Interlogue : Monopoly

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Raven lança un regard haineux à Sawyer.

— Raven ?

— Tout va bien, Jonah.

— Tu r'gardes Saw comme si tu voulais lui planter une fourchette dans l'œil ! ricana Ove.

—J'avais déjà l'Avenue de Breteuil et le Boulevard des Capucines. Il a fait exprès de tomber sur l'Avenue Foch pour que je ne puisse pas gagner, siffla le jeune Russe en pianotant nerveusement sur la table.

— Raven, ne fais pas l'enfant.

— Je ne fais pas l'enfant, je constate juste que j'allais bâtir un empire immobilier et que Sawyer, comme d'habitude, brise les plans et les espoirs de tout le monde.

Les autres Proscrits s'amusaient de voir leur benjamin enrager à cause du coup de chance de leur aîné, mais cette réflexion amena un froid glacial dans le salon où Nuka avait organisé le dîner. L'Irlandais soupira profondément et posa la carte au liseré vert devant lui.

— Raven, nous avons déjà discuté.

— Qui te dit que, cette fois, Oliver ne va pas attendre...

— Il y a une règle, Raven, déclara Jonah. Oliver lui-même l'a enseignée à Sawyer, tu le sais. Pendant ces six jours, il y a une trêve. Après ces six jours, elle nous oubliera totalement et sera mise hors de tout danger.

— Nous devrons attendre une nouvelle Escortée, soupira Nuka. Rien de nouveau sous le soleil. Tu peux envoyer les crackers, Jonah ?

— Mais avec plaisir. Raven, je croyais que nous en avions déjà parlé et que tu avais compris que nous faisions cela dans son intérêt.

Le Russe coula à Sawyer un regard rempli de rancœur, ce que son aîné ignora. Boyd demanda à Raven s'il n'était pas trop dégoûté d'avoir perdu les « rues vertes », ce qui entraîna un conflit diplomatique à même de faire oublier la précédente dispute.

Les Proscrits, en réalité, se surveillaient. Ces Six Jours, qui leur permettaient de couper tous les ponts avec l'Escortée, pouvaient être éprouvants, et il ne fallait pas que l'un d'eux craque. Ils avaient donc élu domicile chez Nuka, tuant le temps comme ils le pouvaient.

Le soir même, Raven et Ove étaient de corvée vaisselle. Le silence était presque complet dans la maison, seuls le troublaient le ruissellement de l'eau dans l'évier et le tintement des assiettes contre les couverts. Le Suédois finit par demander à voix basse, sans relever la tête :

— Pas de nouvelles ?

— Pas la moindre, fit Raven.

— Tu lui avais dit, non ?

Le Russe ne répondit rien mais hocha lentement la tête, essuyant avec soin les assiettes.

— Peut-être qu'elle s'en fout, allégua Ove en haussant les épaules.

Il y eut un long silence. Il ne restait plus que quarante-huit heures avant que l'Escortée les oublie complètement.

— Peut-être, finit par lâcher Raven en haussant une épaule.

— Non ! Ben non, elle s'en fout pas ! s'exclama soudain le Suédois en projetant des gouttelettes d'eau tout autour de lui. Là, t'étais censé dire qu'elle s'en foutait pas !

— Peut-être qu'elle nous cherche, c'est vrai, admit le plus jeune. Ça lui ressemble, malgré ce que Sawyer a pu lui dire. Mais de là à ce qu'elle nous trouve, c'est une autre histoire.  

L'Escorte 2Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang