Chapitre 35

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Deux semaines s'étaient écoulées depuis le prime time de l'émission. Louis, Odette, Alice et Rolf entrèrent dans le hall de l'immeuble de la chaine de télévision espagnole. Ils avaient pris l'avion de Paris à Madrid. A l'aéroport, un guide était venu les chercher. Alice avait surmonté tous les obstacles du voyage entourée des siens mais elle doutait de sa capacité à effectuer un voyage aux confins de l'Inde. Une hôtesse les dirigea vers le 6ème étage de l'ascenseur. Plusieurs personnes s'y trouvaient déjà. Ils ne seraient pas seuls. Néanmoins quatre beaux fauteuils à leur droite les invitaient à s'asseoir. Rolf dirigea Alice de suite vers ceux-ci. Louis et Odette suivirent silencieux. L'ambiance de la salle d'attente était très feutrée malgré les deux autres familles également présentes. La famille d'Alberto Bilotsi était au complet. Il était accompagné de sa femme Ursula et de ses trois enfants, Tony, Stella et Luigi. A leur côtés, Sébastian et Francesca Gava et leur petit garçon de neuf ans, Adam, les regardaient patiemment.

Lorsque Alice et les siens entrèrent, c'était comme si instantanément, ils avaient tous su qui ils étaient. Il faut dire que malheureusement le handicap ou la maladie laissait assez de signes extérieurs pour que ce soit ainsi. Les trois enfants Bilotsi étaient assis tous les trois sur un fauteuil roulant. L'ainé, Tony, n'avait pas plus de dix ans. Malgré leur détail encombrant, ils avaient tous eu le même réflexe à l'entrée des Renaud : Un immense sourire avait illuminé leurs visages d'anges. Tenant clairement de leurs parents, ils avaient souri à l'identique dévoilant toutes leurs dents à l'entrée d'Alice.

Un peu sur la droite, le crâne dénudé du jeune Adam Gava appelait la compassion. Sa silhouette était frêle et chétive. En contraste, son immense regard bleu azur scrutait avec vivacité l'entrée d'Alice et son installation maladroite dans la salle d'attente.
Alice était mal à l'aise. Avec l'aide de Rolf, elle avait réussi à s'installer rapidement sur une chaise. Elle ne distinguait plus que des ombres à ses côtés sans plus de précisions. La lourdeur de l'ambiance aurait pu faire exploser l'immeuble.

Ils ne restèrent pas ainsi longtemps à attendre. Des pas pressés à l'autre bout du couloir se rapprochèrent vers la salle d'attente. Adelina Gonzales apparut dans l'encadrement de la porte.

- Bonjour à tous. Merci d'être venus de si loin. Je vous ai préparé un petit rafraichissement près de mon bureau. Ça va aller pour me suivre ?

C'était comme si les trois familles étaient venues là pour un examen d'embauche. En un clin d'œil, elles se mirent en mouvement en même temps. Les Bilotsi aidèrent leurs enfants en fauteuil à manœuvrer autour de la petite table dans un espace restreint tandis que Rolf soutint Alice qui s'agrippait bien à lui. Les trois familles suivirent Adelina Gonzales jusqu'à une pièce servant de salle de réunion à l'ordinaire. Sur la table centrale se dressait des rafraichissements et des gâteaux. Adelina les invita à s'installer. Elle ressentait leurs tensions et elle était elle-même très tendue. Elle souhaitait faire attention à son vocabulaire. Elle ne voulait pas blesser par inadvertance. L'exercice n'était pas forcément simple.

Enfin, ils se trouvèrent tous à table. La salle bénéficiait d'une belle lumière extérieure par l'intermédiaire d'une grande baie vitrée dévoilant le panorama de Madrid. Adelina servit à boire à chacun et demanda à ce qu'un tour de table soit effectué.

- Alberto Bilotsi, le papa, quarante-huit ans, commerçant.

- Ursula Bilotsi, la maman. Quarante-deux ans. J'élève mes enfants.

- Tony Bilotsi, quatorze ans. J'aimerai devenir vétérinaire.

- Stella Bilotsi, douze ans, je suis à l'école.

- Luigi Bilotsi, j'ai neuf ans et je vais aussi à l'école.

- Sébastian Gava, le papa, j'ai quarante-trois ans et je suis réparateur d'instruments de musique.

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