| Chapitre 4 |

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Les vibrations de mon cœur adoptent un tempo incertain, incapable de savoir s'il préfère s'isoler dans la peur que cette rumeur remonte jusqu'aux mauvaises oreilles ou la colère qu'un pauvre idiot vole ce nom mort il y a des années de cela pour jouer les apprentis héros. Si ce n'était que ça, si tout le monde en avait les capacités, les créatures de la Lune auraient d'ores et déjà été envahies par des contrefaçons suite à la disparition de leur soi-disant mantra, leur symbole. C'est tout bonnement une folie pure et dure, bien plus que ce clan de rebelles à deux sous qui distribuent de l'espoir comme si c'était de simples bonbons enrobés de chocolat.

Le secret de ces friandises ? Le milieu n'est pas fondant et doux mais mortellement acide et amer. Ils vont croquer dans une lame aiguisée aux petits soins et une jolie balle empoisonnée. Et à leur tour, ils baigneront dans le sang de leurs camarades tués par les Hayes. Je ne veux pas partir défaitiste pour eux mais aucun, j'en suis sûr, n'en ressortira vivant. Encore moins, Aila, la seconde dirigeante. Faire face aux chasseurs une fois, c'est une chose. Y faire face une deuxième fois ? Même en connaissance de cause, elle se tétanisera. Elle ne pourra que regarder la mort droit dans les yeux. On ne lui échappe pas deux fois.

Toute cette merde... ça n'a rien d'une cause noble. Cet imposteur, ce pauvre fou, qui joue et flirte avec le danger, ça ne l'est pas non plus. Ça n'a rien à voir avec la gloire de s'imposer dans le monde de la Nuit et de s'asseoir sur le trône abandonné par Apollyon. C'est un suicide organisé par deux cinglées, voire trois avec le rouquin. Et je ne les en empêcherai pas, elles seules peuvent décider de leur fin. En revanche, je ne laisserai pas faire l'homme qui revêt mon nom. Je refuse, quoi qu'il arrive, d'attirer l'attention de n'importe quel chasseur que ce soit. Si je dois le tuer pour me préserver, je le ferai sans aucune hésitation.

Si Apollyon a disparu du jour au lendemain, s'il a arrêté sa quête destructrice, ce n'est pas pour rien. Parce que si on ne peut échapper à la mort deux fois de suite, la troisième ne loupe personne. Et quand l'instinct de survie prend le dessus, quand il ne reste plus que lui face à la faucheuse, tout paraît dérisoire et sans importance que d'entendre son cœur battre, que de sentir sa poitrine insuffler de l'oxygène, que de vivre. Tout, absolument tout, prend un degré différent. Et une seule pensée bat à l'intérieur de l'être vengeur : « Je veux vivre ». Et rien d'autre.

Nonchalamment appuyé contre le bâtiment de l'autre côté de la rue du bar, je redresse le nez en voyant enfin le "nouveau" sortir du pub. Caché dans l'obscurité du lampadaire, je regarde les moutons s'en aller peu à peu de leur enclos et ne perds pas des yeux l'homme. Les mains enfouies dans les poches de ma veste, je me mets à le suivre à bonne distance.

Apollyon ne doit pas revenir.

Aucune flamme ne brûle en moi.

Le métamorphe extirpe de sa poche des clés de voiture et grimpe à l'intérieur d'une Clio après avoir salué les deux autres hommes qui l'accompagnaient. J'accorde une œillade aux alentours et saisis la poignée de la portière arrière avant de me glisser sur les sièges passagers.

La réaction de mon chauffeur ne se fait pas attendre. Prêt à râler, entre surprise et peur, il pivote dans ma direction et se fige une fois que nos regards se croisent. Devant cet échange visuel, il resserre son emprise autour de son trousseau.

- Vous...

- Démarre la voiture. Au moindre geste brusque, au moindre cri, je te tranche la gorge.

- ... Écoutez, j'ai une femme et trois merveilleux enfants. Je ne veux pas de problèmes.

- Démarre la voiture, je répète en détachant bien chaque syllabe.

Avec peine, il vient déglutir et acquiesce doucement. Il se détache de ma vision pour faire face à la route et entre difficilement les clés dans le compteur tant sa main tremble et n'arrive pas à se stabiliser.

Cœur Obscur [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant