Chapitre 11 : Charlie

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Charlie était un aimant à amour. C'était simple, tout le monde l'adorait. Elle était gentille, drôle, emphatique, à l'écoute, ouverte d'esprit. Alors, oui, il arrivait souvent que ses ami.e.s finissent par tomber amoureux d'elle. Elle n'y pouvait rien, mais cela avait le don de détruire ses relations.

Elle ne pouvait s'empêcher de se remémorer le baiser d'Anastasia. Débordant de spontanéité et de franchise. Si Anastasia avait mis ça sur le compte de l'alcool, Charlie doutait de la véracité de ses propos. Étant elle-même quelqu'un de passionné, elle savait reconnaître ce sentiment chez quelqu'un. Il n'y avait rien de hasardeux dans le baiser d'Anastasia. Surtout que depuis, elle l'évitait.

Au moment où Anastasia avait posé ses lèvres sur les siennes, Charlie, à son grand malheur, avait su où leur relation allait mener.

Elle était douée pour flirter avec les autres mais dès que la relation prenait une tournure sérieuse, elle fuyait. Typiquement, elle se rappelait toutes ces fois où elle aussi, elle avait regardé les lèvres d'Anastasia avec attirance. Toutes ces fois où elle avait ressenti des papillons dans le ventre en la regardant, sans savoir à quoi c'était lié. Et pourtant, dès que son attirance s'était concrétisée et était devenue réciproque, elle avait eu envie de fuir.

Elle ne voulait pas s'engager dans une relation trop envahissante. Elle n'était même pas sûre d'être prête à s'engager dans une relation tout court. Elle aimait rêver d'amour, lire des romans à l'eau de rose, mais dès que l'occasion se présentait à elle, elle paniquait. Elle mettait ça sur le fait qu'elle aimait être un électron libre, qui ne dépendait de rien ni de personne, mais elle se doutait qu'il y avait quelque chose de plus profond derrière ça.

Or, Anastasia n'était pas ce genre de filles. Charlie ressentait son profond besoin d'être aimée. Et elle craignait que cela n'entache leur relation.

Anastasia faisait d'ailleurs son entrée en classe. Elle avait toujours l'air impeccable, avec sa tenue et son maquillage joliment assortis. Son visage était fermé et ne laissait échapper aucune émotion. Charlie voulut esquisser un sourire mais Anastasia évitait ostensiblement son regard. Charlie baissa les yeux.

L'arrivée de son voisin de classe, Léo, la tira de sa torpeur. Avec une fausse nonchalance qui lui était propre, il s'assit à côté d'elle et lui adressa un petit sourire. Charlie sentit son cœur accélérer les battements. Léo dégageait quelque chose d'inaccessible et de torturé auquel elle n'était pas insensible. Elle s'en voulut de ressentir ça alors que quelques secondes auparavant, son esprit était occupé par Anastasia.

« Ça va ? s'enquit-elle.
- On est en maths. Je ne vois pas comment ça pourrait aller ! En plus, je suis à côté de toi, ajouta t-il en lui donnant une petite tape sur l'épaule. Si tu n'étais pas là, j'arriverai sans doute mieux à me concentrer. »

Sa taquinerie ne laissa pas Charlie indifférente. Mais personne ne manie mieux que moi le sarcasme.

« Toutes mes condoléances. Tu sais, je peux m'en aller et te laisser seul galérer a faire tes exercices, je ne voudrais pas entraver ton futur brillant de mathématicien.
- Oh non, je m'ennuierai trop. »

Léo avait répondu sur un ton sérieux. Il m'apprécie. Ce constat ravit Charlie. Depuis le début de l'année, sa relation avec Léo était bizarre. Elle était étrangement attirée par ce personnage, et leurs échanges oscillaient entre rigolades en cours et ignorance à l'extérieur. Je vais tenter d'y remédier. Anastasia était déjà loin dans son esprit...

« Léo ! s'extasia une voix nasillarde. »

Charlie releva la tête et constata que Maëlle s'était avancée vers Léo d'un pas sûr et déterminé. Alors qu'elle se demandait ce qu'elle comptait faire, Maëlle saisit le visage de Léo et l'embrassa. Charlie ne put retenir une grimace.

La vie est belleWhere stories live. Discover now