tardèrent pas à s'envoler. Soudain, les cloches de l'église se mirent à sonner.

- Alerte, tempête ! Tout le monde reste à l'intérieur, s'écria Donatelo dans tout le restaurant.

Jilian se dirigea vers la fenêtre et observa, abasourdie et apeurée, la scène qui se passait devant eux. Le vent était désormais violent, il ne fallut que quelques minutes pour qu'il fasse tomber les premières branches d'arbres et voler les parasols qui s'écrasèrent dans certaines vitres de maisons. La mer était menaçante et faisait se retourner les plus petits des bateaux. Tom regardait également la scène, impuissant.

Time of a moment - Tom HollandWhere stories live. Discover now