Chapitre 67 - Epilogue 6

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- Bonjour Siriah dit Raphael.

- Bonjour Raphael. Je souhaite te parler.

Siriah avait une vision particulière du bureau de Raphael. Les murs de la pièce étaient en pierre féodale et le sol était recouvert de marbre noir. Comme unique meuble, se trouvait un siège doré, paré de signes symbolisant le divin.

- Je t'écoute Siriah.

- Je souhaite retourner rapidement sur terre pour terminer mon évolution.

Raphael observa Siriah. Son aura était resplendissante mais affichait quelques zones d'émotions de couleurs changeantes. Siriah s'en aperçut et se contrôla. Son aura redevint calme et les vibrations de couleurs s'unifièrent.

- Es-tu sure Siriah qu'il s'agisse là du seul motif dont tu me parles ?

- Non Raphael. Tu le sais bien et je le sais aussi. Il s'agit de Yad. Si je termine mon évolution, je pourrai alors le retrouver au moment final de notre fusion vers l'éternel.

- Siriah. Je comprends ton souhait mais il ne peut y avoir plusieurs buts à l'évolution de ton âme. Pour te connaitre, tu dois faire l'expérience de toi en t'incarnant. Lorsque tu auras trouvé la forme la plus élevée de toi, tu ne feras plus qu'un avec l'éternel. Il est inutile de consacrer ton énergie sur un autre motif que celui-ci car il n'en est pas d'autres qui vaillent.

- D'accord Raphael. C'est juste alors que je ne suis pas mûre ou assez prête pour tout ceci. Tu m'as toujours dit que nous pouvons choisir notre destinée. Alors, cette fois, je veux choisir pleinement. Je veux retourner sur Terre.

- La volonté est une invocation Siriah. Tu as raison. Je ne peux m'opposer à ton souhait de réincarnation mais sache que tous les chemins choisis mènent à l'éternel. Quant à ton degré d'évolution, ta réflexion me semble bien avancée...

Siriah voulait se montrer forte et ainsi elle apparaissait. Elle avait pourtant peur du pas qu'elle était en train de faire. Elle se décida rapidement. Réfléchir n'était pas la solution car le doute pourrait s'emparer d'elle.

- J'ai choisi la façon dont je voulais vivre cette prochaine étape.

- Et qu'as-tu retenu ?

- Une étape qui soit dense en apprentissage...

Raphael observa Siriah à nouveau. Elle baissait le regard. Il sentait la tension battre en elle.

- Quand veux-tu partir ?

- Dès qu'il me le sera possible.

- Et Asturion ?

Bien sûr, Raphael avait visé juste. Siriah n'avait pas expliqué à Asturion son souhait de rejoindre la Terre rapidement. Si elle le lui avait dit, il l'en aurait empêché certainement refusant la souffrance vers laquelle elle s'engage sans appel.

- A vrai dire, je ne l'ai pas encore informé de ma décision. Je... Je ne sais pas si je vais pouvoir lui dire.

- Ceci est-il juste pour lui Siriah ?

- Je sais. Je manque de courage. Tout ceci est très compliqué pour moi.

- Alors pourquoi ne choisis-tu pas un chemin plus simple si tout en toi t'indique que celui-ci est tortueux ?

- Parce que tout en moi me pousse vers celui-là. Oh Raphael. Que dois-je faire ? Je ne sais plus. Je suis perdue.

- Je sais Siriah. Mais ne sois pas inquiète. Tout se passera comme il doit être. Maintenant, prends le chemin qui est le tien. Je n'ai pas d'inquiétude sur le tracé de celui-ci. Il te conviendra puisqu'il est unique et que cette unité te conduira à l'éternel.

Siriah sortit du bureau de Raphael... Le jardin du ciel intermédiaire était clairsemé de jonquilles. L'herbe où elles prenaient naissance était bien verte. Aux alentours, quelques tulipes blanches et rose bien alignées, dessinaient un des contours possibles de l'infini jardin.

- Ah, tu es là Siriah. Je m'inquiétais. Je te cherchais.

- Je sors juste de chez Raphael.

Asturion regarda Siriah profondément. Il sentit instantanément le malaise s'installer entre Siriah et lui. Son aura devint terne puis orange.

Siriah ne savait pas comment aborder les choses ; Elle aurait souhaité dans un premier temps ne pas les aborder mais elle ne pouvait pas s'en aller et disparaître en lâche. Elle tenait à l'amitié qui la liait à Asturion.

Sur le banc de pierre, Asturion s'était assis. Il était métamorphosé par la tristesse et Siriah s'en voulait de lui faire ce mal qu'elle ressentait comme sien. L'atmosphère était pesante et lourde.

- Quand pars-tu lui demanda Asturion d'une voix glaciale.

- Je suis venue te dire au revoir.

- Tu comptais venir m'en parler où je suis sur ton chemin par hasard ?

- Ne sois pas en colère Asturion. Tout ceci me déchire au plus haut point.

- Tout ceci te déchire ? Mais tu n'hésites pas pour autant ! Je ne compte donc pas pour toi ? N'y a-t-il que Yad qui compte ?

Les vibrations dégagées par Asturion devenaient impressionnantes. Leurs extrémités orangées à vif se confondaient désormais en boules de flammes incandescentes. Celles-ci pourtant ne brûlaient pas le sol du jardin qui étrangement s'était recouvert de neige. D'un seul coup, le paysage ne laissait plus dépasser que les têtes de jonquilles totalement givrées. La nature environnante s'était endormie et le silence pesait.

- Asturion, tu es en colère et tu dis des sottises. Je ne t'en veux pas. Mais je ne peux pas lutter contre ce qui m'arrive. Je dois y retourner. Pourras-tu me comprendre ?

- Ce que je comprends, c'est que tu as choisi. Tu as choisi de rejoindre Yad au péril de ta destinée. Alors que je suis là moi, te soutenant et t'accompagnant.

- Mais ce n'est pas pareil !

- Ah ? Et qu'est ce qui est différent ?

A ce moment précis, le temps s'arrêta. Siriah comprit qu'Asturion éprouvait des sentiments autres que de l'amitié pour elle ; Aveuglée par son amour pour Yad, elle ne s'en était pas rendu compte avant. Asturion réalisa aussi que Siriah venait de le comprendre. Sa colère retomba et son aura devint rouge pâle.

- Je ne sais pas quoi te dire Asturion.

- Alors ne dis rien. De toute façon, dans tous les cas, j'ai perdu.

- Je n'ai jamais caché mes sentiments pour Yad.

- Non, c'est vrai. Mais il n'a jamais été question non plus de se séparer ni de choix entre lui et moi avant.

- C'est vrai mais la question ne se posait pas. Oh Asturion, pardonne-moi. Je serai si mal si tu ne le fais pas avant que je ne m'en aille.

- Comment ne pas pardonner à celle qu'on aime et qu'on va perdre à jamais ?

- Oh Asturion. Ne dis pas cela. Je suis anéantie.

- Et si ton plan échoue ? Si tu ne le retrouves pas ? Tu m'auras perdu moi aussi. En es-tu consciente ?

- Je pense que oui. Je ne pourrai jamais te rendre l'amour si grand que tu me donnes.

- Si... Tu aurais pu. Mais tu as choisi une autre voie. Rappelle-toi que nous créons ce que nous voulons. Tu exécutes par ce choix ta volonté. Et je ne fais pas partie de tes projets.

- Tu choisis toi aussi de voir les choses de façon très rude.

- C'est un demi-choix.

- Oui, je ne t'en veux pas Asturion. Je suis la seule coupable des maux qui t'accablent.

- Non, je ne pense pas. Le principal responsable, c'est Yad...


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