Chapitre 23

76 10 0
                                    

Quelques semaines plus tard, mon oncle m'a appelé pour me dire qu'un incendie avait ravagé la moitié de l'entreprise en pleine nuit. J'allais me retrouver en télétravail le temps des travaux.
Il m'avait demandé de me rendre sur place pour récupérer ce qui avait pu être sauvé, en plus d'un ordinateur, le mien n'étant pas sécurisé.
Li était venu avec moi, histoire de passer faire quelques courses en même temps. J'étais loin de me douter que, ce jour là, j'allais perdre mon travail, mais pas seulement.

Je n'avais pas encore eu le temps de mettre le frein à main en me garant sur le parking de l'entreprise, que Li m'a supplié de redémarrer.
Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état. J'avais déjà vu plus d'une fois l'angoisse sur son visage, mais pas à ce point là. J'ai cru devoir lui réapprendre à respirer normalement.
J'ai pu le calmer, non sans difficulté. Je lui ai répété que je ne laisserai plus rien lui arriver de mal. J'aurais juré qu'il était sur le point de pleurer.

- Dis-moi ce que tu as vu Trésor.

Il n'a pas répondu. Il s'est contenté de montrer du doigt la cause de son état. C'était la voiture de mon oncle.

- Qu'est-ce qu'elle a cette voiture ?
- C'est sa voiture...
- Je n'y comprends rien, tu connais mon oncle ?

Je n'ai plus rien entendu. Ni souffle, ni mot. Il s'est figé, m'a regardé, et j'ai compris. Mon cœur s'est brisé, mais ma rage a pris le dessus.

- Tu es sûr de toi ?

Il a hoché la tête, sûr de lui. J'avais déjà toute confiance en lui de toute façon. Je n'allais pas remettre sa parole en doute, mais je devais vérifier avant de faire quoi que ce soit.
Je suis allé sur le site internet de l'entreprise depuis mon téléphone portable pour y trouver la photo du patron.
Je lui ai montré, et il a confirmé. Son visage ne pouvait pas mentir et je savais qu'il ne pouvait pas se tromper.

- Ne bouge pas et enferme toi. J'en ai pour une minute.
- Non ! S'il te plaît...
- Il y a une chance que tu acceptes de le dénoncer ?
- Je ne veux pas, je ne peux pas...
- Alors je reviens vite, je te le promets.

J'ai pu gardé mon calme pour lui, mais je brûlais de l'intérieur. Mes jambes tremblaient et ma tête tournait. Je connaissais mon oncle depuis toujours, et je n'avais jamais rien vu. J'étais incapable d'imaginer une telle horreur venant de lui. Je savais pourtant que c'était vrai.
Je suis monté dans son bureau, me suppliant de me contrôler.

- Salut Sacha. Merci d'être venu.

Je n'ai pas pu répondre tout de suite. Lui qui avait toujours était comme un deuxième père pour moi, était en fait un monstre. J'aurais tellement voulu me réveiller, et me dire que ce n'était qu'un cauchemar. Il était pourtant bien là, devant moi, loin de se douter que je savais ce qu'il avait fait.

- Comment tu arrives à te regarder dans la glace ?
- De quoi tu parles ?
- Regarde, dans ma voiture...

Je lui montre la fenêtre du doigt. Il connaissait très bien cette voiture, il faut dire qu'elle ne passe pas inaperçue.
Je l'ai vu regarder vers elle, perdant instantanément le sourire avec lequel il m'avait accueilli.

- Tu le reconnais n'est-ce pas ?
- Que suis-je censé reconnaître ?
- Ça ne sert à rien de mentir, je sais ce que tu as fait.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Il n'a oublié aucun détail. Quand je penses que j'avais confiance en toi...
- Tu vas croire cette petite pute plutôt que moi ? Qu'est-ce ce que tu fais avec lui ?
- Tu viens d'avouer là. Tu me dégoûtes.
- Laisse moi t'expliquer.
- Quoi ? Que tu n'es qu'un porc, un taré pédophile ? Que ta place est en taule à subir ce que tu as fait à ce gamin ?
- Ne me parle pas comme ça.
- Et toi ! Dis-moi seulement, maintenant que je suis au courant, combien as-tu pu détruire de gosses comme lui ?

Tout est écritWhere stories live. Discover now