Chapitre 1: Tout et rien

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24 août 1998, Maïmouna

Je venais de terminer ma soutenance de mémoire de fin d'étude, alhamdoulillah.

J'ai cru que j'allais m'évanouir à cause de cette chaleur étouffante. Il faut croire que tous ces ventilateurs fixés sur le plafond de cet amphithéâtre de l'université Cheikh Anta Diop n'étaient d'aucune utilité.

Après avoir parlé pendant tout ce temps, la soif avait raison de moi et disons que j'ai aussi un petit creux, je n'ai rien mangé de toute la journée. J'avoue que j'étais un peu stressée, pas parce que je doutais de mon travail, mais que je ne devais pas me permettre de faire la moindre erreur.

J'étais en train d'ingurgiter un plat de poulet braisé, le meilleur de tous les temps, quand je reçois une tape sur mon popotin, avalant de travers ce que j'avais en bouche.

- Oh ! Désolée. Tiens bois ça. Me dit Sala, en me tendant une bouteille à moitié vide, d'une main et de l'autre, me caressait le dos.

- Ma parole, tu es folle. Tu veux me tuer ou quoi. Lui crachais-je, entre des toussotements

Les yeux larmoyants, je me tourne pour faire face à ma meilleure amie, qui me gratifie de son plus beau sourire.

- Tu es bête ou tu veux simplement ma mort. Je jure que depuis que tu es mariée, on dirait que tu as perdu tes capacités mentales.

- Jalouse va. Je voulais simplement te féliciter, je ne savais pas que tu allais t'étouffer avec ta nourriture, drama queen.

- Et comment crois-tu que je réagirais après avoir reçu une tape aux fesses

- Tu sais que je suis la seule connasse à avoir l'audace de taper ton arrière-train

- Imbécile, tu te crois tout permis depuis que tu es enceinte, mais walahi je ne perds pas patience, j'attends juste que tu donnes naissance, tu sauras que la roue tourne.

- Tu parles trop, oh ! Laisse-moi voir notre diplôme, disait-elle, en sautillant sur place, comme un enfant, les yeux remplis d'étoiles. Je suis si fière de toi, tu viens de réaliser notre rêve, tu l'as eu, tu l'as eu. Maintenant, il te faut postuler dans les plus grandes entreprises du pays, je suis sûre que les recruteurs vont s'entretuer pour avoir le meilleur contrôleur de gestion de tout l'univers ou mieux encore, on pourrait créer notre propre cabinet et se faire un maximum de fric, j'ai tellement hâte. Imagine un peu...

- Sala, Sala, Sala. Calme-toi, respire. Voilà. Respire

- Je suis tellement heureuse

- Je vois cela, mais tu t'excites trop, au risque de déclencher un accouchement prématuré.

- Je m'en balance. Qu'il ou elle vienne au monde, là, maintenant, ça rendra l'occasion encore plus exceptionnelle, arriver le jour où ses deux mamans ont obtenu leur diplôme, quel bonheur.

Je la regardais incrédule, cette fille est vraiment folle, je me demande comment elle a pu devenir ma meilleure amie.

- Pardon Madame Ann, de quelles deux mamans parles-tu ? Je ne me rappelle pas t'avoir vu soutenir dans cette salle, alors quand as-tu eu ton diplôme

- Pff tu sais bien que toi et moi, ne formons qu'une seule et unique personne, alors tout ce qui est à toi est à moi laisse-moi y jeter un coup d'œil, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait. Elle essaie de me le prendre, mais je lui tape la main. Aie ! Laisse-moi voir notre diplôme, sale rabat-joie.

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