Chapitre 11

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Le jour de sa sortie, mon frère est venu s'installer avec nous. Je voyais bien qu'il évitait Li. Il ne lui parlait pas, fuyait son regard.
Lorsqu'il s'est enfermé dans la salle de bain pour son petit rituel du soir, j'ai voulu régler le problème.

- Simon, tu pourrais faire un effort.
- C'est ce que je fais.
- Je vois bien qu'il est mal à l'aise, tu le regardes comme s'il était un animal sauvage.
- Je ne te comprends pas Sacha, qu'est ce que tu lui trouves ?
- Il est adorable, intelligent, passionnant, en plus d'être tellement attirant...
- C'est écœurant.
- Ton jugement est faussé, et tu le sais. Je ne te demande pas de l'aimer, juste de l'accepter.
- Je vais essayer, pour toi.
- Merci.
- Tu as une deuxième couverture pour que j'évite d'avoir les cuisses collées au cuir de ton canapé toute la nuit ?
- Tu ne dormiras pas sur le canapé, je te laisse mon lit. Tu viens à peine de sortir de l'hôpital.
- Je ne suis pas une petite chose fragile. De toute façon je ne dormirai pas dans ce lit en sachant que vous y avez sûrement fait des cochonneries.
- On en a peut-être fait quelques unes sur le canapé aussi.
- T'es sérieux ?
- Mais non, pas encore. Par contre, je serais toi je ferais attention au côté de la table que je choisirais.
- Dégoûtant.

Je n'ai pas eu le temps de répondre, Li était sorti de la salle de bain.
Tous les soirs, après s'être changé, il se lave les dents et s'applique une crème de nuit. Je me suis habitué à l'odeur d'aloe vera.

Simon a fait un effort et la soirée s'est plutôt bien passée. Il a insisté pour dormir sur le canapé et s'y est installé entre deux couvertures. Il ne se sentait pas très à l'aise mais je ne voyais pas ce que je pouvais faire de plus à ce moment là.
Li s'était couché contre moi, sous les draps. Lui aussi faisait bonne figure, mais je savais que c'était compliqué.
Malgré ses efforts, il sentait bien que mon frère le jugeait. Je l'ai serré dans mes bras pour lui faire comprendre que j'étais là, et j'ai pu voir son sourire à la faible lueur de la lune qui traversait ma fenêtre. J'avais besoin de lui, et j'avais besoin de mon frère. Il fallait trouver une solution pour que les deux se sentent bien.

J'y ai pensé toute la nuit et, le lendemain, j'en ai parlé à Simon. Li était sous la douche.

- J'ai beaucoup réfléchi cette nuit, j'ai peut-être une solution.
- Tu t'es rendu compte qu'il n'était pas pour toi ?
- Non, arrête avec ça.
- Désolé.
- Il te plait mon loft ?
- Je crois que oui, pourquoi ?
- J'ai bientôt fini de le payer, je pense pouvoir faire un autre prêt pour un deuxième appartement et j'ai besoin de m'éloigner un peu de ce quartier. Je peux te le laisser si tu veux. Tu pourras rester ici le temps qu'il te faudra.
- T'es sérieux ?
- C'est une mauvaise idée ?
- Tu y es si attaché que ça pour être prêt à déménager pour lui ?
- Tu trouves que j'avais l'air heureux ces deux dernières années ?

Il n'a pas répondu tout de suite. Il avait toujours été la personne la plus proche de moi. Il était bien placé pour savoir que j'avais raison.
Si je voulais partir de ce loft, c'était pour éloigner Li de ses mauvais souvenirs et fuir mon ancienne vie. Je pouvais me le permettre après tout.

- Tu es heureux maintenant ?
- Je pensais avoir touché le fond quand j'ai cru te perdre. Je l'ai rencontré en tentant de comprendre ce qui t'était arrivé. Il m'a redonné espoir et a réparé mon cœur. Je n'aurais pas tenu le coup sans lui. Il ne me manquait plus que toi pour être le plus heureux.
- Alors ça me va.
- Vraiment ?
- Je me suis trompé sur Luis, je me trompe peut-être encore cette fois. Je ferai ce que tu voudras.
- Tu sais que je t'aime petit frère ?
- Oh ça va, tu ne vas pas me jouer le sentimental.
- Je suis sérieux. Si je t'avais perdu...

Il s'est frotté le front, il me cachait quelque chose. Il faisait ça quand il ne savait pas comment s'exprimer.

- Qu'est ce que tu ne me dis pas ?
- Il y a quelque chose que tu ne sais pas...
- À quel sujet ?
- Si je n'arrive pas à regarder ton mec dans les yeux, c'est parce que je l'ai vu sortir de la voiture de Luis un soir.
- Tu ne l'as vu qu'une seule fois ?
- Oui, une seule fois mais...
- Alors je suis déjà au courant.
- Et ça ne te dérange pas ?
- Ce qui me dérange c'est que cet abruti de Luis ait pu coucher avec un mineur et que ça n'avait même pas l'air de le déranger. Li ne se rappelle pas de lui, mais il m'a dit que c'était possible.
- Ça m'enlève un sacré poids là.
- Tu peux tout me dire, je ne suis pas une petite âme fragile.
- Alors il faut que je te dise encore une chose... Ça me ronge de te le cacher.
- Là, tu me fais peur.
- Je ne te le dis pas alors ?
- Si, vas-y.
- J'ai revu Luis plusieurs fois, jusqu'à ce fameux soir.
Il a arrêté sa voiture devant moi et m'a demandé de monter. Je l'ai fait pour comprendre ce qu'il faisait là, mais ça a dérapé. Il a voulu m'embrasser et a tenté de me tripoter. Je me suis débattu et j'ai réussi à sortir de la voiture, en lui disant que tu allais en entendre parler.
En tentant de me rattraper, il m'a percuté avec sa voiture.

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