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« Cher guerrier Engelburg,

Je ne peux qu'être inquiète... Aux vues de l'état dans lequel votre lettre m'a été transmise, je ne peux m'empêcher d'imaginer dans lequel vous vous trouvez, ainsi que dans lequel vous vivez. Cela me déplait fortement. Un homme de votre rang ne devrait pas connaitre ces conditions-là. Je ferai mon possible pour que vous soyez accepté à la cour dès votre tardif retour.

Les mots que j'écrivis en vous visant sont ceux d'une femme sincère mon cher vice-capitaine... J'en pense chaque lettre au plus profond de moi. Gardez espoir... Je ne puis vivre en vous pensant mort...

J'ai peur guerrier Engelburg... Je fus prise de tremblements lorsque j'ai lu la description de votre quotidien... Comment parvenez-vous à ne point sombrer dans la folie ? Ou l'angoisse ? Je vous admire tellement... Vous voyez la mort chaque jour, ainsi que vos troupes, mais malgré ça vous trouvez la force d'aller les motiver au possible... Votre courage m'est incommensurable... La force dont vous faites preuve me donne envie de venir vous voir directement.

Malgré de simples mots écrits, votre courage m'a été transmis mon cher. Je suis décidée. Quoi qu'il m'en coûte, je viendrai vous voir. Accompagnée ou non, je viendrai vous témoigner directement ma reconnaissance et mon admiration. Une telle décision peut paraitre entièrement sotte, mais cela n'empêche qu'elle est celle de la reine.

Je ne puis attendre plus longtemps sans revoir votre visage si ferme, qui peut néanmoins témoigner tant de douceur... Je viendrai. Peu importe l'avis de la cour, peu importe les aléas que cela comprend.

Attendez-moi mon ami, j'arrive dans vos bras.

Mes amitiés,

La reine Friedberg »

D'une main ferme et déterminée, la reine fit les mêmes gestes que la dernière fois, et s'habilla chaudement. Elle cacha l'enveloppe dans son lit avant d'aller à la cour, là où le roi passait ses journées. Ce fut la première fois que la reine demanda une audience à son propre époux.

Elle entra dans la salle, sous les regards surpris des nobles qui étaient également présents. Sous tous ces regards interrogateurs, la reine ne laissa pas voir une seule once d'inconfort. Malgré ses airs éternellement certains et angéliques, elle réalisa qu'elle n'avait aucune idée de comment aborder ce sujet qu'elle savait sensible.

« Ma reine ? Que vous arrive-t-il pour demander une audience afin de me parler ? Commença le roi grisonnant, d'un air plus que surpris.

-J'ai à vous parler d'une décision que j'ai prise. Sachez tout d'abord que j'en suis déterminée. Peu m'importera votre jugement, j'irai au bout. »

Répondit la reine, plus déterminée que jamais. Tous se regardèrent d'un air perturbé, jamais une femme n'avait parlé ainsi à cette poignée de mâles ! Qu'est-ce qui pouvait autant déterminer la reine ?!

« Eh bien... Je vous suis tout ouïe Altesse. Dit le roi, totalement déboussolé.

-Je compte aller moi-même au front. »

Tous écarquillèrent les yeux avec un bruit de surprise avant de se retenir au mieux d'éclater de rire. Le roi seul se permit de rire de l'avance de la reine. Celle-ci d'ailleurs resta impassible, serrant uniquement un peu les poings, mécontente de se sentir si soudainement humiliée. Après tout, cela ne la surprenait guère de la part du roi qu'elle n'eut pas le choix d'épouser... Elle attendit patiemment quelques petites minutes avant de rétorquer.

« Avez-vous fini de glousser tels des dindons pour que je puisse obtenir réponse constructive de votre part messieurs ? »

Tous se calmèrent soudainement, la reine était décidément vraiment sérieuse dans sa démarche... Le roi se calma soudainement grâce à une quinte de toux artificielle avant de répondre.

Lettres au frontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant