Chapitre 60

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Attiré par les cris de Monseigneur Blasco appelant maintenant Diégo et Adelina de toute sa voix, ceux-ci rentrèrent avec force dans le dispensaire. A genou, Monseigneur Blasco essayait de ranimer Hardik qui visiblement ne bougeait plus. Alice était au sol, enlacée à Hardik, pleurant et se blottissant contre lui. Diégo arriva en quatrième de vitesse à leurs côtés. Il était suivi par toute l'équipe. Adelina, apercevant Hardik, tomba à genou de douleur. Diégo releva son épouse tant bien que mal.

Rolf dépassa les techniciens en jouant des coudes, angoissé par ce qu'il allait découvrir. Louis et Odette Renaud se bousculaient aussi à l'entrée du dispensaire et arrivèrent d'un pas haletant.

Lorsque Rolf vit Alice au sol, il n'essaya même pas de comprendre la situation. Il entendit à peine Monseigneur Blasco disant à Diégo qu'Hardik avait l'air mort. Il saisit Alice par les épaules, la leva en la portant dans ses bras avec une force incroyable la libérant ainsi pour toujours des bras de Hardik. Il reposa Alice plus loin dans la pièce. Alice se tenait avec peine debout. Elle distinguait chaque élément de la scène. Son regard se porta sur Hardik. Il ne bougeait plus. Il était mort, parti. Elle ne le reverrait plus jamais. Yad l'avait abandonnée. Tout avait été si vite. Ce qu'elle venait de vivre était unique. Elle le savait mais elle avait tant de peine. Son cœur était si meurtri. Ses émotions étaient si amples que son cœur débordait. Puis elle fit face à Rolf. Il la regardait avec tant d'amour. Elle redécouvrait son visage. Ses cheveux d'or et son regard bleu lui conféraient le visage d'ange qui l'avait séduite, il y a si longtemps sur le banc de l'exposition. A cet instant, Louis et Odette Renaud enlacèrent Alice comme s'ils l'avait perdue. Rolf ne la lâchait pas des yeux, la regarda de près, s'approcha d'elle et avec une voix étranglée, il dit :

- Mais tu vois Alice... Tu vois... Tu es guérie...

Louis et Odette s'arrêtèrent de bouger et regardèrent Alice. Louis devint chancelant.

- Est-ce vrai ma fille ? Est-ce que Rolf dit vrai ?

Alice les regarda, tous autour d'elle. Elle se jeta dans les bras de son père.

- Oui Papa. Je vois... Hardik m'a guérie avant de partir... dit Alice

- Mais que s'est-il passé ? Pourquoi est-il inanimé ainsi ?

- Je... je... ne sais pas... répondit Alice la tête entre ses mains.

Un médecin annonça qu'Hardik était mort. Son cœur ne battait plus. Tout le monde était sous le choc, en particulier Diégo et Adelina.

Quelqu'un entra à vive allure dans le dispensaire et traversa la foule. C'était Jivan. Lorsqu'il aperçut son ami à terre, il comprit de suite qu'il avait accompli son destin. Il regarda Alice. Alice soutint son regard. Il comprenait maintenant. Tout était clair.

- Vous avez pu lui dire au revoir ? demanda-t-il à Alice en refoulant ses larmes.

- Oui, fit Alice en pleurant.

- Savez-vous s'il est heureux ?

- Oui, il m'a paru l'être.

- Alors soyez heureuse pour lui. Il n'a fait que vous attendre toute sa vie. Vous étiez son but ultime qui le retenait ici sans qu'il ne le sache lui-même. Vous êtes Siriah n'est-ce pas ?

- Oui... je suis Siriah, mais comment savez-vous ?

- Je sais. Un point c'est tout.

Jivan se retourna et s'adressa à Diégo :

- Vous êtes content de vous, j'espère !

Jivan salua Alice en s'inclinant puis sortit du dispensaire. Il allait prévenir le village qu'il fallait organiser les funérailles d'un maître parti rejoindre son Dieu, le Dieu de tous les Dieux...

Rolf était inquiet.

- Alice, qui est Siriah ? Qu'est-ce que cet homme raconte ? Tu le connais ? Tu sais de quoi il parle ?

- Il parle d'une autre femme. La femme d'Hardik.

- Tu la connais cette femme ? Elle est venue ici ?

- Oui. Elle est venue et elle repartie, elle aussi.

- Je ne comprends rien à ce que tu racontes. Tu es choquée par tout cela, c'est normal. Je vais demander à ce qu'un médecin t'ausculte.

- Je n'ai pas besoin de médecin. Je suis tout à fait normale.

- Excuse-moi Alice. Tout ceci est horrible.

- Oui c'est difficile.

Tout le monde était extrêmement choqué par ce qui venait de se passer. Les villageois commençaient à arriver en masse. La nouvelle du décès d'Hardik se répandait rapidement.

- Je vais vous conduire au bus. Vous pourrez vous y allonger et vous isoler... indiqua Brayton qui se tenait derrière Alice depuis quelques instants.

- D'accord. Oui. J'ai besoin de prendre un peu de recul sur tout ceci. Mais avant de partir, je voudrais saluer Hardik...

- Ne fais pas cela ma chérie dit Rolf. Cela va t'attrister encore plus, il est décédé.

- Je sais ce que je fais lui répondit fermement Alice.

Alice fit quelques pas et se fraya un chemin dans le cercle de personnes qui entouraient le corps d'Hardik. Elle s'agenouilla à ses côtés, prît l'une de ses mains dans la sienne et plongea son regard sur son beau visage dont les yeux étaient fermés à tout jamais. 

Avant la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant