CHAPITRE XXXIX.

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           PASSÉ ET PRÉSENT.

   - Prenez place, Sébastien, invita Isaac son hôte tout en prenant lui-même un siège.

   Au lieu d'aller s'installer derrière son bureau, il préféra s'asseoir dans le coin causette où se trouvaient un sofa avec deux chaises des plus confortables. Il en indiqua une à Sébastien avant de s'asseoir. A cet instant, un domestique arriva avec un plateau.

  - Merci, Pedro. Ferme la porte derrière toi, somma Isaac son plus jeune domestique, un mexicain qui travaillait chez eux depuis un an juste les week-ends. Élève en terminal et orphelin de père, il travaillait l'été pour économiser de quoi étudier. Son bac en poche, il comptait aller à l'université.

   - Ce que vous avez dit tout à l'heure sur le compte de Wendy est vraiment vrai ? demanda Isaac.

  - A propos ?

- À propos de son travail et de son talent.

  - Bien évidemment.

  - Comment vous êtes-vous rencontrés ? Elle a postulé pour le poste ?

  Sébastien ne comprenait rien aux questions d'Isaac tout comme il n'avait pas compris la raison de son invitation. Pourtant, il répondait avec bonne grâce car il savait que le temps des aveux était imminent :

  - Une simple rencontre fortuite due au hasard : elle s'est disputée avec la vendeuse dans une boutique de mode. Elle l'avait dédaignée car elle portait une toilette salie par le cambouis en essayant de réparer sa roue crevée...

  - Parce qu'elle sait, aussi, réparer une roue crevée !?

  - Il paraît que la belle et frêle Wendy sait et peut tout faire. J'ai été frappée par cette assurance et cette confiance en soi qui m'ont rappelé Gaby. Enfin, je veux dire Gabrielle.

  - Évidemment! Notre Gaby a toujours eu du tempérament ! Alors, elles ont de nombreux points communs. Donc, elle vous a rappelé Gaby et vous avez eu envie de voler au secours de la demoiselle en détresse...

  - En détresse !? Loin de là ! J'ai eu peur pour la pauvre vendeuse de qui elle n'aurait fait qu'une bouchée. Et heureusement que je suis intervenu sinon la vendeuse se serait retrouvée dans de beaux draps si une fois au commissariat on avait appris qui est vraiment Wendy.

  - En effet. Brian aurait coulé les affaires du propriétaire et fait de la vie de la vendeuse un enfer, approuva Isaac.

  - Il est donc si méchant ?

  - Méchant !? Qui ? Brian ? C'est un homme d'affaires féroce et intransigeant mais un homme bon jusqu'à la moelle. Et pour sa famille, il est prêt à se faire couper en menus morceaux pour son bonheur. Quant à ses amis, il donnerait jusqu'à sa dernière chemise.

  - Vous êtes des amis de longue date ?

  - Depuis presque toujours. Depuis l'âge de dix ans. Brian n'avait alors que la moitié de mon âge. Nous nous sommes rencontrés au cours d'un concours, ou plutôt d'Olympiades des maths, à New York. On avait lancé un challenge national et les lauréats, les dix premiers seraient reçu dans ladite ville, pour les éliminatoires. Nous avons passé une semaine dans une école privée, durant les vacances estivales. Le but était de voir si nous étions les vrais auteurs. Pas de net, pas de téléphone... Brian, le plus jeune pour ne pas dire le plus petit de nous tous, reçut le premier prix. Il est un prodige en maths ! A cinq ans, il était déjà capable de vaincre des bacheliers. Le jury a été littéralement subjugué.

  - Vous n'avez pas été jaloux de son succès ?

  - J'ai été classé second et parce que parmi nous il y avait certains mécontents, ils ont voulu se moquer de lui et de sa petite taille. A l'époque, il était trop petit, un peu trop maigrichon... On le surnommait le petit Poucet.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant