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C'était une froide soirée d'hiver. Le roi avait diné en présence des guerriers, afin qu'ils lui vantent leur talent d'escrimeur sur le terrain. Ce soir-là la reine avait été absente. Le roi ne se doutait de rien. C'était habituel pour la rousse de se promener dans les jardins à la lueur de la nuit... Trop obnubilé par les récits héroïques, il n'eut pas vu le temps passer.

La reine de son côté, se promenait effectivement dans les jardins, une plume ornée de dorures dans une main, un parchemin dans l'autre. Elle contemplait le satellite naturel de la terre, et les quelques lueurs qui comblaient la noirceur du ciel de nuit. Elle récitait à haute voix des mots doux avant de poser sur le papier son rêve d'amour véritable. L'amour qui n'est pas arrangé, celui qui se lit dans le regard.

Prise de légers tremblements dus au froid, la reine voulu aller dans un endroit plus chaud. Cependant, elle n'avait pas envie de revenir tout de suite au royaume... Elle décida alors d'aller dans une taverne, aussi pour aller s'hydrater la glotte. Bien sûr, elle n'allait pas boire d'alcool, et se faire discrète. Quel malheur pourrait-il lui arriver si les ivrognes présents découvraient que la reine est en leur compagnie !

Elle cacha sa tête dans son capuchon et entra donc dans une taverne qui avait l'air habitée par de joyeux galopins. Elle fut surprise de voir que des hommes, pour quelques-uns à moitié dévêtus, dansaient sur les tables de la taverne, une chope de bière à la main, en chantant comme des fous un peu trop heureux de vivre.

Elle décida de s'installer au bout du comptoir, plutôt éloignée de la bande de fripons. L'homme qui tenait la taverne alla vers elle en lui souriant.

« Bonsoir ma p'tite dame ! Qu'est-ce qui vous f'rez plaisir ?

-Euh... Un verre d'eau je vous prie. » Répondit la reine, désorientée de ce nouvel environnement jusqu'alors inconnu.

L'homme sourit et lui en servit un avant de plus s'intéresser aux autres hommes alcoolisés. La reine aussi les regarda, intriguée par ce bétail humain.

« Vous êtes du voyage ? Je ne crois pas vous avoir déjà vu. Demanda l'homme en remarquant le regard d'émeraude qui lui était encore inconnu.

-Non monsieur. Je suis du pays, je ne suis juste jamais venue ici. Répondit la reine, ayant trouvé une issue de secours pour ne pas avouer être la reine.

-Oh je vois ! Permettez-moi de vous présenter les hommes d'ici dans ce cas ! Ils sont habitués à venir, je les connais tous ! Cela vous intéresse ?

-Ah oui ? Je veux bien, si cela ne vous gêne point. » Répondit la reine en esquissant un sourire, un peu plus mise à l'aise par l'homme.

Celui-ci fit le tour des hommes présents, les présentant par nom, enfance, et grade. Car oui, ils étaient tous militaires. La reine s'arrêta un peu sur un homme blond qui était en train de faire un bras de fer contre un homme qui avait un corps plus frêle. Le blond n'était autre que le vice-capitaine Engelburg ! Un beau blond au regard brun, qui n'inspirait autre que la confiance qu'il avait en lui, qui assurait une protection et un certain charisme.

Le bras de son adversaire s'écrasa sur la table, tandis que le blond rit de sa victoire. La rousse sourit en voyant le vice-capitaine s'esclaffer. Celui-ci tourna son regard vers la dame et lui souris. La rouquine rougit en voyant son regard sur elle et détourna le sien, essayant un peu de se cacher avec son capuchon. De son côté, le militaire parla à son acolyte, lui faisant remarquer la présence de la jeune dame. Les deux hommes se sourirent avant que le blond se leva, charmeur, et alla vers sa « proie ».

« Bien le bonsoir jeune dame. Que vous amène-t-il dans cette taverne pleine de mâles ?

-J-je-... La rousse rougit, quels étaient les dires du militaire ?! Comment devait-elle interpréter cela ?!

-Même sous votre capuchon je peux observer vos rougeurs, savez-vous ? Cela vous rend encore plus attrayante~ Murmura-t-il à son oreille.

-Cessez !! S'exclama la reine en poussant un peu le militaire de ses petites forces, trop gênée par cette situation.

-Oh, pardonnez-moi si je vous gêne, la beauté de certaines femmes me fait des fois perdre toutes mes bonnes manières... » Sourit le vice-capitaine en ayant repris une distance convenable.

Le militaire continua son petit manège, auquel la reine répondit de plus en plus positivement. Le jeu de séduction et le charme naturel du blond lui faisaient oublier ses problèmes précédents. Ils rirent ensemble, jusqu'à ce que le vice-capitaine commença à toucher la peau douce et claire de la reine. Il caressa doucement sa main en montant sur son bras, où il vit une marque. Il s'enquit.

« Qu'est-ce ?...

-Oh ce... Ce n'est rien... Répondit la reine en cachant son bras, gênée que la marque soit vue.

-.... Suivez moi... »

Le vice-capitaine paya la boisson de la dame et les suivantes, et la prit délicatement par le poignet pour l'emmener chez lui.

« Ici nous pouvons discuter sans craintes que des oreilles nous surprennent. Expliquez-moi... »

La reine soupira et baissa un peu le regard, honteusement. Elle savait le vice-capitaine digne de confiance, et savait que si quelqu'un pourrait l'écouter comme il se doit, ce serait lui.

« Mon mari est violent... Il est très possessif, mais dans un mauvais sens... Il me possède comme un objet, et me traite comme tel.

-Vous montre t'il son amour pour vous ?

-Faudrait-il déjà qu'il en ait pour qu'il me le montre...

-... »

Le militaire ne savait que dire. Il décida alors de prendre les devants et de s'approcher de la reine. Il prit sa main avec une délicatesse insoupçonnée et l'embrassa d'une façon digne et plus qu'élégante. La rousse rougit face à son baiser. Le vice-capitaine rompit le baiser et leva les yeux vers elle et lui dit, avec une voix si douce que la douceur elle-même en serait jalouse :

« Laissez-moi vous aimer à sa place... »

Lettres au frontTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang