REGARDE MOI. changlix

8

Il était tôt. Très tôt. Quatre heure du matin pour être précis. Je m'étais levé, sur-excité à l'idée de sortir quelque part sans savoir où avec Felix. Hier soir, il m'avait proposé qu'on aille dans les villes voisines, visiter juste nous deux et boire et manger ce qu'on voudra. Ça m'a plu alors j'avais mis un réveil dix minutes avant, sept minutes pour me lever et trois pour m'habiller. Un rapide brossage de dent puis j'avais ouvert tout doucement la porte de ma chambre afin d'aller prendre un verre d'eau frais dans la cuisine. Aussi discret, j'avais tiré l'eau du robinet puis j'en avais bu quelques gorgées.

- Déjà debout ?

- Put- Dongsun tu m'as fait super peur..

J'avais marmonné en posant ma main sur mon cœur pour le calmer. Ma sœur était en robe de chambre, démaquillée et coiffée d'un chignon négligé.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Son ton était dur, comme si elle m'en voulait de filer en douce loin d'eux.

- Je sors.

- À quatre heure du mat' ?

- Exactement.

- Avec qui ?

- Bon tu veux quoi ? je soupirais en me retournant pour la regarder.

Elle était restée silencieuse quelques secondes avant de me tendre une boîte blanche. J'avais froncé les sourcils en regardant mais elle avait insisté pour que je la prenne.

- Ce sont de très bons anti-douleurs. Les meilleurs.

Surpris, je l'avais observé avant de la remercier timidement en mettant la boîte dans ma poche. Elle était restée face à moi encore un peu puis elle avait fini par me faire dos, sûrement pour retourner dans sa chambre.

Un peu étrange tout ça.

Un message de Felix fit vibrer mon téléphone et la seconde d'après, j'étais dehors accompagné de mon ami qui m'indiquait qu'il y aurait un bus dans une vingtaine de minutes, il fallait juste qu'on se dépêche un peu pour l'avoir. Je n'avais pas eu le courage de lui avouer que je n'avais pas vraiment la force ou le souffle pour faire plus que un kilomètre heure, donc j'avais pris sur moi et j'avais fait des pas aussi grands et rapides que possible.

Dans le bus, je m'étais assoupi dès que mes fesses avaient posé le siège. J'étais épuisé. Comme si j'avais pris un coup de massue sur la tête. Tout tambourinait, les décors tournaient autour pour me faire perdre la tête.

- Changbin ? me réveilla soudainement la douce voix grave de mon voisin. Changbin tu te sens bien ? T'es tout pâle.

J'avais lourdement dégluti avant de tenter un faible sourire. Rapidement, je sortis les anti-douleurs que ma sœur m'avait passé très tot ce matin puis je m'étais tourné vers lui.

- Tu as de l'eau ?

Il prit son sac, le posa sur ses genoux pour farfouiller dedans avant de me passer une bouteille d'eau sans un mot. Il me regardait. C'était un peu perturbant mais pas gênant. Est-ce qu'il me trouvait beau ? Est-ce que je lui plaisais ? Je n'avais pas eu le temps d'y penser plus que je m'étais retrouvé avec les médicaments qui descendaient le long de la gorge, et je n'avais plus qu'à attendre les effets.

- Tu te sens mieux ?

- Ouais... Merci, je lui tendis à nouveau sa bouteille. Désolé.

- Pourquoi ?

- D'être un fardeau.

- Tu ne l'es pas. Je trouve ta présence très agréable et réconfortante.

Je regardais mes pieds mais j'avais l'immense espoir qu'il ne voyait pas mes joues devenir rouges écarlates la seconde après ces belles paroles. On ne m'avait jamais dit ça. C'était plaisant. Toute ma vie je me suis senti comme un fardeau, encore plus depuis que je suis malade mais Felix, en quelques mots, venait de me rassurer, comme si tout cela n'était rien. Comme si j'étais apprécié.

- Tu sais, continua-t-il, ma grand-mère ne m'apprécie pas beaucoup.

- Ah bon ?

J'avais relevé un sourcil en même temps que ma tête pour pouvoir le regarder.

- Ouais. Il hocha la tête. J'ai envie de te dire un secret. Sûrement parce qu'il est super tôt et qu'on est crevé, il pouffa.

- Vas-y dis moi.

- Promets moi de ne pas me détester après.

- Promis.

Même s'il m'avouait qu'il était un assassin je n'aurai pas le temps de le détester ou d'avoir peur de lui. Chacun fait des erreurs j'imagine.

- J'aime les garçons.

Je fronçais les sourcils en continuant de le regarder, essayant d'y déceler le moindre mensonge.

- Quoi ? il continua, pas gêné du tout.

- Pourquoi je te détesterai ?

- Parce que ma grand-mère ne m'aime pas trop pour ça.

- Ta grand-mère devrait prendre conscience qu'il ne faudrait pas gâcher le temps restant dans la haine et la rancœur.

Il avait haussé les épaules sans rien ajouter. J'avais fait une belle phrase et aucun commentaire dessus, j'étais un peu déçu mais au final, peut-être que Felix n'aimait pas la philosophie, ce qui était compréhensible. Réfléchir fait des noeuds au cerveau.

- Attends mais du coup t'es gay ? je fis remarquer.

Il s'était pincé les lèvres en me regardant comme si j'étais un débile avant de doucement hocher la tête.

- Du coup oui...

- Lourd ! Tu as eu beaucoup de copains ?

- Non.

- J'ai pas eu beaucoup de copines non plus, je ricanais en le regardant.

Il était beau.

- J'arrive pas à croire que t'es vierge... Pouffa Felix en détournant le regard.

- Bah pourquoi ?

- Je sais pas t'es trop... Trop beau et intéressant, et gentil aussi, toutes les filles rêvent d'un mec comme toi.

- Je t'avoue que j'étais plus intéressé par mes études.

- Oui mais maintenant que tu as abandonné, tu vas pouvoir fréquenter quelqu'un !

J'avais haussé les épaules, il fallait bien oui. Je ne voulais pas mourir en étant vierge de tout contact humain mais l'idée de faire l'amour avec quelqu'un qui m'était inconnu n'était pas franchement attirante. Je ne voulais pas coucher pour dire que j'ai couché, mais rencontrer l'amour avec un si court laps de temps était mission impossible.

- T'inquiètes pas, je t'aiderai, ajouta Felix comme s'il lisait dans mes pensées.

- Alors je t'aiderai à trouver un mec aussi alors.

- OK. Deal ?

Il m'avait présenté sa main pour que je tape dedans. Il avait des petites mains et petits doigts, c'était mignon. Tout était mignon dans ce mec ou quoi ?

- Deal. Et je veux aussi qu'on trouve un marchand de glace à l'italienne.

Il avait froncé les sourcils avant de ricaner en acquiesçant doucement.

- Ok, on cherchera ça. Au fait, ce soir tu ne rentres pas chez toi.

Je l'avais regardé, étonné mais l'idée de faire le mur était plutôt amusante.

- J'ai prévenu ta soeur, compléta-t-il. Elle est d'accord.

Ah raté. Bon au moins rien aux parents, c'était déjà ça.

- On dort où ?

- On verra.

C'était pas la réponse auquel je m'attendais mais soit, Felix était le guide durant cette journée, et nuit aussi.