Chapitre 20

3.3K 166 31
                                    


Soyons honnête, je viens de réaliser le plus beau créneau de tous les temps pour déposer April devant chez elle. En une seule fois, sans monter sur le trottoir et sans « frôler » la voiture de derrière. Je crois que les félicitations s'imposent. Si je raconte ça a mon père, il ne me croira pas. Outre cette magnifique manœuvre a encrer dans la anales, le trajet s'est fait dans le silence. Pas un mutisme gêné ou gênant, plutôt l'inverse en fait.

Mais voilà, nous sommes arrivées à destination et je vois les mains de ma compagne de route illustrer son anxiété en triturant la lanière de son sac.

- Bon, dit-elle en regardant par la fenêtre. Nous sommes arrivées.

- Bien vu.

Elle se retourne vers moi, choquée.

- Comment peux-tu être aussi calme après ce qu'il vient de se passer ? J'en tremble encore, mon cœur bat toujours à mille à l'heure et toi tu me sors une « bien vu », comme ça, sereine.

Un sourire sincère se dessine sur mon visage.

- C'est-à-dire que j'en rêve depuis tellement longtemps que j'ai l'impression d'être défoncée. Comme après une grosse décharge d'adrénaline. Je plane.

April fronce les sourcils, méfiante.

- Et t'as conduit dans cet état là ? plaisante-t-elle. Je peux te poser une question ?

Je hoche la tête, toujours sur mon nuage aprilien.

- Depuis quand exactement ? Depuis quand tu ressens ces trucs toi ?

- Je pense que ce qui a " déclenché " un début de quelque chose c'est quand je t'ai vu danser pour la première fois.

J'arrive à la faire rougir et j'adore ça.

-Et toi ?

Son rougissement s'accentue et ça me chamboule encore plus que je ne l'aurais pensé.

- Le soir de l'orage, chez toi, quand on a fait la cabane et que tu t'es tordue de rire. C'était un éclat franc, de la joie à l'état pure qui explosait à la face du monde pour lui partager. J'ai trouvé que c'était la plus belle musique que je n'ai jamais entendue et je me suis surprise à penser : « j'aimerais la faire rire comme ça tous les jours ». Puis après j'ai lu un de tes textes et là... C'était fini. Je ne t'es plus jamais sorti de ma tête après ça.

C'est à mon tour d'être gênée. Plus émue que gênée d'ailleurs. Je n'aurais jamais pensé pouvoir provoquer ça chez quelqu'un un jour, surtout chez cette personne en particulier. April est la fille la plus intelligente que je connaisse. Elle a du caractère, des convictions, des arguments pour défendre son avis sur n'importe qu'elle sujet. Elle ne se laisse pas marcher dessus, elle n'écrase pas les autres non plus. Sans compter qu'elle est sans doute la plus belle créature que mes yeux ont eu la chance d'observer. Pour moi, c'est une grande dame qui force le respect. Alors comment moi, petit Brittany arrogante et prétentieuse, qui n'est qu'une façade derrière laquelle je déambule dans les couloirs du lycée, je peux provoquer ça en elle ?

- J'y crois pas, tu rougis ! s'exclame-t-elle amusée.

- C'est pas marrant ! C'est la première fois qu'un truc comme ça m'arrive, j'ai jamais ressenti ça pour personne. Tu es priée de me laisser m'habituer à être dans un couple avec des sentiments réciproques avant de te moquer.

Oh. Son visage change d'un coup, comme si elle avait vu un fantôme. Qu'est-ce que j'ai dit comme connerie ?

- On est en couple ? demande-t-elle.

- Ben... Si tu en à envie...

- Je n'y ai pas réfléchie... Je ne sais pas...

- De quoi tu as envie ?

J'attrape sa main pour lui montrer que je l'écoute et que je ne ferais jamais rien dont elle n'aurait pas envie. Bien que, j'avoue que si elle ne veut pas de moi, le retour sur terre va être douloureux. Elle fixe nos mains jointes, hésitante.

-Je veux... Je veux pouvoir t'embrasser à nouveau si j'en ai envie. Et je n'ai pas très envie que tu embrasses d'autres gens. Et j'aime bien qu'on puisse parler de nos sentiments librement comme ça. Je veux pouvoir être près de toi le plus souvent possible, et que tu me racontes ce qu'il s'est passé quand je n'étais pas là... Je veux...

Cette fois je ne retiens pas un bon vieil éclat de rire. Maintenant que je sais qu'elle aime ça, je ne vois pas pourquoi je me musellerais.

- April, il me semble que c'est la définition même d'un couple.

- C'est pas faux... On est un couple alors ?

Elle a posé la question avec un sourire de gamine enthousiaste qui me réchauffe le cœur.

- Oui, on est en couple.

- Alors... Je peux t'embrasser ?

- Quand tu en as envie.

Elle se penche au dessus du levier de vitesse pour venir poser ses lèvres sur les miennes. Je sens que je ne me lasserais jamais de cette sensation. Nous nous apprêtons à approfondir notre baiser quand je suis frappée par un élément de taille que j'avais complètement zapper. Je m'éloigne d'elle confuse.

- Pas exactement quand tu veux en faite.

A la seconde où je termine ma phrase, je la regrette aussitôt. Son visage s'est fermé, inquiet. Et ce n'est pas prêt de s'arranger.

- Je préférais que ça reste entre nous, rajoutais-je histoire de m'enfoncer.

- Pourquoi ? ça vient du fait que je sois une fille ou que je sois moi ? Lequel de ces deux éléments te fait le plus honte ?

Oulà, je l'ai énervée.

- Aucun des deux. C'est juste que, tu sais, pour être « populaire », j'ai fait un paquet de trucs pas cool dont je ne suis pas très fière. Sans compter qu'être en haut de l'échelle social dans un lycée, ce n'est pas très stable comme position. Il y a pas mal de gens qui voudraient m'en voir tomber. A l'heure actuelle, je suis inatteignable. Pacco ne me parle plus et personne ne s'en prendra jamais a Kelly. Mais s'ils découvrent pour toi... Je n'ai aucune envie que quelqu'un te fasse souffrir et encore moins dans le but de m'atteindre moi...

Le silence se fait un instant, elle semble peser le pour et le contre.

- Ça veut dire que tu vas sortir avec des mecs pour donner le change ?

- Certainement pas. Je serais en couple avec toi et personne d'autre. Je ne veux que toi April. Je m'en fout de ma réputation, je veux juste éviter que tu ne fasses parti des dommages collatéraux.

Une pause, encore.

- OK. Je veux bien être ton secret. D'autant plus que ça m'arrangerait de ne pas être sur le devant de la scène d'ici la fin de l'année.

- Marché conclu alors ?

- Marché conclu.

- Et du coup, si on en revenait à ce baiser ?

Avec un grand sourire, je vois April revenir avec fougue reprendre possession de mes lèvres.

Has llegado al final de las partes publicadas.

⏰ Última actualización: Jun 08, 2022 ⏰

¡Añade esta historia a tu biblioteca para recibir notificaciones sobre nuevas partes!

Rapprochement improbableDonde viven las historias. Descúbrelo ahora