Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]

Chapitre 50 : L'Ombre de la Mort

Drën-Warnoff, vallée montagneuse, 12 : 10

Les cris affolants, perçus depuis leur repaire, provoquaient une peur naissante sur le visage des mercenaires. Une ambiance meurtrière sillonnait dans l'atmosphère.

Bien qu'alarmé, l'animosité s'empara de Barbe grise. Tout lui échappait complètement. Rien ne se passait comme prévu.

La troupe de pirates concentra leur regard apeuré vers l'allée ténébreuse. Des rafales de tirs à l'aveuglette s'enchaînèrent. Des cris d'agonie se succédèrent, en même temps que des poids lourds percutaient le sol. Puis, un calme morbide mit un terme à la cacophonie meurtrière.

Des gouttelettes de sueur coulèrent des tempes d'un Barbe grise angoissé. Il hurla le nom de ses hommes, terrés dans ce passage aventureux. Un silence froid, balayé par une brise chaude, fut sa seule réponse.

Le Krânien grinça les dents, courroucé.

Mille tonnerres, mais c'est quoi cette agitation ?

Il se retourna vers ses hommes.

— Vous quatre ! Allez voir ce qui se trame là-bas. Je m'attends à ce que l'un d'entre vous soit fichu de me donner une explication !

Le chef vit tant l'hésitation que la crainte du quatuor, à travers leur échange de regard commun. Cela le mit hors de lui.

— Vous êtes devenus sourds ? Exécution ! écuma-t-il impérativement.

À contre cœur, les pirates foncèrent tête baissée, dans le large couloir ombragé.

Barbe grise empoigna fermement l'un de ses mousquetons, fixés à sa ceinture. D'une mine rageuse, qui plissait davantage les rides de son visage, il effectua un premier pas en direction de cette allée. Avant de s'y résoudre. Il refusait d'abandonner son butin. D'un coup d'œil en arrière, il reluqua Khé-Khé, assise en tailleur à proximité du rocher, plongée dans une quasi-méditation. Isaiah restait niché derrière la masse rocheuse, à la grande surprise du Krânien.

— Cap'taine !

Barbe grise orienta la tête en avant. L'un de ses hommes débouchait de l'allée à toute jambe, comme s'il avait la mort à ses trousses. Le malheureux s'arrêta devant lui. Essoufflé, ce dernier courba le dos de fatigue, ses mains crasseuses appuyées sur ses genoux. Ses vêtements rapiécés étaient couverts de sang desséché et son visage, de contusions. Une blessure lui brulait le flanc gauche, mais c'était le cadet de ses soucis.

— Ha ! Ha !... Chef... Chef...

Parler s'avérait difficile en raison de sa course effrénée.

— Qu'est-ce qu'il y a, sacrebleu ! Qu'est-ce qui provoque tout ce raffut ?

— Ha !... nos hommes... morts, tous... tous morts... Partout. Il... Il est partout...

Barbe grise entraperçut un élément flagrant dans ses yeux. Sous son teint pâle, le pirate palpitait de peur.

— Qui est partout ? le questionna-t-il de nouveau.

Le jeune homme était au bord d'une crise d'angoisse. Sa tête pivotait dans tous les sens, comme pour échapper à un ravisseur.

— Lui... Il... Il est ici !

Le chef plaça une main sur son épaule, afin de le pousser à se calmer.

— Calme-toi et dis-moi juste qui est ici.

La réponse du sbire survint dans un cri, déchirant ses cordes vocales dans un dernier effort :

— La mort ! L'Ombre de la Mort est ici !

Barbe grise blêmit d'une peur bleue. Dans l'antre des deux rochers, un énième cri lacérant rompit le silence avant qu'un son strident ne mette fin au supplice. L'écho des hurlements surgit de partout : devant, derrière, à gauche, à droite.