Chapitre 27

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- Entrez, dit une voix de femme très grave. Odette Renaud poussa la porte en bois qui était assez lourde. Cela faisait maintenant de longues minutes qu'elle patientait assise sur ce tabouret de la salle d'attente.

« L'enfant adopté ou le pupille de l'état peut accéder à son origine personnelle, si les parents biologiques ont levé le secret de leur identité. La demande peut être formulée par l'enfant majeur qui s'adresse alors au Conseil National pour l'Accès aux Origines Personnelles (CNAOP). Le secret de l'identité est levé lorsque le parent est décédé sauf si le défunt a exercé une volonté contraire. Le CNAOP communique les éléments relatifs à la santé du père et de la mère, les origines de l'enfant, les raisons et circonstances de remise aux services d'adoption. »

Odette Renaud relisait ces lignes encore et encore. Elle serrait dans ses mains l'enveloppe qui contenait la procuration d'Alice pour l'autoriser à rechercher ses origines. Elle revoyait le visage d'Alice se voulant sereine et lui dire ces mots qui ne la quittaient pas.

- Tu es ma seule maman, alors de quoi nous inquiétons nous ? Tout ceci n'est qu'une procédure administrative pour que je guérisse plus vite, n'est-ce pas ? Rolf a dit que c'était important. Je pense qu'il faut suivre ses conseils.

Odette se demandait si elle faisait bien, si sa vie n'allait pas basculer encore plus. Elle s'interrogeait sur sa foi. Elle avait toujours été une fervente croyante. Pourquoi Dieu s'acharnait-il ainsi sur sa famille ? Avait-elle commis des péchés antérieurement ?

Odette serra l'enveloppe entre ses doigts et entra dans le bureau de la responsable du CNAOP. Assise à un large secrétaire ancien, une dame imposante la regardait entrer.

- Asseyez-vous dit-elle en désignant la chaise face à elle et en regardant Odette par-dessous ses lunettes.

- Merci répondit Odette à voix presque basse, les lèvres serrées.

- Vous avez demandé un rendez-vous concernant votre fille Alice Renaud, c'est bien cela ?

Odette Renaud s'éclaircit la gorge avant de parler. Elle avait l'impression d'avoir avalé de travers.

- Oui. Comme je l'ai indiqué dans ma lettre, notre fille adoptive Alice est actuellement hospitalisée suite à une brutale maladie. Nous avons toutes les raisons de penser que cette maladie est d'origine génétique. Le spécialiste d'Alice souhaite conforter le diagnostic avant tout traitement ou opération. Il serait souhaitable d'avoir une prise de sang de la mère génétique d'Alice. Voilà la raison pour laquelle je viens vous voir. Nous souhaitons savoir si vous avez des indications sur la mère biologique d'Alice et si vous avez connaissance d'éléments de santé particuliers la concernant.

La responsable du CNAOP n'avait pas bougé d'un cil. Elle se contenta d'émettre le son engorgé « Mumm » et resta silencieuse...

Odette ne savait comment réagir. Devait-elle insister au risque de froisser son interlocutrice ? Elle avait l'impression que son manque de sensibilité émanait d'elle comme une évidence.

- La demande doit émaner de votre fille, madame Renaud, même si je comprends la situation, je ne peux déroger à cette règle impérative...

Odette Renaud s'attendait à ce frein. Elle tendit la lettre d'Alice à son interlocutrice.

- Voici les vœux de ma fille actuellement hospitalisée et qui ne peut se déplacer. Il y a aussi un certificat médical de son spécialiste. Tout ceci vaut bien procuration, non ?

La dame prit l'enveloppe et lut silencieusement le courrier qu'Alice avait écrit. Odette se retenait de contenir ses larmes. Il ne s'agissait pas de craquer maintenant. Son interlocutrice ne laissa paraître aucune intention. C'était difficile. Louis n'avait pas voulu venir. Il n'avait plus que cet indien en tête et sa vie ressemblait à une grande odyssée dont on ne sait pas quelle sera l'issue...

-Madame Renaud. Je n'ai pas une bonne nouvelle dit froidement laresponsable. La mère d'Alice, Catherine Fatier, est décédée, ily a deux ans. Elle avait 43 ans. Elle n'a paslaissé d'indicationsparticulièresexcepté lefait qu'Alicesoit le prénom desa propre mère. 

Avant la vieWhere stories live. Discover now