Chapitre 6

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La journée des cours se finit plus tôt, pour cause ma pauvre prof de français était absente pour la plus grande joie des élèves. Sara et Théophile habitant  dans la même direction, ils partirent ensemble et je dus faire une partie du chemin du retour seule en me séparant d'eux. Je surpris même le regard noir que lança Vic à Théophile quand celui-ci se mit a rire avec Sara. Ne comprenant pas la situation et comme il était encore tôt, je me dirigeai vers un parc et m'assis sur une des balançoires. Je repensai aux événements de ce matin.

Nathan avait montré une facette de lui plutôt effrayante et avec tout ça je n'avais même pas eu le temps de lui rendre ses affaires. En me balançant, les souvenirs de l'époque où Sara et moi venions jouer dans un parc semblable à celui-ci dans mon ancienne ville, remontèrent. Après une heure et demie passée dans ce parc à regarder les enfants s'amuser et à profiter de l'air frais, j'entrepris de faire le chemin du retour.

Arrivée à la maison, je dis bonjour à tout le monde et montai directement dans ma chambre. J'allumai mon enceinte et mis une de mes chansons préférée. Mon regard se porta ensuite sur mon balcon, est-ce que je devrais quand même m'y rendre ? Tout se bousculait dans ma tête et j'étais fatiguée de tout ressasser. J'enfonçai ma tête dans mon oreiller pour mieux réfléchir. Pourquoi Nathan était-il mon voisin ? Pourquoi avais-je choisi cette chambre ? Qui était l'architecte qui avait décidé que nos balcons seraient pratiquement collés ? Et surtout, pourquoi Nathan avait-il eu ce comportement étrange ? Tellement de questions dont seul le destin connaissait la réponse ! Je décidai de faire mes devoirs et d'aviser après pour Nathan. En sortant mes affaires du sac, je tombai nez à nez avec son cahier et son t-shirt ! Son but dans la vie était-il de me hanter à jamais ? Je grognai et sortis avec rage ses affaires de mon sac. À quoi bon repousser ce rendez-vous ? Nathan sera toujours là avec son sourire arrogant. Ses affaires sous le bras, je sortis sur le balcon. Il n'y était pas.

J'attendais depuis un quart d'heure et toujours pas de signe de vie du cafard. Ayant une perspective d'avenir plus convenable que celle d'attendre que monsieur daigne bien sortir, j'entrepris d'aller sur son balcon. Je voulais lui poser ses affaires devant sa fenêtre, comme ça, on ne pourra pas dire que je ne lui ai pas rendu. Ce n'était pas si difficile, il suffisait d'enjamber le petit muret qui les séparait. Mais moi comme une idiote, au lieu de regarder droit devant et de passer le muret, je préférais réfléchir au taux de pourcentage de mort si je tombais de cette hauteur. Résultat de l'expert ? 100% de chance de décéder.
C'est agréable d'être paranoïaque ! On a toujours l'impression que quelqu'un ou quelque chose veut sa mort. Et à cet instant c'était le muret en partenariat avec le caillou qui se trouvait de l'autre côté du muret. J'étais persuadée que si j'essayais de passer le muret, si toutefois il ne me faisait pas trébucher, le caillou lui, s'en chargerait.

J'étais en train de me monter la tête contre un mur et un rocher. C'était du grand délire ! Alors que j'essayais de me persuader que mon seul ennemi pour l'instant était mon propre esprit, la fenêtre de Nathan s'ouvrit. Il en sortit, me remarqua et fronça les sourcils. Il ne voulait visiblement pas tomber sur moi. Je l'avais blessé en disant cette phrase.

- Qu'est ce que tu fais là ? me demanda-t-il, me faisant comprendre qu'il m'en voulait.

Il avait perdu son sourire enfantin et sa bonne humeur. Il avait visiblement aussi oublié notre rendez-vous. Tant mieux quelque part, je ne voulais pas parler d'avantage avec lui.

- Je dois te rendre tes affaires, repondis-je en lui tendant son cahier et son t-shirt.

Il semblait surpris que je sois si aimable et plissa les yeux pour scruter chaque partie de mon visage. Voyant que je ne lui voulais aucun mal, il s'approcha du muret. Il semblait se rendre compte de ma tentative pour m'éloigner le plus possible du balcon. Un sourire carnassier apparut sur son visage.

- C'est moi qui te fais peur ?

Je secouai négativement la tête.

- Les hauteurs ?

Je ne répondis pas. Il comprit et s'en amusa. Il recula de quelques pas loin du muret.

- Oh quel dommage Tessa, il va falloir que tu traverses pour me rendre mes affaires.

Quoi non ! Le salopard ! Oh et puis zut pourquoi faudrait-il que je lui rende en main propre ? Je pouvais très bien lui lancer.

- Et ne t'avise même pas de me les lancer ! Je te rappelle que j'ai toujours tes écouteurs, dit-il en me menaçant.

Je marmonnai. Je déteste les gens qui lisent en moi comme dans un livre ouvert.

- Allez dépêche toi ma petite Tess !

- Ne m'appelle pas Tess, sinon tu vas le regretter.

Il lâcha un petite rire narquois.

- Alors viens me le faire payer, Tess.

C'était désormais officiel, je le haïssais ! Je passai ma jambe par dessus le muret, en m'obligeant à le regarder dans les yeux pour puiser ma force dans la colère. J'entrepris de passer mon autre jambe de l'autre côté. Je réussis, mais au moment de poser mon pied, je me rappelai de la deuxième menace. L'espèce de gros caillou qui obstruait le chemin. J'étais tellement concentrer sur le muret que j'en avais oublié le caillou. En posant mon pied dessus, je me sentis glisser et déraper. Je vacillai et je crus tomber en arrière. Par réflexe, je fermai les yeux et me préparai à accueillir la mort. Mais elle ne vint pas. En ouvrant les yeux, je vis d'incroyables yeux noisettes qui me fixaient. Nathan avait dû se jeter sur moi. Je ne savais pas que les yeux avaient des bras mais en tout cas, deux bras m'attrapèrent au dernier moment et me serrèrent contre un torse musclé. Je ne me rendais plus compte de ce qu'il se passait. Tout ce que je savais, c'est que je pleurais. La peur avait pris le contrôle. Tout s'était passé si vite et le flot d'émotion qui n'avait pas pu sortir s'extériorisait à présent avec ces larmes. C'est comme si tu attends le bus mais qu'une fois qu'il arrive devant toi, les portes s'ouvrent puis se ferment immédiatement, il redémarre, écrase une petite vieille, percute une météorite et un T-rex vient le manger. Mais toi tu t'en fous. Tu te dis seulement : je prendrai le prochain.

C'était ça. Serré contre ce torse, je ne pensais pas aux événements qui venaient de se passer et me concentrais pour arrêter le flot de larmes. Avec toutes ces émotions, j'en oubliai qui me tenait dans ses bras et à qui était le t-shirt dans lequel je me mouchai, mais il était drôlement tolérant. Personnellement quelqu'un, même s'il était sur le point de mourir, n'aurait aucun droit de me saloper un t-shirt comme ça.

- Merci.

J'avais lâché ça, mais je ne savais pas pourquoi. Sûrement pour qu'on me laisse pleurer en paix.

- Je n'aurais pas dû te forcer, désolé, me sussura une voix que je reconnus tout de suite.

Nathan ? C'est Nathan qui me serrait dans ses bras ?
Mais lequel exactement ? Celui qui terrifiait tout le monde ? Ou celui au sourire de gamin qui aimait faire des blagues un peu débiles ? Je crois qu'en fait c'est un nouveau Nathan. Et je crois que c'était mon préféré.

Le garçon d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant