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𝐩𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐯𝐮𝐞 𝐢𝐧𝐜𝐨𝐧𝐧𝐮



On était tous assis à l'arrière, sauf Neil qui voulait nous impressionner, mais surtout prouver à son père qu'il était bien plus grand que son frère. Entre eux, il y a toujours eu de la concurrence. Célian ne s'intéressait pas à cela, alors que mon meilleur ami voulait constamment paraitre meilleur. Pourtant, c'est cette partie-là de sa personnalité qui m'a directement plu, même si normalement ça me dégoute. Avec moi, il a su la faire passer au second plan pour me montrer la meilleure version de lui-même.

Peut-être que sans vraiment me l'admettre, ce n'est pas que de l'amitié que je ressens pour lui, mais bel et bien de l'amour. Ce sentiment que je n'ose pleinement ressentir de peur qu'il me fasse plus de mal que de bien. On s'est connus à l'âge de quatre ans, comme avec Kelly. Notre groupe s'est formé à ce moment-là. À tous les quatre, on combattait tout ce qui nous arrivait. Mais l'affinité que je donne à Neil est bien différente que celle que j'éprouve pour son jumeau. Pour Kelly, c'est totalement différent. Je ne saurai pas vraiment dire ce qui les différencie tous les deux, mais mon cœur le sait parfaitement.

Sans eux, je sais très bien que je ne tiendrais pas.

Sans Neil, je ne sais pas comment je ferai.

Entre ma meilleure amie et mon ami, je chante à en perdre ma voix la chanson qui passe à l'instant à la radio. Tous, rigolent alors que je me fous un peu de ce qu'ils peuvent penser. Les paroles sont belles, malgré le fait qu'elles ne soient pas dans ma langue natale mais celle d'adoption. Les origines anglo-saxonnes de ma mère et mes cours d'anglais me servent de temps en temps. Ce moment en est la confirmation.

Il fait nuit, le soleil s'est couché il y a quelques minutes. On est en route pour retourner chez nous après cette journée passée à Bordeaux. Célian passe son bras derrière mon cou et je pose ma tête sur son épaule. En cœur, nous finissons cette chanson entre les rires de nos deux amis. Michael, le père des jumeaux baisse le son sous les protestations de Neil qui se plaint d'un mal de crâne. Après ça, plus personne ne parle.

Le silence est de courte durée, car Kelly qui ne peut pas se taire plus de deux minutes, commence à nous lancer sur l'un de ses sujets préfères : l'art.

—        Sérieusement, comment vous pouvez me regarder droit dans les yeux et me dire que pour vous, l'art n'est que musique et peinture ? Il y a de l'art partout où nous nous trouvons. Un coquillage contient sa part d'art, et parlons de la mer ! Vous qui y passez la plus part de votre temps...

—        Personne ne dit cela, la coupe Célian alors que je ne l'écoute même pas. Tu as tout à fait raison, mais les arts les plus connus sont de loin ceux que tu as cités. Tout est beau, tout est artistique.

Au moment où il souhaite continuer, au détour d'un rond-point, les phares d'une voiture nous éblouissent. Michael n'a pas le temps de se décaler, que l'impact nous heurte à plein fouet. Tous crient. Ma respiration se coupe. Mon front entre en collision avec l'accoudoir en même temps que les deux pare-chocs. Je ne sens plus rien, ma ceinture ne me retient pas et me scie la peau. La main de Célian tape mon crâne et j'entends son craquement.

La voiture se renverse, avant d'atterrir sur le toit sous la puissance du choc. Mes yeux se ferment et mon esprit se coupe. Une partie de moi aimerait pouvoir rester consciente, pour savoir ce qu'il se passe sauf que je n'y arrive pas. Alors j'essaie d'ouvrir les yeux, j'essaie mais tout est trop dur, tout parait plus dur. Respirer est difficile, vivre est impossible. 

Puis plus rien.

Let Somebody Go T.1Where stories live. Discover now