CHAPITRE XXXVII.

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       EST SURPRIS
                 QUI VOULAIT              
                              SURPRENDRE.

   Dans la résidence des King, toute la famille était au grand complet. Le patriarche avait prié tout le monde d'être prêt au dîner auquel il avait convié Sébastien Wendworth. Chacun avait essayé d'en connaître les raisons mais devant le refus intransigeant du concerné de répondre, les spéculations partaient dans tous les sens. Pourtant cela ne les empêcha point d'être au rendez-vous. A huit heures trente, tout le monde était installé dans le salon avec un verre à la main. L'invité était attendu à huit heures quarante-cinq minutes. Comme Isaac était un maniaque de la ponctualité, il cherchait constamment à tester son entourage.

  Depuis son malaise, il avait pourtant beaucoup changé. Physiquement, il restait le même homme alerte en dépit de son âge et de ses rides. Patricia l'obligeait à faire de longues siestes et à manger selon les recommandations des médecins. Il aimait la chicaner juste pour le plaisir de voir l'amour et l'intérêt qu'elle lui portait. Patricia se consacrait à lui ne sortant qu'en de rares occasions. Il fallait dire qu'elle n'en avait guère le temps. Ils avaient reçu beaucoup de visiteurs venus le voir et lui souhaiter un prompt rétablissement. Isaac, cynique à son temps perdu, attendait que l'annonce de sa retraite soit annoncée pour voir si le même intérêt continuerait à être manifesté ou non. Il était à la maison depuis quelques jours et s'était attendu à sentir un certain étouffement ou nostalgie mais rien n'était venu. Il était heureux à la maison. Très heureux. Dorloté par les deux femmes de sa vie et celles de la famille, il n'avait pas de quoi se plaindre. Tout le monde lui obéissait au doigt et à l'œil cherchant à lui faire plaisir. Content de cet amour manifeste, il se montrait lui aussi, en retour, aimant, attentif et plus prodigue en gentillesse et amabilité. Il découvrait que cela ne coûtait absolument rien. Chose facile qui faisait des miracles et rendait les lieux si accueillants et les moments si chaleureux...

  - Alors, papa, vous ne voulez  toujours pas nous dire pourquoi vous avez décidé d'inviter Wendworth ? demanda Ron comme étant l'aîné de la famille.

   Isaac s'arrêta d'abord au niveau de l'usage du "vous". Si auparavant le vouvoiement de la part de ses fils lui faisait plaisir maintenant il lui donnait une sensation de gêne née de l'écart que le mot occasionnait. Trop de distance !

  - Je ne veux plus que l'on use du "vous" avec moi. Il est temps pour nous de devenir une vraie famille. Sans peur, ni distance. Pour ce qui est de mon invitation à Sébastien, et non pas Wendworth, vous saurez tout au moment voulu. Est venu pour moi le moment de reconnaître mes torts et réparer les dégâts que j'ai causés.

   À cet instant précis, le majordome vint prévenir de l'arrivée de l'invité. La sécurité au grand portail venait de l'en aviser. La sonnette de la porte d'entrée retentit et l'on entendit une domestique inviter le nouvel arrivé à entrer. Tous les regards se portèrent vers la porte du salon s'attendant à découvrir Sébastien Wendeworth. Chacun avec une idée différente.

   Patricia avait toujours voulu lui dire son fait après sa trahison à l'égard de sa fille. Elle aurait aimé le prendre par le collet et le secouer tel un prunier jusqu'à ce qu'il crie grâce, jusqu'à ce qu'il reconnaisse son méfait et rampe à genoux Elle n'avait jamais pu comprendre son geste. Comment préférer une simple petite roturière à... sa fille ? Une King ! Gaby avait TOUT alors que l'autre, sa maîtresse, n'avait RIEN. Non relativement au côté financier ou social ! Mais sur le plan purement personnel. Que d'écart entre elles ! Beauté, culture, intelligence, diplômes... Un écart entre le ciel et la terre. Entre la lumière et l'obscurité... Patricia dans sa hantise de voir cette femme avait chargé un détective de lui constituer un dossier sur elle. Une femme quelconque incapable d'arriver à la cheville de sa fille. Et pourtant il la lui avait préférée !

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant