Chapitre 8 : Maëlle

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Maëlle était amoureuse.

Depuis la soirée chez Charlie, il y a toute juste une semaine, Léo hantait ses pensées. C'était simple, c'était tout bonnement le premier garçon qui s'intéressait à elle depuis... Depuis Kosta. Léo était beau, drôle, et surtout, irrésistiblement inaccessible. C'était surtout ce dernier détail qui, pour une mystérieuse raison, passionnait Maëlle. Elle adorait le fait de savoir qu'elle ne l'aurait probablement jamais. Elle n'arrivait pas encore à comprendre pourquoi, mais c'était comme ça. Pourtant, cela ne faisait qu'une semaine qu'il était entré dans sa vie.

Au lycée, ils se parlaient régulièrement, puisque les trois L et les amis de Léo appartenaient au même groupe d'amis. Raison de plus pour Maëlle de fréquenter les trois L, même si cela revenait à délaisser Kosta. Léo semblait s'intéresser à elle un jour sur deux : le lundi, il la dévorait des yeux et la taquinait, et le mardi, il l'ignorait royalement. Cette ambivalence intriguait Maëlle et ne lui donnait qu'encore plus envie de le découvrir.

Un jour, peut-être, elle comprendrait pourquoi cette inaccessibilité la fascinait tant.

Ce vendredi, Léo n'était pas dans un bon jour. Maëlle le pressentit alors qu'il s'avançait pour rejoindre le groupe. Il avait des écouteurs vissés sur les oreilles et avait gardé sa capuche. Il passa à côté de la bande sans leur adresser le moindre regard, alors que Maëlle ne le quittait pas des yeux.
Laurène, la fille avec laquelle elle s'entendait le mieux, surprit son regard dépité et lui lança :

« Fais pas cette tête. Faut pas s'attendre à grand chose, avec Léo. »

Maëlle se retint de protester et se contenta d'adresser un sourire contrit à Laurène. Sourire, sourire. Depuis qu'elle traînait avec ce groupe, elle avait développé des talents d'actrice. Dans l'espoir d'être acceptée, elle avait prit l'habitude de faire semblant d'adorer tout le monde et de rigoler aux blagues les plus nulles. Ces nouvelles relations, en réalité, lui pompaient toute son énergie. Cela ne faisait qu'une semaine et elle rentrait tous les soirs chez elle éreintée, sa batterie sociale totalement usée. Parfois, sa relation exclusive avec Kosta lui manquait. Avec lui, elle n'avait pas besoin de faire semblant, elle ne craignait pas son rejet ; elle était tout simplement elle-même. Pourtant... Elle ne pouvait pas se résoudre à baisser les bras. Elle devait goûter à la vie, loin de Kosta. Elle n'avait pas beaucoup de temps.

Alors que ces pensées traversaient son esprit, elle aperçut Kosta, assis tout seul sur un banc. Il était en train de lire un livre. Maëlle ressentit un pincement au cœur. Il ne s'était pas fait de nouveaux amis. Il était seul, et elle s'en sentait responsable.

« Je vais voir Kosta, je reviens, lança t-elle à ses nouveaux amis. »

Ils acquiescèrent, avec un certain dédain dans les yeux. Maëlle tressaillit et se leva pour rejoindre Kosta en tentant d'ignorer leurs regards lourds. Kosta la vit arriver de loin mais il baissa ostensiblement la tête en l'ignorant. Gênée, Maëlle s'assit à côté de lui.

« Salut. »

Kosta leva la tête et la toisa d'un air nonchalant. Maëlle serra les poings, crispée. Elle détestait quand il avait ce regard, faussement détaché alors qu'elle le sentait bouillonner de loin. Elle le connaissait par cœur.

« Tu lis quoi ? lança t-elle, presque d'une voix implorante.
- Ça t'intéresse ?
- Oh, Kosta, tu peux arrêter de bouder cinq minutes ? On s'est quasiment pas vus pendant une semaine. J'ai envie de te parler, normal quoi.
- Bah, tu m'as ignoré tout l'été, j'ai pris l'habitude. »

Allez, prends ça. Maëlle sentit qu'elle allait en prendre pour son grade, mais autant qu'il vide son sac maintenant. C'était quand même étonnant, car il n'osait jamais la contredire. Ou peut-être qu'elle n'était juste jamais allée contre son sens, et qu'elle découvrait une nouvelle facette de lui. Maelle ne savait pas vraiment qui avait le lead dans leur relation.

La vie est belleTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon