Chapitre 48

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Depuis sa discussion avec Jivan, Hardik réfléchissait beaucoup au sens de sa vie. Disons, encore plus qu'avant. Chaque jour, le dispensaire était plein de nouvelles personnes qu'il essayait de guérir. Parfois, il y parvenait. D'autres fois, non. Il n'y avait pas de règles et Hardik s'interrogeait sur les lois qui le guidaient lors de ces guérisons spontanées. Quel rôle jouait-il, lui, à l'intérieur de tout cela ? Cette question était un peu schizophrène mais quelque part, Hardik avait admis, que les guérisons spectaculaires dont il avait été l'auteur, n'étaient pas son œuvre directe. Cela ne faisait plus aucun doute pour lui, sinon il aurait pu sauver son père ! La force qui agissait en lui décidait de sauver qui elle voulait selon un dessein que lui, Hardik, ignorait. Cette dualité était assez complexe à énoncer car Hardik se sentait à la fois utilisé par une force inconnue et doté de supers pouvoirs qui le dissociaient nettement de ses amis.

Lorsqu'il pensait à la route effectuée, toutes les circonstances l'avaient mené où il était pour faire ce qu'il faisait, c'est-à-dire, soigner des tas de personnes en pleine jungle !

S'il n'était pas parti de chez lui, les choses auraient été surement différentes. Quelle existence aurait-il mené ?

Comme toujours, ses pensées les plus noires l'emmenèrent vers Mayia, vers son père, vers cette famille qui avait fait son bonheur et les repères de son enfance. Tout cela se trouvait maintenant face à lui comme un vaste trou noir, béant et aspirant sa joie de vivre.

Ce jour-là, le dispensaire était comme à son habitude, plein à craquer. On aurait dit que le malheur des hommes augmentait avec sa mélancolie. Hardik ne rechigna pas à la tâche. Il s'attachait à être le plus disponible possible même si son esprit était ailleurs. Alors que son estomac lui rappelait qu'une longue journée avait eu lieu, un dernier patient avait eu le courage de l'attendre. La luminosité avait fortement baissé et il ne le distinguait qu'à moitié mais l'instinct d'Hardik était puissant et devant cet inconnu, il se figea. Celui-ci se leva. L'inconnu était blanc. Un occidental. Et plus, il s'avançait vers lui, plus il lui semblait connaître cet homme. Oui, il le connaissait. Celui-ci brancha un petit boitier qui lui permettait de traduire sa langue pour mieux se faire comprendre.

- Bonjour Monsieur Hardik. Vous me reconnaissez ? Je suis Diégo Gonzales. Il y a un an de cela, vous avez sauvé ma femme Adelina qui était mourante. Elle venait d'être attaquée par un tigre. Est-ce que vous vous souvenez Monsieur Hardik ?

Maintenant, Hardik avait totalement reconnu Diégo Gonzales. Il se souvint de son appel au secours pour sauver sa femme, de la grange où il avait vu s'échapper le sang de son corps puis du malaise qu'il avait eu à la suite de sa guérison. Que venait donc faire cet espagnol hors de son pays à la fin de la journée ?

- Je me souviens répondit uniquement Hardik, prudent.

- Ah, mon sauveur Hardik ! Il s'en est passé des choses pour ma femme depuis notre rencontre. Vous avais-je dit que j'étais journaliste ? Ce n'est pas grave... Quand nous sommes rentrés au pays, nous avons été obligés de raconter cette guérison miraculeuse dont Adelina a fait l'objet et peu après, les demandes ont afflué de partout pour vous rencontrer Hardik. Des milliers de demandes dans toute l'Europe et parfois au-delà. Nous n'avons pu rester insensibles à tant de malheurs. Alors, nous avons décidé d'exaucer le vœu de trois personnes, trois familles plus exactement. Nous les avons tirées au sort et nous les avons emmenées ici avec nous. Ces personnes sont très malades et elles ont l'espoir que vous les guérissiez comme vous l'avez fait pour Adelina. Elles ont repoussé toutes leurs limites pour venir jusqu'à vous. Qu'en pensez-vous ?

Hardik n'avait pas bougé d'un pli. Plus Diégo Gonzales avançait dans son histoire, plus il comprenait le motif de sa présence. Il faisait ainsi le lien avec ces occidentaux qui le cherchaient. D'ailleurs, il avait reconnu Keth, ce guide, qui l'avait mis en colère, dans l'entrebâillement de la porte.

Avant la vieWhere stories live. Discover now