Interlogue : Rancunes

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Ove dévisagea Raven. Ce dernier était arrivé sans crier gare et le Suédois sortait tout juste de la douche, une serviette nouée autour de la taille.

— Ah, salut, Ravy. Je croyais que c'était une belle meuf, plaisanta-t-il avec un demi-sourire. Domma...

La gifle que le Russe lui donna le fit trébucher. Le Scandinave avait un tempérament plus calme que son attitude le laissait croire, mais il était néanmoins déconseillé de le frapper. Ove se frotta la joue et fit un pas en avant vers son cadet, menaçant.

— La seule raison pour laquelle je t'ai pas encore assommé, c'est que j't'aime bien, grogna le Viking.

Les pommettes de Raven rosirent. Il resta le menton levé, face à celui qu'il venait de gifler, sans broncher. Ove surpassait largement son jeune ami en taille, en force et en carrure, mais le petit brun n'avait pas bougé d'un cil.

— Tout est de ta faute, murmura le Russe en plissant les yeux.

Les lèvres pincées, le Suédois banda ses muscles. Il avait du mal à ne pas rendre le coup qu'il avait reçu.

— Tu t'expliques ? gronda-t-il.

— Tout est de ta faute, répéta Raven en serrant les poings. Je l'ai perdue, à cause de toi !

Il foudroya Ove du regard et ce dernier ne put s'empêcher de reculer d'un pas. Il lisait de la fureur dans les yeux noirs de son ami.

— Qu'est-ce que...

— Tu devais la protéger ! Tu aurais dû le dire à Sawyer ! Tu n'aurais pas dû laisser Jin l'entraîner là-dedans !

Chaque phrase était comme un coup de fouet pour le Scandinave. Les narines palpitantes, les mâchoires blanches, le Russe leva un index vers Ove.

— Tu es responsable de ce qui arrive !

Il prit plusieurs grandes inspirations et leva le poing.

— Tout est de ta faute !

Il frappa le torse du Viking sans y mettre de force et fondit en larmes. Son aîné se mordit les lèvres et lui saisit les poignets.

— Viens, entre, sinon les voisins vont encore s'poser des questions... marmonna-t-il en entraînant le jeune homme dans son appartement.

Inquiet, il ne prit pas le temps de passer des vêtements et ne fit que renouer correctement la serviette autour de ses hanches. Les deux amis s'assirent sur le sofa tout neuf que Jo avait offert au Suédois et Vodka, ravie de voir Raven, bondit sur les genoux du Russe et se mit à ronronner.

— Ravy, écoute, je suis pas content du tout de ce que j'ai fait et des conséquences de mes décisions, mais faut que tu comprennes qu'il y avait la petite.

— Cette... Mei ? Mais c'est l'Escortée qui importe ! se récria le Russe.

— Je sais pas quoi t'dire, Raven. J'suis désolé, je suis sincèrement désolé...

— C'était la mienne, murmura le jeune brun en caressant Vodka. Tu me l'as volée.

— Que... quoi ? balbutia Ove. Qu'est-ce que...

— J'ai eu tellement mal quand tu as coupé mon lien avec elle, Ove. Je t'en veux... je t'en veux tellement, soupira-t-il dans un sanglot. C'est moi qui me suis occupé d'elle quand elle est née. C'est moi qui... c'est mon Escortée.

Il frissonna et s'essuya les joues.

— Jo m'a dit de ne pas venir te voir, que tu avais été suffisamment gourmandé par Sawyer. Mais Ove... et si elle ne voulait plus me parler, à moi ? Et si elle ne me supportait qu'à cause de ce lien que tu as brisé ? Si j'avais une infime chance qu'elle m'aime bien, qu'elle me considère comme... comme un membre de sa... eh bien tu... tu as... si tu as cassé ça...

Le ton de Raven fut si douloureux que le Suédois se sentit pétri de remords. Plus encore que lorsqu'il avait dû sauver la vie de l'Escortée, aux dépends de ce lien qui l'unissait aux autres Proscrits.

— Je sais, Raven. Je croyais juste que... Mei c'est une gamine en or, tu vois. Je croyais que Jin... que Jin rattrapait ses erreurs, tu comprends ? On fait tous des erreurs et Mei, c'était un peu... c'est un peu comme la chance qu'a Jin de se racheter.

Raven ricana amèrement.

— Sawyer dit que c'était juste pour vous donner bonne conscience, à Jin et à toi.

Il prit conscience de la cruauté de ses propos au moment où ils franchirent ses lèvres, mais il ne put pas revenir en arrière. À son tour, il était allé trop loin et il le savait. Il chatouilla machinalement Vodka, mais la petite chatte interrompit son jeu et rejoignit Ove pour aller se blottir contre son ventre. Le Russe osa relever la tête et vit des larmes tomber des yeux du Suédois. Raven, frappé à son tour par une vague de remords, voulut s'excuser, mais le Suédois renifla :

— Je suis désolé... Je sais qu'ça change rien... qu'ça changera jamais rien... Mais j'suis désolé...

*

Désolée pour le retard de publi : déjà bonne nouvelle, j'ai enfin envoyé le tome 5 à corriger à ma désespérée bêta-lectrice (que j'adore). J'ai eu du mal à me reconnecter ces derniers temps en raison des soucis de santé (booon, okay, je me suis effondrée, là, vous savez pourquoi j'étais trop crevée pour me connecter). Je suis bien entourée, ce qui est une chance infinie.

Et vous comptez pour beaucoup dans ce soutien que je reçois.

Merci encore.

Sea

(Le prochain chapitre sera plus marrant !!!)

L'Escorte 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant