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« Femmes !! »

La reine fut abasourdie lorsqu'elle vit un soldat se lever dans une tranchée afin d'alerter ses camarades de leur présence féminine.

« Des femmes !! Y'a des femmes !! Deux magnifiques femmes !! » S'exclamait-il en courant à travers les tranchées en boitant et n'étant vêtu uniquement de ce que les armes adverses avaient eu la générosité de lui laisser.

La reine se mit un peu en retrait, tandis que Luitgard était devant elle pour la protéger, semblant se transformer en une espèce de chien de garde humain. Les hommes quant à eux, se levaient et les regardaient comme des bêtes assoiffées de luxure. La petite rousse s'inquiétait... D'une part car elle se sentait inconfortable face à tant de... d'animaux, d'autre part car son blond adoré n'était pas présent...

C'est alors qu'un jeune brun vient à leur rencontre, semblant savoir se tenir devant une femme, comparé aux autres hommes.

« Bonjour Altesse. Fit-il en exerçant une révérence.

-Bonjour mon brave...

-Veuillez excuser nos hommes, ils n'ont pas vu de femmes depuis bien des mois, et reviennent d'un rude combat. Que puis-je faire pour vous satisfaire votre Altesse ?

-Je souhaite voir le vice-capitaine Engelburg, est-il ici ? ... »

L'homme paraissait simple et jovial, bien que quelque chose de sombre faisait place dans son regard d'azur. La rousse s'enquit davantage face à la mine négative que faisait le jeune homme. Son amant avait-il périt comme elle le craignait ? Le soldat gradé de surcroit se frotta la nuque avant de dire d'un air un peu désolé.

« Il a besoin de repos Altesse. Rassurez-vous, il est en vie. Malheureusement, les combats ont été rudes, et il en est bien la preuve. »

La rouquine royale soupira de soulagement.

« Puis-je tout de même le voir ? Il me manque... Je ne puis m'empêcher d'être inquiète depuis son départ en ces lieux... »

Elle resserra autour d'elle son manteau de fourrure lorsqu'un vent frais vint souligner le fait que ces lieux n'avaient rien d'agréable à vivre.

« Euh... Oui. Vous le pouvez, mais je vous demanderais de rester calme Altesse. Il doit se reposer, et ainsi être dans un environnement aussi calme que possible. Suivez-moi. »

Le jeune brun fit un signe de main aux femmes, tandis qu'il commença à marcher en leur tournant le dos. La reine le suivit, vite talonnée par Luitgard qui lâcha un dernier grognement sur un soldat qui avait les yeux un peu trop bas et insistant à son goût. Ils entrèrent dans une tente spéciale sur laquelle était cousue une croix rouge. La reine fut choquée. Jamais elle n'aurait imaginé entendre autant de gémissements de douleur -bien que faibles, mais tout de même présents- et voir autant d'hommes ainsi défigurés en un temps si infime. Le soldat s'enfonça de plus en plus dans la tente, jusqu'à atteindre une fermeture. Il l'ouvrit et laissa passer les deux femmes, en leur murmurant d'être calme.

Le visage de la reine se décomposa. Elle courut doucement vers le seul lit présent dans cette tente, oubliant les instructions du soldat sous la panique. Elle se jeta au chevet de son bien aimé pour vite venir lui serrer la main. Elle passa son autre main sur son torse, jusqu'à toucher l'effroyable bandage rouge écarlate qui cachait sa profonde plaie à l'épaule. La petite rousse eut un mouvement de recul dû à son effroi. Elle se mit à doucement sangloter, profondément touché du sort de son bien aimé. Luitgard détestait la voir dans cet état. Elle passa sa main doucement dans son dos, voulant la réconforter. Le vice-capitaine bougea doucement en fronçant un peu les sourcils. L'assaut de la reine dérangeait son sommeil.

« Mhh...

-Reiner ?? »

La reine releva les yeux en entendant le faible gémissement de son aimé. Luitgard, quant à elle, fut surprise d'une telle proximité dont la reine venait de faire preuve. Avant, elle était la seule à être appelée par son prénom par la reine. Elle se sentait quelque peu jalouse, déçue de voir que leur proximité n'avait finalement rien de très unique.

Sa majesté enlaça le blessé dans ses fins bras, le sentir à nouveau contre elle lui fit un bien fou. Le guerrier également semblait soulagé. Il afficha un léger sourire dans son sommeil, ainsi qu'un visage plus serein. Luitgard préféra s'en aller surveiller l'entrée. Maintenant que les soldats savent que la reine est là, on n'est jamais trop prudents !

Les secondes passent. Puis les minutes. Puis les heures...

Lettres au frontWhere stories live. Discover now