Chapitre 58 : Être ou ne pas être

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Scribouille de début : Heeey !

Je vous avez promis du fluff et un chapitre plus chill, celui-ci réunit tout ce qui vous faut, hi hi !

Bonne lecture à vous !

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L'esprit toujours embrumé par le choc et l'horreur de la mort de Jean Lémens père, Cyan suivit son Etoile Compagne jusqu'au bureau d'Harfleur dans un état second, à peine conscient des couloirs qu'il traversait ou des escaliers qu'il remontait. Il ne ressentait même plus le froid dont la morsure, pourtant, lui rougissait les joues et piquait le bout de ses doigts. Il focalisait son attention uniquement sur ses jambes tremblantes, sur la nécessité d'avancer, pas après pas, sans céder à la faiblesse insidieuse qu'il sentait remonter le long de ses muscles et de ses genoux. Puis, après ce qui lui sembla une éternité d'efforts, il entendit enfin une porte s'ouvrir et une flamme crépiter non loin de lui.

Le bureau du bailli offrait une luminosité bienvenue, avec ses grandes fenêtres en ogives dénuées de rideaux, ses murs de pierres blanches et froides et son ameublement somme toute modeste. L'ensemble, austère et solennel, n'invitait d'ordinaire guère à s'y sentir à l'aise mais pour Cyan, dont la poitrine demeurait douloureusement comprimée depuis plusieurs minutes, l'immense pièce revêtait des allures de véritable refuge.

— Viens, lui intima Sa Prévenante Altesse avec douceur.

D'une légère pression sur le coude, elle le guida autant qu'elle le soutint jusqu'au fauteuil installé le plus près du feu, là où la chaleur formait un cocon douillet au creux duquel se lover. À bout de force, Cyan s'y laissa tomber bien plus qu'il ne s'y assit mais face au regard empli d'inquiétudes de son Etoile Compagne, il esquissa un pâle sourire, soucieux de la rassurer.

— Tu as l'air sur le point de t'effondrer, constata-t-elle malgré tout.

Du dos de la main, elle effleura sa joue d'une caresse affectueuse – et beaucoup trop brève au goût de Cyan – avant de chercher des yeux le petit buffet évoqué par le chevalier un peu plus tôt. Lorsqu'elle l'eut trouvé, elle n'hésita pas un instant à en sortir le service en verre précieux qu'Harfleur conservait là, service au milieu duquel trônait une carafe aux lignes épurées pour moitié remplie d'un liquide ambré et chatoyant. Le fameux Whisky.

Elle en versa un doigt dans l'un des verres prévus à cet effet puis le lui tendit avec un regard d'encouragement.

Cyan s'en saisit, la gorge nouée.

Il ne connaissait cet alcool que de réputation. Le secret autour de sa composition, allié à son temps de fermentation et au nombre restreint de fabricants capables de le produire, le rendait particulièrement onéreux et difficile à acquérir. De fait, un esclave tel que lui n'aurait jamais pu que rêver d'y goûter. Mais à présent que s'offrait à lui l'opportunité d'essayer, la houle de la nausée l'empêchait même d'en supporter l'odeur boisée. Il se contenta donc de serrer le verre entre ses doigts gelés, les lèvres pincées.

Près de lui, son Etoile Compagne inspira profondément, les traits tirés autant par la fatigue accumulées au cours des derniers jours que par les soucis engendrés par toute cette affaire. En vérité, elle paraissait si préoccupée que Cyan faillit lui tendre son remontant pour qu'elle le bût à sa place.

Finalement, il l'entendit murmurer :

— Je suis désolé que tu ais assisté à ça.

Cyan secoua la tête, les yeux baissés sur sa boisson aux nuances dansantes.

— Ne vous excusez pas, vous n'y êtes pour rien, soupira-t-il. Vous ne pouviez pas savoir ce qui allait arriver...

D'autant que ce n'était pas elle qui avait provoqué la mort de l'imprimeur. Mais lui. Lui qui l'avait forcé à parler, lui qui l'avait menacé jusqu'au bout malgré la peur évidente qu'il manifestait.

Etoile Noire - Tome  1 : Les Disparus de ResnaWhere stories live. Discover now