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En parlant avec ma famille et Felix, je pensais qu'un poids allait se retirer de mes épaules, mais finalement, il n'avait que glissé sur ma poitrine.

Depuis mon passage à l'hôpital, mes parents n'étaient pas retournés au travail. Les volets n'avaient pas été levés, on entendait l'horloge compter le temps qui passe, c'était comme si la mort avait déjà soufflé un avant-goût de l'avenir. C'était terrifiant.

J'étais perdu, je me sentais coupable de mourir, mais en quoi était-ce ma faute ? Je n'avais pas prié nuit et jour pour que mes cellules se mettent à dégénérer. J'étais la victime mais pourtant, je n'arrivais à me sortir de la tête que j'étais le coupable.

Dongsun était collée à son fils, elle le couvait beaucoup trop depuis quelques jours. Papa et maman faisaient des allers retours entre leur chambre et la cuisine, mais personne ne parlait. C'était stupide, bien trop stupide, il me restait six mois, personne ne voulait en profiter ? Ils préféraient oublier ma voix, mon odeur, mon rire, de mon vivant ? C'était étrange. J'avais simplement supposé que chacun gérait la nouvelle comme il pouvait, sans savoir qu'elle les avaient complètement détruit en quelques secondes.

C'était vraiment une mauvaise journée, comme je les détestais.

Alors que le soleil ne tardait pas à aller se coucher, j'étais parti rejoindre Felix sur la plage, comme on se l'était promis hier soir. C'était une belle sensation, revoir mon amant après une nuit de folie, entre rire et pleure.

Lorsque je l'avais rejoins, Felix était assis sur le sable, habillé d'un short de bain et d'un teeshirt à manche longue comme à son habitude. Il n'avait décroché son regard de l'horizon seulement lorsque j'avais posé mes fesses à côté des siennes.

Son petit sourire m'avait illuminé, il était incroyable. J'étais content de le revoir, j'avais peur qu'après m'avoir vu cracher du sang il décide de m'abandonner mais ça ne semblait pas être le cas, à mon plus grand bonheur. Du moins, j'espérais qu'il le soit aussi. J'avais ouvert la bouche pour le saluer mais il m'avait coupé en se penchant pour embrasser ma pommette, avec beaucoup de délicatesse comme il savait si bien faire, puis un nouveau sourire, cette fois-ci un peu plus timide.

- Je suis content de te voir, m'avait-il dit comme s'il lisait dans mes pensées.

- Moi aussi Lix.

- Comment tu te sens ?

Je l'avais regardé dans les yeux avant d'hausser les épaules.

- Ça va. Du moins, je me sens bien.

- Et ta famille ?

- Un peu moins. Ils ne m'ont pratiquement rien dit depuis des jours, ils sont enfermés dans leurs chambres.

Felix avait juste baissé le regard sur le sable sans rien oser ajouter quoi que ce soit d'autre. C'est vrai que c'était délicat mais pas interdit ou tabou, je ne voulais pas qu'il pense que ça me gênait de parler de ma maladie, au contraire, je voulais qu'il la comprenne et qu'il l'accepte car il n'y avait aucune autre issue que de la laisser me dévorer.

- Je me sens bien mais c'est vrai que c'est difficile de dormir avec des maux de tête constant.

- Tu as mal à la tête ? Je ne savais pas...

- Avec les antis douleurs du médecin, c'est supportable. Mais parfois, même avec, ça fait tellement mal que je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit.

Felix me regardait sans dire quoi que ce soit, il m'écoutait attentivement alors je me dis qu'il fallait peut-être en parler un peu plus.

- Mais depuis quelques temps, je saigne moins.

- Tu saignais beaucoup ?

- Ouais, je pouffais doucement. Quand je saignais du nez, je te disais que c'était la chaleur.

- Ce n'était pas ça... Moi qui pensais que t'étais juste pas habitué à la chaleur...

- C'est aussi le cas, mais désormais j'ai une bonne excuse !

Il avait souri faiblement mais je l'avais vu, ça me suffisait à me faire plaisir.

- J'arrive encore à utiliser tous mes membres sans trop de difficulté, je peux bouger et parler. Je suis content.

- Un jour tu n'y arriveras plus ?

- Fatalement, oui. Je finirais dans un fauteuil roulant, transfusé à longueur de journée alors que je me vide un peu plus de mon sang chaque jour.

Je l'avais aperçu baisser le regard et perdre son regard, mince.

- Mais ce n'est pas pour maintenant, Dieu merci, je souriais avant de me saisir de sa main pour la prendre dans la mienne.

Il était chaud, doux et agréable. J'avais envie de l'embrasser. Lui me souriait, avec un semblant de pitié dans le regard, je n'aimais pas ça mais il était vrai que je faisais pitié. 20 ans et condamné, c'est la honte un peu.

- J'aurais aimé que tu m'en parles plus tôt, avait-il repris. Que je puisse me faire à l'idée avant qu'on fasse l'amour.

Les joues rouges, j'avais détourné le regard vers la mer avant d'hausser les épaules.

- Je t'avoue que ce n'était pas prévu qu'on... qu'on le fasse...

- Qu'on fasse l'amour ? C'est vrai. Mais je suis content qu'on l'ait fait. Pas toi ?

- Si ! Si si, bien sûr que je suis content, je suis le plus heureux même !

Felix avait pouffé tandis que sa main venait se poser doucement sur ma joue, m'obligeant à lui faire face à nouveau.

- Moi aussi, murmura-t-il avant de poser ses lèvres contre les miennes.

Bordel que c'était bon, un nouveau souffle, j'étais invincible avec Felix à mes côtés.

C'était la vérité, j'étais heureux de faire ma première fois avec Felix, de l'embrasser, de vivre à ses côtés, de le réconforter et de me blottir contre lui. C'était si bon, si agréable.

- Tu viens chez moi ce soir ? demanda-t-il avant que je l'embrasse à nouveau à pleine bouche.

Ça voulait dire oui, avec plaisir. J'avais terriblement envie de lui, maintenant, mais qu'est-ce que j'avais peur que la maladie se manifeste à nouveau. Il fallait que je me munisse des anti-douleurs et surtout du produit contre les saignements. Même si Felix était désormais au courant de la condition, l'effrayer à nouveau et casser tout le romantisme n'était pas dans mes plans.

REGARDE MOI. changlixWhere stories live. Discover now