Hidden Face [EN RÉÉCRITURE]

30 - L'imprévu

La première semaine de vacances est passée à toute allure. Être à la maison me fait énormément de bien, mes parents et moi passons beaucoup de temps ensemble puisque mon père a pris quelques jours de congés pour qu'on puisse profiter de ces deux semaines. J'ai fait un après-midi shopping rien qu'avec ma mère, puis le soir venu mon père et moi avons été au restaurant tous les deux, pendant que ma mère dînait chez une copine à elle. Retrouver mes parents comme ça m'apaise et me fait tout oublier, c'est comme si quand je suis avec eux, tout le reste disparaît, mes soucis y compris.

Hier après-midi, mes grands-parents sont passés à la maison et comme à leur habitude, ils se sont sentis obligés d'être trop gentils avec moi. Depuis ma tentative de suicide, qui n'a échappé à aucun membre de ma famille, tout le monde me prend par pitié et ça m'agace sérieusement. Ils pensent tous que je suis fragile et que je suis prête à me jeter sous une voiture à chaque coin de rue et à tout moment, c'est fatiguant. Avoir tenté de mettre fin à mes jours a été la plus grosse erreur de ma vie et je pense, du moins je l'espère, la restera. Faire ça n'était pas la solution et ne la sera jamais. J'aurais du parler de ce qu'il me tourmentait depuis le début, seulement j'ai douté de mes parents en pensant qu'ils ne me croiraient pas. Après avoir passé quelques temps à l'hôpital, ma mère et mon père m'ont presque supplié de porter plainte contre Marc, ce que je n'ai pas fait. Je n'ai pas eu le courage de trainer cette affaire jusqu'au tribunal. Mes parents n'ont pas pu m'y forcer mais je sais que s'ils avaient pu, ils l'auraient fait sans hésiter. Et au fond je les comprends, si j'avais eu des enfants, à leur place, j'aurai fait la même chose qu'eux. Mais je me remettais à peine d'une tentative de suicide qu'on me parlait de plainte. Je voulais juste m'enfermer dans ma chambre et ne plus jamais en sortir. Je n'avais aucune envie de devoir supporter tout un truc qui aurait pris des mois et des mois. Je n'avais juste pas la force et le courage pour.

— Avalonne ?

Je sursaute et me tourne vers ma mère qui est à ma droite, les bras chargés. Je me dépêche de l'aider à porter les courses et les pose dans le caddie déjà bien remplie.

— Ça va ? Tu as l'air complètement ailleurs depuis que tu es rentrée.

— Oui ça va, ne t'inquiète pas.

Ma mère ne semble pas convaincue et elle plisse les yeux. Je connais bien cette façon de faire, elle essaie de lire en moi comme dans un livre ouvert.

— Tu me dirais s'il y avait quelque chose, pas vrai ?

Je déglutis péniblement. Elle sait que je ne suis pas douée dans le domaine du mensonge.

— Bien sûr que je t'en parlerais. Oh, t'as pas pris de Nutella ? Je vais en chercher, attends-moi là.

Et je pars rapidement dans le rayon qui m'intéresse. Ma mère doit se douter qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Elle a toujours réussi à deviner ce qu'il se trame dans ma tête. Et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. Je n'ai aucune envie de l'inquiéter avec mes problèmes passagers.