Chapitre 9

147 14 0
                                    

Mes mains tremblaient encore, c'était l'effet qu'il me faisait. Ma tête me disait de faire attention. Mon cœur et mon corps me soufflaient de me laisser aller. Deux contre un, le calcul était vite fait.
Il a dû voir que je tremblais puisqu'il a pris ma main pour la poser sur sa joue. Elle était chaude, comme s'il rougissait. Nos visages étaient si proches que je n'ai pas su résister. Ses lèvres m'attiraient. Leur forme parfaite et la douceur qu'elles venaient de m'apporter m'avaient fait craquer pour de bon. J'en voulais encore, j'en voulais bien plus.
J'avais résisté tellement de fois à cette envie de l'embrasser. Lutter contre le désir qu'il me provoquait avait été compliqué pour moi, presque une torture. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été attiré à ce point par quelqu'un, si ce n'est jamais. La raison m'avait rendu ma liberté, je me suis laissé porter.

Quand il a posé sa main sur mon torse, soulevant mon polo noir, j'ai cru m'enflammer. Il a profité d'un moment où j'ai failli perdre l'équilibre pour descendre de la table, me prendre par la main et m'entraîner vers ma chambre. Il est allé s'asseoir sur mon lit, sans lâcher ma main, me laissant face à lui. Je voyais l'appréhension dans son regard, comme s'il avait peur que je fasse marche arrière, que je le rejette. C'était loin d'être mon intention.
Les jambes tremblantes, je me suis rapproché, petit à petit. J'avais vraiment peur de me rendre ridicule. Luis avait réussi à me faire douter de moi. C'était peut-être pour ça que je n'avais fréquenté aucun homme entre ma rupture et ce fameux jour.
Pour lui, j'étais prêt à prendre le risque. Je ne pouvais pas me refuser de vivre éternellement. Chaque jour à ses côtés me procurait ma dose de bonheur, je ne voulais pas que ça change.

- Tu sais que je suis contre les vêtements d'extérieur sur mon lit ?
- Ah oui, pardon.

Il s'est levé avec un petit sourire, s'est séparé de son jean et de ses chaussures avant de se rasseoir. Sans vraiment y penser j'ai fait la même chose, le polo en bonus. Il a reculé et s'est appuyé sur ses coudes, l'invitation était trop tentante. Je me suis glissé au dessus de lui, en prenant soin de ne pas le toucher, comme si j'avais besoin de tâter le terrain.

- Tu comptes garder le reste ?
- C'est à toi de voir.

Sa façon de me regarder était en accord avec sa réponse. Ses yeux avaient littéralement scanné mon torse, avant de venir fixer les miens. J'avais résisté trop longtemps. Si nos corps avaient envie l'un de l'autre, je ne pouvais plus lutter.

~~
Il est resté un moment dans mes bras, faisant le tour de mon nombril avec son doigt, comme s'il essayait d'éviter le trou. Il était tellement captivé qu'il ne se rendait pas compte que je le regardais faire. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire quand il a levé les yeux vers moi et qu'il a enfin compris. Il a tout de suite arrêté.

- Tu peux continuer, ça ne me dérange pas.
- Je ne veux pas que tu me trouves bizarre.
- Etre soi-même n'est pas bizarre.
- Je le trouve fascinant. J'ai envie de mettre le doigt dedans pour voir s'il y a un fond. Le mien ressort, on dirait un téton atrophié, c'est moche.

Là encore, je ne pouvais que rire. Il était tellement sérieux. C'est ce qui faisait son charme. Il dit toujours facilement ce qu'il pense. Il a cette manie de scruter mes expressions quand c'est le cas, qui m'a toujours fait craquer.

- Toujours pas bizarre ?
- Non, toujours pas. Je te déconseille quand même de mettre le doigt dedans pour l'instant.
- Tu as raison.

C'était le genre de conversation improbable que je ne pouvais avoir qu'avec lui. C'est une des choses que j'aime le plus chez lui. Il est authentique. Il a aussi toujours eu un don pour placer ce qu'il a envie de dire à n'importe quel moment.

- Tu as attendu si longtemps juste parce que j'étais mineur ?
- Je ne pouvais pas faire autrement, c'est malsain. Je ne m'étais jamais posé la question avant, je n'aurais jamais pensé être attiré par quelqu'un d'aussi jeune.
- Ça va papi, tu as à peine sept ans de plus que moi.
- Je me suis quand même demandé si ça pouvait faire de moi un pervers.
- Qu'est ce que tu racontes ? Je suis consentant, et pas qu'un peu. J'ai atteint la majorité sexuelle depuis un petit moment de toute façon. Et puis... c'était écrit, tu allais le faire tôt ou tard.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Tout est écrit, rien n'arrive par hasard.
- Si tu le dis.
- Ça fait des semaines que j'attends. Je me demandais si tu allais te décider et me... enfin tu vois...
- Je vois...
- Pourquoi tu détestes autant ce mot ?
- Pour moi, un baiser c'est un bisou, donc baiser veut dire faire un bisou. Il a été détourné pour remplacer « tirer son coup ». En gros, ça veut dire qu'on veut de se vider les poches vite fait. C'est vulgaire et dégradant.
- C'est vrai que vu comme ça...
- L'être humain a besoin de douceur, d'attention, d'amour. Notre corps est plein de surprises. Il y a tellement de choses à explorer, ça mérite plus qu'un petit coup vite fait. Alors non, je n'ai jamais voulu te baiser, je veux seulement te faire l'amour.

Tout est écritWhere stories live. Discover now