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Le soir suivant le repas désastreux avec ma famille, je n'avais plus la force de me battre pour tenter de créer les derniers souvenirs possibles tous ensemble.

J'étais épuisé, mentalement mais aussi physiquement, je sentais que j'avais considérablement perdu de la force en quelques mois. Lorsque je suis sorti de la maison pour aller m'assoir sur le banc, un vent frais m'avait obligé à aller chercher puis enfiler un pull, une fois revenu sur le banc j'étais presque haletant, épuisé et déshydraté.

C'était étrange, sentir la vie me quitter petit à petit était une sensation que je n'appréciais guère. À cet instant, j'avais revu chaque course à pieds que je m'étais tapé dans ma vie, que ce soit en cours de sport, parce que j'avais oublié quelque chose, parce que j'étais en retard, toutes. J'étais vivant et je n'en avais jamais profité. J'aurais pu exploiter cette force, construire quelque chose, aider des gens, voyager, sauter, nager, que sais-je encore... À la place, j'ai étudié à m'en rendre malade.

Au loin, j'avais aperçu Felix se diriger vers la maison, les mains dans les poches. Il s'était approché à petits pas, peureux mais très curieux sur ce qu'avait dit mes parents par rapport à notre relation.

- Oh, ils s'en fichent, j'avais simplement répondu avant de détourner le regard pour admirer la mer tapis dans l'ombre.

Étonné, Felix s'était assis à mes côtés avant de poser sa main sur ma cuisse.

- Comment ça ?

- Ma mère m'a dit qu'elle s'en fichait, et mon père n'a rien ajouté de plus.

Ses paupières avaient cligné légèrement puis il avait regardé au loin à son tour, visiblement tres surpris.

- Eh bien... Tant mieux alors... soupira-t-il. Comment te sens-tu ?

- Je suis fatigué Lix...

- Tu as pris un anti-douleur ?

J'avais hoché la tête de haut en bas, mais la fatigue n'était pas douloureuse. Saigner du nez, sentir des couteaux traverser son cerveau, des milliers d'aiguilles s'enfoncer dans ses organes, ça c'était douloureux et grâce à la science, j'avais le pouvoir de les atténuer rien qu'en prenant un médicament. Mais la fatigue, elle, était toujours là, c'était même pire quand j'abusais du médicament.

Felix resta assis à mes côtés sans dire un mot durant un long moment. Nous nous contentions de nous apaiser au son des vagues, nos doigts entrelacés. C'était calme et consolant.

- Aurais-tu aimé passer plus de temps à mes côtés ? demanda soudainement mon petit ami.

- Bien sûr. Évidemment. Je donnerais tout pour avoir quelques années de plus à tes côtés.

- Tu n'es pas avec moi parce que c'est ton dernier plaisir avant la mort ? Peu importe avec qui tu le fais ?

J'haussai les épaules, qu'est-ce que c'était que ces stupides questions ? J'étais revenu parce que je refusais de mourir seul et également car j'avais envie de découvrir les plaisirs de l'amour, j'avais trouvé ce désir et amour chez Felix. Mais il me plaisait, réellement, auquel cas je ne lui aurais sûrement pas fait part de ma santé. J'aimais Felix.

- C'est sûrement ce que j'ai dû me dire la première fois qu'on s'est rapproché.

- Ce n'est plus le cas ?

- Je t'aime Felix. Si ce n'était pas toi alors ça n'aurait été personne.

Cette réponse sembla lui convenir au vu du sourire qu'il m'offrît quelques secondes plus tard.

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