Interlogue : Tout prendra fin

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Saburo avala rapidement l'un de ces petits gâteaux à la cannelle. Cette fille avait raison : c'était délicieux. Le Japonais songea brièvement à son pays. Sans surprise, Stockholm lui rappelait un peu Sweden Hills, ce village nippon qui mettait un point d'honneur à imiter la Suède. Sweden Hills n'était pas très loin au nord de Sapporo : le tueur à gages nota mentalement qu'il pourrait s'établir à Hokkaidô, ou du moins y acheter un petit pied-à-terre, histoire de pouvoir profiter des pâtisseries suédoises.

Le Japonais jeta un rapide coup d'œil à la fille. Elle était à deux mètres de lui. Il aurait pu lui casser les cervicales sans que son grand chien de garde blanc puisse faire quoi que ce soit. Avec cette foule, Saburo pouvait disparaître en quelques minutes. La fille éclatait de rire à chaque plaisanterie du grand type qui lui servait de garde du corps. Ils se chamaillaient beaucoup, mais ils étaient à l'évidence très amis. Voire plus, songea Saburo en se rapprochant encore de la fille qui venait de recevoir une petite tape derrière la tête.

Ce serait la dernière fois, songea le Japonais. La toute dernière. Malgré tout le sang. Tout ce sang versé. Pour rien.

Les mains du tueur à gages tremblèrent. La fille bouscula un peu le grand Blanc qui lui saisit les épaules pour lui frotter le dessus du crâne avec vigueur. Elle protesta, se débattit mollement et finit par rire en se défaisant de l'emprise de son ami. Elle était insouciante. Elle ne savait pas encore qu'elle mourrait bientôt. Son sort avait d'ailleurs tenu à un fil : Bai avait donné l'ordre de la tuer à regret, du moins c'est ce que Saburo avait cru ressentir. L'autre Blanc, un Italien bizarre, avait aussi demandé à ce qu'elle ne soit pas assassinée. Mais une femme, une Arabe ou quelque chose comme ça, était venue et avait demandé l'exécution. Bai avait accepté. Saburo n'avait qu'à obéir. Il était payé pour ça.

Même si toutes les fibres de son corps hurlaient qu'elles ne voulaient pas qu'il tue.

La fille était très jeune. Elle avait un caractère d'adulte, mais encore des réactions d'enfant. Même son visage avait tout gardé de l'enfance. Les traits doux, le sourire facile, le regard malicieux. Tout ça allait prendre fin.

Ce soir.

Non, ce n'était pas une façon de repousser l'échéance. Saburo préférait faire ça discrètement.

Ce soir, lorsque ces deux jeunes imbéciles rentreraient – sans doute ivres – de la soirée que le Blanc avait planifiée avec d'anciens camarades de faculté, le Japonais les attendrait sagement dans leur chambre d'hôtel miteuse.

Ce soir, tout prendrait fin.

*

Alors ???? Que pensez-vous de ce personnage ?

Merci de suivre :-)

Bisous

Sea

L'Escorte 2Where stories live. Discover now